Ils se sont rencontrés ... et sont tombés amoureux l’un de l’autre. Mais la guerre qui a éclaté, les a dispersés des deux cotés du front. C’est le destin qui fait que la jeune fille bosniaque s’est retrouvée dans un camp de prisonniers, où elle a de nouveau rencontré son amoureux. Mais ils sont ennemis maintenant… Tel est le dénouement du drame réalisé par Angelina Jolie.
N’ayant rien à avoir avec un film féminin, In the Land of Blood and Honey est rempli de scènes de violence, avec des images de tortures, exécutions, viols de masse et des bébés jetés depuis le balcon. Le spectateur voit toutes ces scènes d’horreur de la guerre presque depuis le début du film. Cette production de la star mondiale du cinéma, qui est en plus l’Ambassadrice de bonne volonté de l'ONU a provoqué la protestation des deux côtés du conflit. Les représentants de l'Association des femmes bosniaques, victimes de la guerre, se sont plaints de ce film auprès de l'ONU, accusant Jolie de romancer les relations entre les criminels de guerre. Quant aux Serbes, ils ont qualifié ce film de faux, très subjectif, et ont tout simplement refusé de le projeter dans leur pays.
Qu'en pensent les Russes ? « Angelina Jolie a choisi une position très habituelle des médias mondiaux : les Bosniaques sont des victimes, et les Serbes sont des brutes. C’est pourquoi la réaction en Serbie est tout à fait compréhensible », précise la critique du cinéma Irina Pavlova dans une interview à La Voix de la Russie.
« J’ai passé beaucoup de temps dans les Balkans dernièrement. Je suis allée en Croatie, en Serbie et au Monténégro. J’y ai discuté avec les gens et j’ai vu les vestiges de la guerre qui se déroulait il y a 20 ans dans cette région. Je comprends parfaitement ce qu’est la guerre civile, nous avons en Russie une mémoire génétique de ce type de conflits. Et dans cette histoire, on ne peut pas donner raison ou donner tort à l’un des cotés, surtout si l’on prend en compte le fait qu’il s’agit non seulement d’un conflit civil, mais aussi d’une querelle religieuse. Dans ce cas, une personne extérieure ne devrait pas s’immiscer dans le conflit... Sur le thème de la guerre des Balkans, deux films me semblent être de grandes réalisations. Il s’agit de « No Man 's Land » de Danis Tanovic et « Before the Rain » de Milcho Manchevski. L’un a reçu un Oscar, l’autre – le Lion d'Or de Saint-Marc au Festival du Film de Venise. Et il s’agit des films très précis ».
« Je sais qu’il est dur de regarder mon film, mais cela devrait ainsi », est persuadée Angelina Jolie. « C’est ainsi qu’on devrait montrer la guerre. Peut-être que c’est étrange d’entendre ce genre de choses de la part du réalisateur, mais je pense que le public devrait être mal à l'aise en regardant mon film », a-t-elle dit au Festival du Film de Berlin, où cette tentative d’Angelina Jolie de parler des choses aussi graves a été perçue avec le sourire. Mais la critique du cinéma Irina Pavlova ne pense pas qu’il serait approprié d’ironiser.
« Ce n’est pas du tout un film insignifiant » - a-t-elle déclaré. « Il est fait de manière passionnée et avec le soucis du détail. J’imagine qu’Angelina Jolie a été séduite par l’histoire – elle était inspirée par les tragédies humaines. Et je ne peux pas la juger pour la position qu’elle a choisie, car elle avait de nobles intentions, et on ne peut que lui vouer la reconnaissance pour cela. Quant au film en soi, on ne peut pas le qualifier de honteux, mais on ne peut pas non plus l’appeler de digne d’une bonne production cinématographique. Il faut être très courageux pour démarrer une carrière de réalisateur avec un sujet aussi terrible et controversé. Et pourtant, si vous voulez regarder un bon film sur cette guerre, je vous suggère quand-même de regarder « No man’s land » et « After the rain », qui sont selon moi de très bonnes productions cinématographiques ».