Ces derniers n’ont pas l’obligation de vérifier mot à mot les informations publiées, se limitant à un contrôle approximatif du contenu dans les limites de la décence. Mais le fait que le contenu peut être facilement modifié provoque une correction massive des articles de manière subjective et engagée. Pour les experts, ces îlots d’Internet, qui n’ont pas de propriétaires portant la responsabilité pour le contenu publié sur leur site, ne sont rien d’autres que des sources de désinformation.
Environ 60 % du contenu des articles du site Wikipédia sur les entreprises et leur activité contiennent des erreurs factuelles. C’est ce que montre l’étude qui a été menée par la Public Relations Society of America (PRSA), à laquelle ont participé plus de 1200 personnes employées dans les relations publiques.
On dit souvent que l’Internet, ce n’est pas du papier, ce support est capable de tout supporter. Et les personnes employées dans les relations publiques qui veulent progresser dans leur carrière, ont tendance à en profiter. Ainsi, la majorité des grandes sociétés du monde se sont mises à corriger les informations négatives les concernant. Par exemple la société japonaise Nintendo, spécialisée dans la création des jeux et des consoles vidéo efface systématiquement les informations sur les problèmes techniques de ses produits. Les services de presse du FBI corrigent les informations concernant la prison de Guantanamo. Mais outre ces organisations, des représentants des différentes sectes, notamment des scientologues, ou « l’Eglise de Jésus-Christ des Saints du dernier jour » ont tendance à censurer le contenu qui les concerne. D’autres entreprises cachent une partie de leur passé. Herbalife ne veut pas parler des procès qui ont été entamés contre la compagnie. Et il y a quelques mois, l’article de Wikipédia sur le géant allemand de l’automobile Daimler AG a été censuré par le groupe : le passage sur la politique du lobbying de l’entreprise a disparu de l’article.
« L’Internet – c’est un espace idéal pour faire des corrections ou publier un contenu qui vise à désinformer les gens. Ces textes peuvent soit enjoliver, soit porter un coup à la réputation de n’importe quelle compagnie», poursuit le thème Bogdan Vovchenko porte-parole de la compagnie Group-IB, spécialisée dans les investigations des crimes informatiques. « L’Internet- c’est une grande poubelle, où un nombre important de documents publiés ne correspond pas à la réalité. Je ne veux pas dire que Wikipédia – c’est une ressource à ne pas consulter, mais ce n'est pas l’encyclopédie Britannica, ou la Grande Encyclopédie Soviétique. Il ne faut pas penser que n’importe quel texte publié sur ce portail est à 100% vrai. Et toutes les erreurs qui y sont commises ne sont pas faites par ignorance ou incompréhension. Parfois ces erreurs sont délibérées ».
« La désinformation délibérée sur l'Internet pose d’autant plus un problème plus grand que ces informations peuvent être reprises par d’autres sites, des bloggeurs ou les médias. En conséquence, cette information est diffusée largement sur le Web, et elle peut porter atteinte à la réputation d’une personne, ou d’une société toute entière. Pour avertir les utilisateurs crédules de ne pas copier des informations non vérifiées, des petites images humoristiques sont apparues sur le Runet (l’Internet russe), avec des représentations de Lénine. Ces images rappellent l’utilisateur qu’il ne faut pas faire confiance à tout ce qui est écrit sur le Web », résume Bogdan Vovchenko.
Il devient de plus en plus difficile de tracer une frontière entre une ressource qui est responsable de son contenu et celle qui attire l’attention par une information non vérifiée, mais qui intrigue ou inquiète. Le plus souvent, cela concerne des ressources qui sont gratuites et n’ont pas pour but de faire un profit avec le contenu publié. Et les pertes en termes de réputation se traduisent généralement en pertes financières. L’immensité de l'Internet ne permet pas de vérifier tout le contenu mot pour mot. Mais ce qui rassure, c’est qu’en passant sur le Web, que les médias de qualité n’ont pas changé leur approche prudente face à l’information.