Démonstrations de puissance navale dans la mer de Chine Méridionale

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Dimanche 22 avril, la Russie et la Chine ont commencé conjointement des exercices militaires en mer, dans la mer Jaune, sur la rive Est de la Chine. Ces manœuvres, qui dureront six jours, coïncident avec une exacerbation des conflits territoriaux entre la Chine et ses voisins, en particulier les Philippines et le Vietnam.

Des îles inhabités et des atolls dans la Mer de Chine méridionale sont à l’origine des différends. Ils se situent dans une zone dont le sous-sol est incroyablement riche en pétrole et en gaz.

Six pays du Sud-Est asiatique ont des prétentions sur les îles de l’archipel des Spratly dans la mer de Chine méridionale, où on pense trouver d’importants gisements de gaz et de pétrole. Cela conduit régulièrement à des tensions dans cette zone et à des essais d’occupation des îles, des récifs et des bancs de sable.

Mi-avril, un conflit armé a été évité de justesse entre la Chine et les Philippines. Un navire de la marine de guerre des philippines a été découvert à proximité du récif de Scarborough ; que l’on appelle Huangyan en Chine ; par un bateau de pêche chinois. Les bateaux des garde-côtes chinois ont rapidement rejoint la zone et ont empêché les militaires philippins d’arraisonner le bateau de pêche.

Dans le cas d’un conflit armé entre la Chine, les Philippines n’ont aucunes chances, mais ce sont des vieux alliés des Etats-Unis, qui les ont soutenus dans ce conflit territorial. Ils ont envoyé des navires militaires et un détachement de marines. Dans le même temps, les Etats-Unis, les Philippines, le Japon, l’Australie et la Corée du Sud ont entrepris des manœuvres militaires en commun.

La Chine ne s’est bien sûr pas laissée intimider et a annoncé que ses navires allaient croiser dans les zones conflictuelles. Cela ne serait pas exceptionnel si un joueur inattendu, la Russie, entrait dans le jeu.

Moscou et Pékin ne sont pas officiellement alliés, mais les manœuvres périlleuses à proximité de la flotte militaire américaine sont menés conjointement : la Chine a dépêché plus de 4 000 marins et seize navires, dont cinq contre-torpilleurs, cinq frégates, cinq vedettes lances missiles et deux navires d’assistance. Treize avions et cinq hélicoptères chinois prendront aussi part aux manœuvres.

La Russie a envoyé quatre navires de guerre de la Flotte Pacifique : le croiseur Variag, les imposants anti-sous marins l’Amiral Vinogradov et le Maréchal Chapochnikov ainsi qu’un vaisseau de la Flotte du Nord, l’Amiral Tribouts. Ils sont accompagnés par deux navires d’approvisionnement et d’assistance, le MB-37 et le Pétchenga.

Les côtes inhabitées des îles de l’Océan Pacifique sont le théâtre d’une frénésie sans précédent. Les Flottes militaires de sept Etats, dont trois des plus puissants au monde se concentrent sur la zone. Du côté de Moscou et Pékin comme de celui de Washington et de ses alliés, on assure que les manœuvres ont été prévues de longue date, qu’elles ne présentent aucunes menaces et qu’elles ne sont en aucun cas liées aux conflits territoriaux.

Ces déclarations sont sans aucuns doutes hypocrites mais il est clair que trois joueurs poursuivent leurs propres buts.

Du côté de la Chine, tout est plus ou moins clair. Son désir de prendre le contrôle des gisements de matières premières est compréhensible, même s’il n’est pas complètement légitime. Pékin déploie toute sa puissance, et ne reculera pas.

Dès lors la participation de la Russie dans se conflit en germe parait étrange à première vue. Moscou ne peut en aucun cas avoir des prétentions sur cette région riche en hydrocarbures. Mais la raison de la participation de la Russie n’en est pas moins importante. En premier lieu, elle veut rappeler au monde entier qu’elle est une grande puissance, capable de résoudre des problèmes politiques et militaires dans n’importe quelle partie du monde. Ensuite, et c’est le plus important, la Chine et la Russie veulent montrer qu’elles ne sont pas des rivales stratégiques, mais qu’elles sont totalement capables de coopérer dans les situations d’urgences.

Les motivations américaines sont les plus intéressantes dans ce conflit. Il y a peu, le Pentagone a annoncé un accroissement de ses forces en Asie. Conformément à la nouvelle stratégie de défense, présentée au Président Barack Obama au début de l’année. Les Etats-Unis redéployent leurs forces militaires dans le Monde. Les Etats-Unis ont ainsi annoncé une réduction insignifiante des contingents de soldats en Europe, mais les frontières de l’Union Européenne et le Proche-Orient seront sous la protection du bouclier anti-missile.

Un des points de la nouvelle stratégie militaire est le redéploiement des forces dans la région Asie Pacifique. La presse suppose qu’en cas de déploiement d'un bouclier antimissile en Asie, la Chine réagira de sorte que les protestations de la Russie ne paraîtront plus si innocentes.

Il est possible que le rassemblement militaire dans un coin de l’Océan Pacifique soit le théâtre du début d’un grand conflit, non pas entre la Chine et les petites et impuissantes Philippines, mais entre les Etats-Unis et la Chine.

Et la Russie en prenant part indirectement à ce conflit local, profite intelligemment de la situation, pour ne pas rester en arrière du jeu.

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