La politique agricole et… internationale du Parti Socialiste. Propos surprenants

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La tradition française veut que l’armée ne vote pas. C’est pour cela qu’on l’appelle « La Grande Silencieuse ». Je dirais qu’à l’instar de l’armée le parti socialiste a bien mérité le même sobriquet comme surnom. C’est qu’à chaque fois qu’on avait tendance à demander aux socialistes à se prononcer en lettres et chiffres sur leur façon de régenter le pays, les fonctionnaires du PS semblaient être pris d’un accès de mutisme aggravé et prenaient la poudre d’escampette en se réfugiant, tels des apparatchiks soviétiques derrière les rangs serrés des responsables de presse et secrétaires anonymes.

Même quand Martine Aubry s’est rendu en Russie et a rencontré la communauté française à l’Ambassade de France, elle a soigneusement omis de piper mot à la presse russe qui pourtant attendait ses aveux de pied ferme. Et une fois la première secrétaire du PS repartie, on s’est mis à discutailler des perspectives de l’alliance franco-russe qui décidément était plus que compromise par ce silence lugubre. Quand les gens fuient les contacts et ne s’expliquent pas, le peuple en prend une peur bleue. Et quand le peuple a peur, les révoltes sont toujours à craindre. Louis XVI en sait quelque chose. Alors pourquoi ce silence ostentatoire et obstiné ? Peut être que les socialistes n’avaient pas grand-chose à dire ? Peut être, tout compte fait ces messieurs, si élus, vont gouverner au jour le jour d’autant plus qu’avec le soutien apporté à Hollande par Chirac la différence entre la gauche et la droite françaises s’estompe de plus en plus. Ces ministres déserteurs dont une ex-présidente de l’Association Ni putes ni soumises nous donnent un bel exemple de fraternisation des deux ailes de la cité politique française.

Mais la France faute de mieux pourrait bien sûr préférer à un homme comme Sarkozy qui, selon Jean d’Ormesson a l’étoffe d’un leader, le grand silencieux Hollande.

Moscou, pour sa part, aimerait bien comprendre le doigté de ces êtres énigmatiques, en passe de devenir maîtres de la France. On sait tout sur Bayrou et le coléreux Mélenchon. On entend Marine Le Pen proposer un programme économique inspiré par Jacques Sapir. On connaît Sarko le sauveur de l’euro et le chef de la guerilla libyenne mais la force spectrale de Hollande serait au-delà de l’imagination la plus osée. Certes, il veut introduire l’impôt sur les riches et accepte les immigrés qui doivent voter aux municipales, et puis quoi après ? Les jolis mots comme responsabilité sont toujours sur le bout de sa langue mais le pragmatisme et le concret ne sont jamais à l’avenant.

Notre confrère a réussi un travail d’Hercule. Il a fait parler sur l’international et la Russie le chef de campagne électorale de Hollande, sa dextre armée. Un homme du terroir qui a su se hisser au premier rang de la société française.

Il s’appelle Stéphane Le Foll et il a 52 ans. Il est titulaire d'une maîtrise et d'un DEA d'économie, ainsi que d'un diplôme professionnel spécialisé au Conservatoire national des arts et métiers. Professeur d'économie au lycée agricole de Rouillon et au lycée de La Ferté-Bernard puis chargé de cours à l'Université de Nantes, il est élu conseiller municipal de Longnes de 1983 à 1995, puis conseiller municipal du Mans. Il est vice-président de la communauté urbaine Le Mans Métropole. Proche de François Hollande, Le Foll devient son directeur du cabinet lors des années de ce dernier à la tête du Parti Socialiste de 1997 à 2008. Élu député européen le 13 juin 2004, il est membre au Parlement européen de la Commission de l'agriculture et du développement rural, ainsi que de la délégation pour les relations avec le Conseil législatif palestinien. Il fait également partie de la délégation du Parlement européen aux négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Hong Kong en 2005. Le 7 juin 2009, il est réélu député européen. Candidat à la députation pour les élections législatives de juin 2007, il est battu au 1er tour, obtenant 30,02 % des suffrages contre 53,39 % pour son concurrent UMP, le Premier ministre François Fillon. Le 20 novembre 2008, il est élu premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de la Sarthe. Il préside actuellement l'association « Répondre à Gauche »[] . Lors de la primaire présidentielle socialiste de 2011, Stéphane Le Foll est le directeur de campagne de François Hollande. Le 17 novembre 2011, il est désigné responsable de l’organisation de la campagne de François Hollande pour l'élection présidentielle de 2012.

Comme on vient de s’en apercevoir, cet homme politique serait en passe de devenir le futur ministre de l'agriculture ou celui chargé des relations avec le Parlement en cas de victoire de Hollande. On vous livre la première déclaration publique d'un homme aussi proche de François Hollande sur les relations qu'ils envisagent avec la Russie. Dimitri de Kochko, journaliste français chevronné qui a mis gracieusement son interview à notre disposition, a posé trois questions : Hollande et la Russie, L'OTAN et l'agriculture. 

 

Stéphane Le Foll. La Russie a une influence sur l’équilibre européen par le secteur énergétique. La Russie aujourd’hui… on se base, en particulier, sur la conviction qu’elle évolue vers une démocratie et qu’elle avance… Mais on a quelques doutes. Quelle peut être la stratégie diplomatique de la France à l’égard de la Russie ? Je pense qu’il doit y avoir quelques concessions sur la liberté de la presse en Russie, en particulier, sur les droits démocratiques mais en même temps il faut tenir compte du fait que la Russie reste une grande puissance à l’échelle mondiale et à l’échelle de l’immédiate, je veux dire, périphérie de l’Europe. Donc il faut avoir une diplomatie qui veille à assurer à la fois des relations qui soient basées en même temps sur les exigences clairement affirmées par l’Europe à l’égard de la Russie et en même temps je pense aussi à faire évoluer tant qu’on pourra la Russie vers les standards démocratiques européens. C’est de ça que l’on a besoin aujourd’hui. Donc, moi je vais assurer la politique en deux ou trois actes :

Un, grande puissance dont il faut tenir compte ; deux, il faut avoir des politiques qui soient des relations diplomatiques suivies avec la Russie ; trois, il ne faut pas s’empêcher d’être exigeant avec la Russie, en particulier, sur les droits de l’homme et sur la liberté de l’information.

Dimitri de Kochko. Et par rapport à l’OTAN où Sarkozy nous a remis ?

Stéphane Le Foll. Par rapport à l’OTAN, je sais qu’avec la question de la Géorgie il y a eu là des tensions fortes. Je pense que la Russie a accepté le fait que l’OTAN était là ; je ne crois pas qu’aujourd’hui…

Dimitri de Kochko. Mais la France et l’organisation militaire de l’OTAN ?

Stéphane Le Foll.  L’organisation militaire – la France y est. Je ne sais pas comment on pourrait s’en tirer aujourd’hui… En même temps il faut garder à l’OTAN une vocation qui n’est pas celle d’aller régler tous les problèmes partout dans le monde. L’OTAN a, certes, aujourd’hui a dû évoluer… Son acte stratégique, cela n’est plus simplement la confrontation Est-Ouest ! Mais ça ne peut pas être une espèce de bras armé d’un Occident qui à travers ses outils viendrait régler tous les problèmes… Il faut garder la logique du Conseil de Sécurité. Toutes ces exigences doivent être validées à l’échelle internationale, que personne ne se sente investi de quelque mission que ce soit pour qu’il y ait un débat au niveau international, au niveau de l’ONU. Auquel cas on remet un peu en place l’OTAN en l’empêchant d’avoir à penser qu’elle deviendrait un bras armé pour régler un certain nombre de problèmes sans passer par les règles et le pouvoir international.

Dimitri de Kochko. Sur la question agricole, vous voulez dire un petit mot, Monsieur ? Y a-t-il à attendre quelque chose pour la Russie au niveau de l’Europe ?

Stéphane Le Foll. Le réchauffement doit bien offrir un certain nombre de possibilités à la Russie, à l’Ukraine et donc voir production des protéines végétales à développer… Je pense que le monde de toute façon en aura besoin. Cela ne remettra pas en cause l’efficacité de l’Europe mais ça va venir en complément. Le monde qui est en train de se construire va être de plus en plus un gros consommateur des protéines végétales et donc, je pense que là il y a pour l’agriculture russe et ukrainienne des enjeux assez importants. Je ne le crains pas. Je pense que l’Europe a sa place. Elle devra continuer à l’avoir. Mais que la Russie comme producteur de céréales aura sa place peut être ».

Les propos de Monsieur Le Foll me laissent un peu pantois. Tout d’abord il est intéressant de noter que le parti socialiste n’entend absolument pas changer de cap par rapport au succès de Sarkozy. Que l’OTAN reste à sa place ! Cela est martelé en toutes syllabes. Le PS français devient un parti pro-américain. C’est déjà ça de noté. Ensuite les opérations de l’OTAN sont perçues à travers l’exemple de la Géorgie caucasienne où l’OTAN justement cachait au maximum sa présence. Je rappellerai tout de même à M. Foll  que c’est l’OTAN avec Tbilissi qui ont perdu la campagne d’Ossétie et la Russie qui, en revanche, a renforcé son bouclier défensif avec la création de l’Ossétie du Sud. Donc l’OTAN a préparé l’armée de Tbilissi à une agression contre une ville sans défense envahie par les Géorgiens et fusillé à coups de lance-grenades avec le massacre des casques bleus russes. Finalement la Russie a réussi tout de même à l’emporter et bouter l’OTAN dehors avec un contingent limité. Au lieu de citer ce cas déplorable et honteux, en bon gauchiste M.Foll a pu tout de même critiquer Sarkozy pour la Libye plongée dans le chaos artificiel créé par l’Occident et les crimes de guerre qui y sont maintenant commis à grande échelle ; pour la création d’Azawad, état touareg intégriste musulman dans le Sahel qui est la conséquence directe des actes et agissements sarkozyens. Mais au lieu de ça on choisit la politique d’autruche – silence et boule de gomme ! Peut être M.Foll a oublié l’exemple de ses confrères suisses comme Oskar Freysinger ou Dick Marty qui ont eu la force et le courage de parler des exactions commises dans le Kosovo par les kosovars, premier état musulman créé par l’OTAN sur la bonne vielle terre chrétienne de la Yougoslavie ? Là non plus, pas de commentaires, votre honneur ! Alors est-ce aux socialistes français peureux et indécis devant l’OTAN d’apprendre à la Russie les droits de l’homme et la démocratie? Ne serait-ce pas la souris qui provoque l’éléphant ?

Selon les sources historiques russes, Staline a reconnu la France parmi les Etats vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale à cause de la politique socialiste et communiste des dirigeants français de ces temps-là. A ce qu’on voit le vin est tourné au vinaigre.

On se demande également pourquoi M.Foll utilise le terme « exigences » qu’il entend adresser à la Russie. La France n’est pas en mesure d’exiger quoi que ce soit de la Russie. C’est contraire au code déontologique de la diplomatie et ne correspond pas au statut de la Russie à laquelle M.Foll reconnaît gentiment le statut de grande puissance.. plutôt régionale et à la périphérie... Ce n’est pas sur la base d’exigences que l’on construit des relations durables entre les voisins !

Je crois qu’il serait grand temps que les socialistes français révisent leurs classiques. Au jour d ‘aujourd’hui la Russie a refait complètement surface. C’est Vladimir Poutine, le nouveau président élu russe qui a tout simplement interdit aux Américains d’intervenir en Iran et bien qu’ils rechignent ils se sont pliés à ses exigences. La Russie possède également l’autonomie alimentaire ce qui n’est pas le cas de la France qui avec la terre en jachère ne peut se pourvoir de façon autonome avec sa population qui est au-dessus de ses capacités. C’est toujours la Russie qui est au troisième rang d’exportateurs d’armes nouvelles et qui maîtrise le nucléaire et l’espace à un niveau technologiquement plus élevé que la France. Je dirais également que la liberté d’expression est beaucoup plus développée en Russie par rapport à la France où les gens à l’exception de Mélenchon et du Front National semblent s’autocensurer eux-mêmes et ont peur de se prononcer sur les immigrés, les jeunes, les bagarres et les viols dans la rue, sur l’immigration et l’abandon de la politique gaulliste d’une France libre et souveraine de ses actes, sur la perte de la langue française et de l’identité nationale. Allez poser cette question à un candidat socialiste vous verrez qu’il ne vous répondra pas ! En revanche même la presse publique russe critique Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev et les gens n’ont pas peur des journalistes étrangers dans la rue.

Je souhaite bonne chance aux socialistes à la présidentielle mais je ne peux m’empêcher de penser à la pauvre France qui part à la dérive.

« Dis-Papa ! Tu pourrais me dessiner un éléphant rose ? »  On a vraiment l’impression que c’est le pays entier qui demain va se mettre à dessiner les éléphants roses. Des éléphants roses sont très poétiques mais ils ne se rencontrent que dans des rêves d’enfant. Pour mener une tâche à bien il faut bien plus que la compréhension de la politique des denrées alimentaires.

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