Les Etats-Unis leur incriminent d’aider les hommes d’affaires nord-américains peu consciencieux à exfiltrer leurs capitaux outre-océan pour en éviter l’imposition. En de tels cas la vengeance des autorités de Washington enjambe les frontières. Le thème est repris par notre observateur Sergueï Gouk.
Aux premiers signes d’une tempête arrivant de l’autre côté de l’Atlantique bien des responsables des banques suisses ont préféré démissionner. Tous se souviennent encore de l’expérience de démêlés avec la justice américaine. Il y a trois ans la plus grosse banque UBS a eu beaucoup de peine à se tirer des ennuis.
L’évasion fiscale est devenue pour de nombreux financiers l’un des business qui rapportent gros. Et en fait, pourquoi pas ? Des refuges existent, comme des moyens techniques toujours plus perfectionnés de transférer les capitaux au-delà des frontières nationales. D’ailleurs, la communauté internationale ne se presse pas de couper les filières aux débrouillards. Voici l’opinion du directeur de l’Institut de l’économie Rouslan Grinberg :
« Hélas, de très influents milieux dans le monde ont intérêt à ne pas payer d’impôts et à agir au mépris de ceux qui n’ont pas d’argent. C’est un grand problème. Je ne suis pas acquis à une théorie du complot. Mais un establishment libéral de droite existe, y compris des experts, participants aux réunions du G20. Et tout cela peut fonctionner même contre certains leaders du G20. On peut dire que c’est une internationale de libéraux de droite. Elle est très puissante. Bien d’entre ces gens-là sont des aventuriers et n’hésitent pas à commettre les crimes les plus graves, si les risques sont adéquats aux gains fabuleux ».
La justice nord-américaine agit sans merci, mais en revanche de manière sélective. Elle ferme, par exemple, les yeux sur la place financière de Miami, où arrivent, telles des mouches sur le miel, les amateurs de la fraude fiscale de toute l’Amérique latine. Comme est intouchable l’Etat du Delaware, où se sont installées quelque 700 000 personnes morales, ayant depuis longtemps oublié ce qu’était l’impôt sur les ventes ou encore sur les activités. Avec cette seule condition qu’elles ne fassent pas de commerce aux Etats-Unis et n’investissent pas dans l’économie locale. Le budget des Etats-Unis n'en subit pas de dommages, quant aux « pays-partenaires » cela ne les intéressent pas.