Selon l'ironie du sort, c’est sa patrie – l'Albion brumeux, qui s'est trouvée aux premiers rangs des membres de l'Europe commune, ayant voulu réaliser la fantasmagorie du célèbre écrivain. Selon le projet de loi, les fournisseurs Internet seront obligés d’ accorder aux services secrets les données sur les internautes à la première demande et en temps réel. En outre – sans toute décision judiciaire. Comme les experts le supposent, nous n'excluons pas non plus l'écoute téléphonique des citoyens communiquant sur Skype et dans les réseaux sociaux.
En principe, le document proposé par le gouvernement britannique est conforme à la directive de la Commission européenne sur la collecte et la conservation des données des télécommunications. Elle a été adoptée en 2006, mais à cause des protestations de l'opinion publique dans les pays-membres de l’UE, n'a pas été appliquée concrètement jusqu'à présent. La critique des juristes et des défenseurs des Droits de l'Homme se rapporte au principe lui-même de surveillance totale de tous les contacts des citoyens, y compris les informations sur leur résidence à n'importe quel moment. Quant au projet de loi britannique, il dépasse même une série d'exigences de la Commission européenne. Les représentants de pratiquement tous les partis se sont prononcés contre le document. Finalement, le Vice-premier ministre Nick Clegg a assuré que le projet de loi n'entrerait pas au parlement sans une discussion nationale.
Mais la Commission européenne intensifie la pression. Comme l’a communiqué le Portail Internet « Heise.de », la directive de la Commission européenne est entrée en vigueur en Autriche dès le 1er avril, où les manifestations de protestation ont déjà commencé. Selon le journal allemand Tageszeitung, après la résistance de plusieurs années, le parlement suédois a cédé, enfin, et a accepté en première lecture la loi sur la conservation dès le 1er mai des données des télécommunications au cours d'une demi-année. C’est l'Allemagne qui tient ses positions le plus fermement - Ces derniers jours, la Commission européenne a lancé un ultimatum, pour imposer la directive dans la législation nationale, avec un délai de 4 semaines qui conduira à un procès devant la Cour des communautés européennes avec la perspective d'une amende de plusieurs millions.
Le professeur Oleg Barabanov, le chef de la chaire de politique de l’UE et du Conseil de l'Europe du MGIMO, trouve que la directive de la Commission européenne contredit les normes de la démocratie :
" La directive de la commission Européenne s’inscrit dans la ligne générale du renforcement du contrôle sur la vie des citoyens dans le monde entier, dit le professeur. Le motif principal – c’est le renforcement de la lutte contre le terrorisme. C'est la tendance globale. Mais, naturellement, elle entre en contradiction avec la compréhension traditionnelle de la démocratie et de la non-intervention de l'État dans la vie privée des citoyens. Et, puisque la situation dans l’UE est électrisée maintenant à cause de la crise de l'euro et le déséquilibre économique, les tentatives de la mise en pratique active de cette directive provoquent une protestation encore plus grande ".
Dans la conclusion récente du groupe des juristes allemands, il est dit que la directive de la Commission européenne viole les normes de la Convention Européenne sur les Droits de l'Homme. En outre, soulignent les juristes, la liberté de la presse est limitée. En effet, chaque déplacement d’un journaliste, chaque information reçue par lui dans l’Internet seront surveillés par les services secrets. Quant à l'effet réel de la directive, dans l'étude de 270 pages présentée récemment par l'Institut allemand du droit international Max Planck, il est souligné que la conservation des données personnelles ou le renoncement à eux n'influencent pratiquement pas le coefficient des révélations de n'importe quels crimes. Les intérêts des fonctionnaires de l’UE et des services secrets sont clairs. Mais répondent- ils toujours aux intérêts des citoyens ? – c’est une autre question.