Il ya plusieurs années, le Ministère de la Santé du pays a proposé une législation visant à interdire les associations familiales entre les cousins et cousines du deuxième et troisième degré. Cependant, le parlement a rejeté cette initiative.
Les mariages consanguins – c’est un véritable désastre pour la nation. Un tiers des enfants de ces familles naissent avec des maladies héréditaires différentes. La plupart des Tadjiks ne peuvent pas se permettre d’effectuer un traitement coûteux, et l'enfant devient donc un fardeau pour sa famille, souligne le directeur de l'Institut d'obstétrique et de gynécologie du Tadjikistan Shamsiddine Kourbanov:
« Dans les familles qui sont créées à la suite d’un mariage consanguin, la probabilité de naissance d’un enfant atteint d’une maladie hérédtaire augmente de 25 % à 30 %. Cela a déjà été prouvé scientifiquement, et la communauté internationale tout entière en a parlé. Les enfants qui naissent avec des maladies à la naissance, meurent pour la plupart avant l'âge de deux ans. Et ceux qui survivent, créent des problèmes divers à leur famille et à la société. Ces enfants ne peuvent pas être entièrement scolarisés, et en grandissant, ils ne peuvent pas travailler ».
La raison de la catastrophe démographique qui menace le Tadjikistan, consiste dans le fait qu’une grande partie de la population vit dans les zones montagneuses. Les habitants des villages de montagne se retrouvent en fait isolés à cause d’une économie sous-développée et une mauvaise infrastructure. C’est pourquoi le taux de mariages consanguins dans ces villages dépasse les 50 %. Dans certaines régions, par exemple, dans la région de Khatlon, à la frontière avec l’Afghanistan, où le système des clans est encore très fort au sein de la société locale, des règles tacites sont communes : par exemple, il ne faut pas marier sa fille avec quelqu’un qui ne fait pas partie de la tribu pour ne pas augmenter la richesse de quelqu’un qui porte un nom différent.
« Il y a une tradition – ne pas aliéner la richesse que l’on possède », analyse le sociologue Firuz Saïdov. « C’est la tribu qui a créé cette richesse. Et cette dernière ne doit pas passer dans les mains d’un autre clan. C’est un accord tacite qui existe entre les clans, dont les membres évoluent à l’intérieur de ceux-ci. Et chaque clan a son commerce et sa propre politique. Chaque clan a également son propre système de relations ».
Une grande partie de la population du Tadjikistan vit en-dessous du seuil de pauvreté. Les gens ont peur de perdre ce qu'ils possèdent, c’est pourquoi ils sont opposés aux mariages entre des clans différents, et encore plus entre les régions différentes. Mais ces stéréotypes doivent être détruits, car le risque d'extinction de la nation commence vraiment à se poser. Et pour y faire face, des réformes économiques doivent être menées de toute urgence, considère la directrice du département de philosophie et de sciences politiques de l’Université Russo-Tadjike (Slave) Zarina Dinorshoeva.
« Même si nous effectuons une transition vers des bases capitalistes de l’activité économique, qui cultive l’individualisme, la transformation de la sphère spirituelle est beaucoup plus lente chez nous. Et puis se pose aussi la question comment la production matérielle peut affecter l'activité spirituelle ».
Les experts notent également que les mariages consanguins non seulement mettent en danger l’avenir démographique du pays, mais renforcent aussi la culture des clans. Et cela signifie que la menace des conflits sociaux entre les clans est en train de croître.