Certes, c’est un événement emblématique qui a marqué le nouveau record sur le marché des beaux-arts. Récemment, le record revenait à Pablo Picasso dont le tableau « Nu au plateau de sculpteur » a été vendu en 2010 pour 106,5 millions de dollars.
Comme cela arrive souvent, le nom de l’acheteur est tenu en secret. Pourtant, la veille des enchères les experts ont nommé des collectionneurs qui seraient intéressés par ce tableau, dont l’oligarque russe Roman Abramovitch, l’armateur grec Philip Niarchos, la famille royale quatari ou « le roi » des produits de beauté américain Ronald Lauder.
Avant les enchères l’estimation du tableau n’a pas été annoncée officiellement, mais les experts de Sotheby’s appréciaient avec prudence « Le Cri » à 80 millions de dollars tout en disant qu’il est impossible de prédire le prix de ce chef-d’oeuvre. Les analystes de ce marché avançaient leurs versions où les prix variaient de 80 millions de dollars à 150 millions de dollars.
« Le Cri » est un tableau des plus connus et reconnaissables créé à la fin du XIX-e siècle, voire dans toute l’histoire de l’humanité comparable au « Carré noir » de Malevitch ou « La Joconde » de Leonardo Da Vinci qui symbolisent des périodes dans l’histoire mondiale des beaux-arts d’où la bataille acharnée aux enchères.
Au cours de sa vie Edvard Munch a peint un grand nombre de tableaux, mais « Le Cri » est le seul à être mondialement connu.
Voici sa description faite par l’historien d’art polonais Stanisław Przybyszewski :
« Sa puissance est dans le coloris. Le ciel est devenu fou en entendant l’hurlement du pauvre fils d’Eve. Chaque souffrance est un gouffre de sang rance, l’hurlement de souffrance. Et le ciel se met aussi à crier ».
On sait que le peintre a fait 4 variantes de ce tableau : deux à l’huile et deux au pastel. C’est le pastel qui a été vendu aux enchères, le tableau provient de la collection du milliardaire norvégien Petter Olsen dont le père Thomas Fredrik Olsen était ami et protecteur de Munch qui le lui avait vendu, « Le Cri » a été peint en 1895, il n’a jamais été exposé.
Les médias ont plus d’une fois mentionné que le but du propriétaire du tableau n’était pas lucratif : avec ces recettes il veut construire un musée, un centre d’ art et un hôtel dans son domaine villageois en Norvège.
Selon le co-président du conseil d’administration de Sotheby’s David Normann, « le tableau de Munch prédit le XX-e siècle avec ses deux guerres mondiales, l’Holocauste, les catastrophes écologiques et l’arme nucléaire ».