Le Conseil de sécurité de l'ONU a menacé mercredi, dans une résolution, d'adopter des sanctions contre le Soudan et le Soudan du Sud s'ils poursuivaient leur confrontation armée, alors que la Russie a estimé que le potentiel des mesures diplomatiques était "loin d'être épuisé".
"Les sanctions sont le dernier moyen d'influer sur Khartoum et Juba, les prochaines actions du Conseil de sécurité doivent être pondérées et réfléchies", a estimé le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies Vitali Tchourkine lors d'une séance du Conseil de sécurité.
Khartoum et Juba cherchent à prendre le contrôle des régions frontalières riches en hydrocarbures depuis plus de trois semaines suite à l'échec des négociations sur le partage des recettes pétrolières lancées après l'accès de Juba à l'indépendance en juillet 2011. Depuis le début de 2012, les deux pays ont à plusieurs reprises évoqué la possibilité d'une guerre.
En cas d'une guerre, "l'infrastructure pétrolière de cette région, qui revêt une grande importance pour l'économie soudanaise, sera soit détruite soit gravement endommagée. Dans cette optique, l'extrait de la nouvelle résolution saluant le retrait des troupes du Sud-Soudan d'Heglig paraît déplacé", a ajouté le diplomate russe.
La Russie juge également inacceptable la présence de groupes armés du "Front révolutionnaire soudanais" dans les Etats soudanais du Sud-Kordofan et du Nil Bleu, qui cherchent à renverser le gouvernement de Khartoum. "Il y a des raisons de croire que cette alliance bénéficie d'un soutien étranger", a précisé M.Tchourkine avant d'appeler les parties à lancer des négociations de paix.
Les champs pétroliers d'Heglig (Etat du Sud-Cordofan) qui, selon le verdict de la Cour internationale de Justice de la Haye, appartiennent à Khartoum, produisent 60.000 des 115.000 barils de brut extraits quotidiennement par le Soudan. Juba, qui a occupé une partie de la région de Heglig le 10 avril dernier, a récemment retiré ses troupes de cette région sous la pression internationale. La compagnie GNPOC (Greater Nile Petroleum Operating Co, Soudan) devait reprendre dès le 2 mai, l'extraction de pétrole aux gisements de la zone d'Heglig.
Juba accuse Khartoum de soutenir des groupes rebelles dans le Sud-Soudan. Pour sa part, Khartoum accuse Juba d'appuyer les combattants du "Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord" opérant dans les Etats frontaliers du Sud-Kordofan et du Nil Bleu.