Le cerveau du surhomme

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Le cerveau du surhomme - Sputnik Afrique
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Une exposition à la galerie londonienne Wellcome Collection, dans laquelle sont présentés des fragments du cerveau d’Albert Einstein et d’autres personnalités historiques entraîne des réactions multiples. Pour une large partie de la population, cette manifestation est choquante et se situe à la limite de l’éthique. L’idée principale de l’exposition, présenter la matière comme l’esprit, provoque elle aussi des débats.

Outre le cerveau du célèbre physicien, d’une suffragette, d’un tueur en série canadien, et d’un égyptien de l’antiquité,  l’exposition présente les anciennes méthodes de trépanation et des instruments chirurgicaux d’époques différentes. Le cerveau reste un grand mystère, que les chercheurs essaient de déchiffrer, explique le docteur en médecine, Ilya Egorov :

« On sait que l’homme vit et fonctionne grâce à l’activité de seulement 10% des neurones. Cela signifie qu’il y a encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas. Que se passerait-il si on pouvait faire fonctionner non pas 10% du potentiel neuronal, mais 20% ou 40% ? L’homme pourrait peut-être devenir un super-héros ? »

Diaporama: A l’aide de quoi réfléchissait Einstein : le cerveau du génie exposé à Londres

L’idée d’un surhomme a attiré et attire toujours l’attention des chercheurs. En 1924, à Moscou, par exemple, tout un centre de recherche scientifique a été fondé pour étudier le cerveau de feu Vladimir Lenine. Par la suite, tout un panthéon d’organes de scientifiques, d’artistes et d’hommes politiques a été réuni dans cet institut. Des cellules du cerveau de Lénine ont atterri dans le laboratoire du chercheur allemand, Oscar Vogt, chercheur nazi à la recherche du cerveau idéal du troisième Reich. Il s’est attiré les foudres d’Hitler, qui considérait que les expériences pouvaient altérer la pureté génétique.

Faire redémarrer l’esprit séparément de la personne relève du domaine du fantastique souligne le médecin Ekaterina Kostenko :

« Le cerveau ne peut fonctionner séparément de l’organisme. Il dépend du cœur, de l’âme, d’où proviennent les influx vitaux ».

Certains systèmes philosophiques réfutent l’existence même de l’âme. Par exemple, un des postulats fondamentaux de l’idéologie marxiste-léniniste était la déclaration catégorique que « la matière est première et la conscience secondaire ». Au début des années 1920 dans la Russie soviétique, des centaines d’intellectuels brillants ont été déportés pour avoir émis ce point de vue. Par la suite, sur les bases même de ce matérialisme, la génétique et la cybernétique ont été considérés comme des pseudosciences. Les professeurs et les académiciens  tremblent encore en se rappelant la difficulté à mener des recherches scientifiques dans le cadre idéologique.

L’expérience de cette tragique expérience sociale pourrait être un bon argument au débat sur l’idée de présenter une exposition telle que « la matière comme l’esprit ». 

Certains chercheurs contemporains affirment même que Lénine était un partisan de la philosophie du surhomme développé par Friedrich Nietzsche. L’institut de recherche qui a étudié le cerveau de Lénine n’a trouvé aucunes cellules de génie, mais par contre il a décelé un grand nombre de pathologies létales.

L’exposition à la galerie Wellcome House n’attirera sûrement pas les foules mais un public de spécialistes et d’étudiants en médecine, qui ont décidé de consacrer leur vie à soigner les maladies du cerveau.

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