La Russie fourbit ses armes. L’empire contre-attaque

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La population russe ne représente que 2 %. de population terrestre. Mais par leur richesse et leur potentiel respectif les terres russes pourraient nourrir tout l’hémisphère Nord. Cela semble avoir été le souci principal des Américains qui pendant deux décennies, essayaient de prouver aux Russes et tous les ex-Soviétiques à titre général qu’ils n’avaient plus d’ennemis et que le désarmement devait être à l’ordre du jour.

Il n’y a pas si longtemps de cela un général français a constaté avec amertume que les seuls fruits du désarmement unilatéral amorcé par la Russie au début des années 90 consistent dans l’avancée des troupes de l’OTAN jusqu’aux steppes ukrainiennes et la politique pro-américaine des sarkozystes qui font fi de l’héritage du général De Gaulle. Le grand Général, lui, savait louvoyer entre les deux blocs en préservant sa propre marge de manœuvre. Cette politique n’est plus et l’Hexagone est réduit au statut d’une puissance secondaire, acolyte du grand Washington.

A la différence de la France, la Russie, elle, ne produit ni fromages ni vins pouvant satisfaire les goûts raffinés des généraux d’Outre-Atlantique. Si la France peut s’en sortir en faisant des courbettes devant les Grands de ce monde, Moscou au cas où le Kremlin cède, serait promis à une casse imminente. Le pire est que cette conclusion restait hermétique pour la plupart de politiques russes qui se contentaient de s'en mettre plein les poches sans réfléchir aux conséquences logiques de leur comportement irresponsable et dévergondé.

Vladimir Poutine a lentement mais sûrement repris le pays en main et voilà qu’il passe à l’attaque avec la grande réforme et le réarmement de l’Armée. Sans compter une nouvelle rémunération des officiers et soldats professionnels dont la solde moyenne dépasse maintenant par deux fois la paie de leurs confrères français. Jugez-en par vous-mêmes : un lieutenant sorti de l’école militaire touche en moyen 1 200 euros net plus avantages en nature et accès au logement offert par l’armée au bout de trois ans de service. Et ce logement est vraiment neuf et répond aux standards de qualité européenne. L’armée redevient l’élite de la société.

Désormais le nouveau président élu a décidé de se pencher sur le complexe militaro-industriel. Le grand signe du renouveau est la nomination au poste du vice-premier ministre chargé de la Défense, Dmitri Rogozine. Ce cher Rogozine est l’ancien " enfant terrible " du Kremlin qui en ses vertes années n’hésitait pas à lancer des grèves de la faim dans les murs sacrés de la Douma. Nommé ensuite représentant plénipotentiaire de Moscou à l’OTAN, il a fait les cauchemars et les nuits blanches des généraux américains à Bruxelles en tarabustant via son facebook le secrétaire général de l’OTAN et ses acolytes. Ce Rogozine a retroussé ses manches et s’est mis tout de suite à la tâche. La besogne est dure et évidemment il a du pain sur la planche. M. Rogozine n’y est pas allé par quatre chemins. Tout de suite il a demandé de se faire écouter en audience plénière devant le Sénat et le Parlement. Il y a un mois, il a présenté ses conclusions tout de suite avalisées par Vladimir Poutine.

Tout d’abord il a demandé de modifier la politique des cadres dans le complexe militaro-industriel et cela lui a été accordé. La reprise du système soviétique veut que les ingénieurs et travailleurs des usines militaires aient leur solde au niveau des officiers de l’armée que nous venons de citer. A cela Poutine a ajouté que non seulement il accordait à tous les professionnels de la défense le même niveau de salaire que dans l'armée mais qu’il estimait que ce salaire devait être supérieur par rapport aux concurrents de l’étranger pour que les jeunes cadres ne désertent pas le paysage en partant ailleurs. Ensuite Rogozine a donné la fourchette des tranches d’âge. Suite aux agissements des sbires de la perestroïka un travailleur moyen du complexe militaro-industriel est âgé de 46 ans. En revanche, un ingénieur des unités de recherche militaire a plus de 48 ans. Cet âge est composé d’une moyenne arithmétique entre les blancs becs fraîchement enrôlés et ceux de la vieille garde – les vétérans, ces durs à cuire qui, eux, ont plus de 60 ans. Donc, il n’y a pas de quoi se réjouir. Le salaire moyen actuel se chiffre à 800 euros à peu près avec tout de même un pouvoir d’achat plus que deux fois supérieur à la norme française. Comme on vient de le constater, ce salaire doit être revu à la hausse dans les mois à venir.

Côté rendement, ces 3 dernières années la production militaire russe a presque doublé mais les machines et outils qui sont toujours fabriqués à l’étranger ce qui est une tare et un handicap des plus sérieux. Les pièces électroniques sont elles aussi produites au Japon et aux Etats-Unis. La Russie s’est donné pour objectif immédiat de revenir à la production locale pour pouvoir assurer ses besoins de façon autonome. 1 300 entreprises du complexe militaro-industriel russe réparties en 63 régions de la Fédération produisent les marchandises achetées par 70 pays étrangers. Autrement dit cette production est parfaitement concurrentielle.

Quant aux propres besoins de l’armée, les grandes branches de la Défense sont pourvues en armes qui dépassent dans leur majorité ou équivalent au moins la production des concurrents. Il s’agit de l’aviation militaire et cargo, des missiles, du secteur nucléaire stratégique et de l’artillerie. En cas d’une guerre généralisée la Russie peut être tranquille mais il lui manque les moyens d’opérations dites tactiques ou ponctuelles. La commande de l’armée est repartie en flèche ayant été presque quintuplée au cours de la dernière année.

En revanche, Rogozine évoque la ventilation respective du budget trouvant 0,6 % du PIB tout à fait insuffisants pour finaliser la recherche militaire qui doit être à l’échelle des autres pays du G8. A titre d’exemple les Etats-Unis investissent jusqu'à 2,7 % de leur budget et Israël – 4,5 %. Et Rogozine de nouveau marque le but car les sénateurs et la Douma soutiennent à l’unisson la Création d’un Fond spécial pour la percée technologique.

L’ouverture des nouvelles usines militaires a été également avalisée par le parlement. Ainsi la Russie va se doter d’un complexe militaire de l’espace, à Kirovsk, avec 5 000 emplois assurés pour la région et dans le district de Nijni Novgorod ainsi que 3 000 places dans le même secteur. A Toula la construction d’une nouvelle usine d’armes légères est également prévue et même financée.

Tel un phénix, la Défense russe renaît de ses cendres et menace déjà bec et ongles ses amis jurés. Heureusement la France a décidé de fraterniser avec les Russes et de coopérer dans moults programmes militaires et civils. C’est ce qu’on appelle la sagesse ancestrale !

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