La République démocratique populaire de Corée a parlé de son projet de lancement d’une fusée avec un satellite dans l’espace en mars de cette année. Le lancement a été programmé pour coïncider avec le 100e anniversaire de la naissance du premier dirigeant du pays Kim Il Sung, célébré le 15 avril. Ces plans de Pyongyang ont entraîné une condamnation sévère de la part de la communauté mondiale. Au cours de ce dernier mois, différents pays tentaient de convaincre la RDPC de ne pas effectuer ce lancement, la menaçant de sanctions. Et même avant le lancement, les ministres des Affaires étrangères du G-8, qui comprend la Russie, les Etats-Unis, la France, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Canada, ont exprimé dans un communiqué commun après une réunion à Washington leur demande adressée à Pyongyang de ne pas effectuer le lancement. Ils ont rappelé que ces actions sont en contradiction avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui interdisent à la Corée du Nord d’effectuer le lancement des missiles balistiques.
Mais Pyongyang a insisté sur le caractère pacifique de son programme spatial. Selon les informations provenant de la RDPC, le satellite était destiné à des fins météorologiques. Et alors que les experts des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud considèrent qu’il s’agit des tests militaires, personne n’en a les preuves, affirme l’expert du Centre des études coréennes de l’Institut de l’Extrême-Orient de l’Académie russe des sciences Konstantite Asmolov.
« Les Nord-coréens ont tout fait pour démontrer qu’ils comptent effectuer le lancement d’un satellite civil et qu’il ne s’agit pas d’un test militaire. Ils faisaient toutes les procédures nécessaires pour le lancement d’un satellite à utilisation civile. Quant aux discussions qui concernent le lancement d’un missile militaire par la Corée du Nord, ce ne sont que des spéculations, je pense. Car dans ce cas, on peut accuser du même type d’infractions du droit international la Corée du Sud, qui développe activement son programme militaire. Ils avaient également effectué plusieurs lancements qui se sont avérés infructueux en demandant aux américains d’augmenter la portée de leurs missiles balistiques ».
Il serait naïf d’espérer qu’avec l’arrivée du nouveau dirigeant, la Corée du Nord puisse changer brusquement de cap et suivre les directives des pays occidentaux, affirme le chef du Centre des études japonaises de l’Institut de l’Extrême-Orient de l’Académie russe des sciences Viktor Pavliatenko.
« Une lutte a lieu à l’intérieur de l’appareil dirigeant nord-coréen. Mais si les groupes sont différents, les approches sont également différentes. Le jeune leader a été mis à la tête de l’Etat, mais cela ne lui a pas rajouté de l’expérience et de l’intelligence. Donc, le rôle principal dans la prise des différentes décisions est toujours accordé a son entourage qui a été laissé en héritage par son père. C’est cette lignée, composée des membres de la famille Kim et les personnalités les plus influentes des milieux politiques et militaires du pays, qui défend une ligne politique très rigide et qui est toujours le vainqueur au sein de l’Etat ».
Actuellement, la RDPC, la Corée du Sud et le Japon sont à la recherche des fragments de la fusée. Séoul et Tokyo veulent trouver des preuves du fait que le lancement était effectué à des fins militaires. Et Pyongyang cherche à élucider les causes de l’échec du lancement du satellite. Les spécialistes estiment que l’échec du lancement est lié au manque d’expérience des ingénieurs nord-coréens dans la réalisation des constructions complexes, notamment des fusées à plusieurs étages.
Mais maintenant, pour redresser son image et ne pas perdre la face, la Corée du Nord pourrait faire de nouveaux essais nucléaires, estime l’expert de la région Asie-Pacifique Artem Loukine.
« L’étape suivante, cela pourraient être des tests d’un dispositif nucléaire. La Corée du Nord a déjà mené deux tests dans ce genre en 2006 et 2009. Ses technologies nucléaires sont plus développées et perfectionnées que les fusées. Donc, si la Corée du Nord programme un test nucléaire, il y a de fortes chances que ce test soit réussi ».
Le lancement effectué par la Corée du Nord a provoqué une réaction internationale plutôt prévisible. Washington a qualifié ce lancement d’une « provocation ». Tokyo prévoit de transférer à Pyongyang par la voie diplomatique sa protestation. Quant au Conseil de sécurité, il a organisé ce vendredi une réunion d’urgence. Mais la Corée du Nord est déjà lourdement sanctionnée par la communauté internationale. Et selon la Chine, il vaudrait mieux faire preuve de retenue dans ce cas et éviter des mesures qui pourraient tendre davantage la situation sur la péninsule coréenne.
