Le métropolite de Novossibirsk Tikhon l’a violemment condamnée lors d’un entretien avec le maire de la ville Vladimir Gorodetski. Selon le métropolite, « cette exposition a été interdite à Moscou et dans le monde entier ». Il a également souligné que beaucoup d’enfants visitaient l’exposition.
La série entière de gravures de Pablo Picasso Suite 347 est ouverte au grand public dans sept musées mondiaux : dans le musée Picasso de Barcelone (Espagne), dans la Bibliothèque nationale de France, dans le musée Picasso de Paris, dans l’Institut des Beaux-arts de Chicago, dans le musée Ludwig de Cologne (Allemagne), dans le musée de Jérusalem et dans la Fondation Gottfried Keller (Suisse).
Les gravures de Picasso ont été exposées du 12 novembre au 5 février à Krasnoïarsk sans n’avoir provoqué aucune indignation de la part des représentants de l’Eglise Orthodoxe russe.
L’exposition malencontreuse ouvrira également ses portes dans le musée des Beaux-arts de Tomsk. Malgré la réaction négative de l’évêque de Novossibirsk, ses collègues de Tomsk manifestent une attitude plus tolérante.
« C’est la vie culturelle de la ville et l’Eglise ne doit pas s’en mêler. Nous ne pouvons pas interdire aux habitants d’aller dans les boites de nuit. Visiter ou ne pas visiter des événements pareils est un choix personnel de chacun dicté par son niveau de moralité et de spiritualité », affirme le porte-parole du diocèse de Tomsk Viktor Sirotine.
Les gravures de cette série sont effectivement assez ouvertes, mais pas plus que les œuvres des anciens maîtres grecs ou indiens. Le peintre a créé l’ensemble des 347 gravures en 7 mois, du 16 mars au 5 octobre 1968. La série comprend plusieurs parties : les scènes d’amour entre Raphaël et son amante Fornarina, les reproductions des peintures célèbres de Rembrandt, Manet, Degas, Vélasquez et d’autres.
La ministre de la Culture de la région de Novossibirsk Natalia Iaroslavtseva a envoyé une lettre officielle aux représentants de l’Eglise Orthodoxe russe ayant expliqué que « la culture mondiale devrait faire partie de la politique des musées de la région et les personnes cultivées avaient le droit de choisir eux-mêmes les expositions à visiter ».
La ministre cite également un décret de la Fédération de Russie stipulant que les organes d’Etat « ne se mêlent pas aux activités professionnelles des organisations culturelles si ces activités n’entraînent pas une propagande de la guerre, des violences, des intolérances religieuses, nationalistes et autres, comme la pornographie ». L’exposition à Novossibirsk n’a rien à voir avec aucun de ces facteurs interdits, a conclu la ministre.