Grande-Bretagne: la CEDH suspend l'extradition d'un islamiste jordanien

L'islamiste jordanien Abou Qatada, considéré comme l'ancien bras droit d'Oussama Ben Laden en Europe, ne peut être extradé vers la Jordanie sans l'aval de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), rapporte mercredi la BBC en référence à Theresa May, ministre britannique l'Intérieur.

D'origine palestino-israélienne, Abou Qatada, 51 ans, est inscrit sur la liste des individus liés à la nébuleuse terroriste Al-Qaïda par le comité 1267 du Conseil de sécurité des Nations unis. Il aurait dû être extradé mercredi vers Amman, mais, au dernier moment, ses avocats ont réussi à faire appel auprès de la Cour de Strasbourg, et le processus d'extradition a été suspendu.

Selon Mme May, ce processus ne reprendra pas avant une décision appropriée de la CEDH, qui pourrait avoir lieu dans plusieurs mois.

En 1993, Abou Qatada est arrivé en Grande-Bretagne avec de faux papiers pour y obtenir l'asile politique. En 1994, Londres a accédé à sa demande, en lui accordant un statut de refugié.

En 2001, après l'entrée en vigueur de nouvelles lois antiterroristes adoptées suite aux attentats du 11 septembre à New York, Abou Qatada a disparu avant d'être retrouvé et arrêté par la police britannique. Le Jordanien a passé une grande partie des six dernières années en prison malgré l'absence de charges concrètes.
Libéré en août 2005, il a été peu après assigné à résidence. Depuis, il se bat pour éviter l'extradition vers son pays. La CEDH s'est déjà prononcée une fois contre l'extradition de M.Qatada vers la Jordanie.

Selon la CEDH, son extradition violerait ses droits à un procès équitable en Jordanie car des preuves obtenues sous la torture pourraient être retenues contre lui.