La police de Moscou affirme que les forces de l’ordre n’avaient pas d’autre choix que d’opposer une résistance à la foule devenue incontrôlable. Lors des affrontements entre la police et les militants sur la place Bolotnaïa, plusieurs policiers ont été blessés. Les victimes souffrent non seulement de contusions, mais aussi des blessures causées par des objets tranchants. L’une des victimes a été touchée au visage par le gaz poivre. Dans une interview à la radio la Voix de la Russie la porte-parole de la Direction des affaires intérieures de Moscou Elena Alekseeva a exprimé sa certitude que la police n'a pas outrepassé son pouvoir et a agi uniquement pour préserver l'ordre, que voulaient troubler les manifestants.
« L'événement sur la place Bolotnaïa a été fixé par les autorités pour une participation de 5 000 personnes. Les organisateurs dépassés le nombre de participants qui était prévu. En outre, ils ont commencé à organiser des provocations et à appeler la foule à frapper les policiers, pour essayer d’accéder à la place Manejnaïa. Au moment, où la tête de la colonne est arrivée jusqu’au dernier virage devant la place Bolontaïa, où devait commencer le meeting, les organisateurs du mouvement se sont arrêtés en bloquant le mouvement de la colonne. La police leur a demandé à plusieurs reprises de poursuivre la marche et a essayé de prendre toutes les mesures possibles pour que les gens puissent accéder au lieu de déroulement du meeting ».
Les actions des policiers envers les manifestants ont été qualifiées par certains de cruels et inadéquats pour la situation donnée. Cependant, même les participants à l’action sont persuadés que certains manifestants auraient forcé la police à réagir ainsi.
« Dès le début, les radicaux et les révolutionnaires ont tenté de prendre l’initiative et n’ont pas donné aux autres forces politiques l’opportunité de participer », témoigne le président du parti d’opposition Iabloko Sergueï Mitrokhine. « Pour couronner le tout, il s’est avéré que les organisateurs utilisaient les gens comme bouclier humain, tentant de se servir d’eux dans une incartade complétement irresponsable. Et ils blâment maintenant la police pour ce qui s’est passé. Les policiers ont agi exactement de la manière que voulaient Oudaltsov et ses partisans ».
La politologue russe Elena Ponamareva est également persuadée que la « Marche des Millions » a été entièrement planifiée sous forme de provocations.
« Tout a été très bien calculé, rien n’était spontané », estime-t-elle. « Car ce n’est pas un hasard que certains étaient munis de cartouches à gaz poivre, des torches et autres attributs de protestation. Si vous allez à une manifestation pacifique, il est peu probable que vous pensiez à prendre avec vous ces objets. En outre, des informations ont circulé dans les réseaux sociaux que des gens portant des chaussures solides et équipés de cartouches à gaz poivre étaient invités à cette action. Apparemment, tout le monde était prêt à y participer. Mais tout le monde n'étaient pas disposés parmi les manifestants à des actions agressives ».
De nombreux experts russes estiment que la seule chose, qu’ont réussi à obtenir les organisateurs de la « Marche des millions » ce 6 mai, c’est le refus de nombreux volontaires à y prendre part la prochaine fois. Peu de volontaires voudraient se retrouver en otage dans une situation, où une manifestation pacifique se transforme en une confrontation ouverte entre les manifestants et la police.