Lors de leur dernière rencontre à Séoul, le président russe Dmitri Medvedev et son homologue américain Barack Obama ont fait le bilan de leurs trois années de travail conjoint. Cependant, ils ne se sont pas dit adieu, mais ont désigné les lignes directrices de la coopération à suivre.
Cette rencontre avec le président américain était la dernière de Dmitri Medvedev en tant que chef de l'Etat dans le cadre de son mandat actuel. Les deux présidents ont été élus en 2008. Mais Dmitri Medvedev ne s'est pas représenté et a soutenu la candidature de Vladimir Poutine au poste présidentiel, et il devrait être nommé premier ministre en mai. En revanche, Barack Obama a l'intention de briguer un second mandat en novembre.
Les meilleures années de la décennie
Dmitri Medvedev a qualifié les trois dernières années des relations russo-américaines de meilleures de la décennie, en dépit des appréciations différentes du redémarrage des relations entre les deux pays, initié avec Obama lors de leur première rencontre à Londres le 1er avril 2009.
"Je pense que c'était probablement les trois meilleures années des relations entre la Russie et les Etats-Unis de la dernière décennie", a déclaré Medvedev aux journalistes à l'issue de la rencontre.
Le président américain a exprimé le même jugement: "Ces trois années étaient effectivement très productives." "En ce qui concerne la coopération entre nos pays, elle est primordiale pour la paix et la stabilité dans le monde entier, et dans ce travail je n'aurais pas pu avoir de meilleur partenaire pour le renforcement de nos relations que Dmitri [Medvedev]", a déclaré Obama.
Toutefois, il a décidé de remettre à plus tard sa visite en Russie où il a été invité par Medvedev en son nom et au nom du président élu Vladimir Poutine. "Bien sûr, je voudrais visiter Saint-Pétersbourg, mais je crains de ne pouvoir le faire qu'après l'élection", a répondu Obama à l'invitation.
La question de l'OMC est close, reste l'amendement Jackson-Vanik
En remerciant les Etats-Unis pour leur soutien à l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Dmitri Medvedev a déclaré qu'il espérait que le problème de l'amendement Jackson-Vanik sera réglé avec succès. Selon lui, Moscou et Washington ont encore beaucoup de choses à faire pour porter les relations commerciales et économiques à un tout autre niveau aussi bien en termes d'échanges commerciaux que d'intensité de la coopération.
"La Fédération de Russie y est très intéressée, je pense que cela serait également utile pour la population et les entreprises américaines, notamment en période d'instabilité économique générale", a déclaré le président russe.
A son tour, Obama a fait remarquer que l'adhésion de la Russie à l'OMC était très importante pour le renforcement des relations commerciales et économiques entre les deux pays.
"Cela créera des emplois dans les deux pays. De plus, il a été question de l'amendement Jackson-Vanik, à savoir comment l'abroger afin que les entreprises américaines puissent profiter du marché ouvert russe ", a déclaré Obama.
L'amendement Jackson-Vanik, adopté par le Congrès américain en 1974, instaure des restrictions sur le commerce avec l'URSS. Depuis 1989, les Etats-Unis ont adopté chaque année un moratoire sur l'amendement, cependant, le Congrès ne l'a pas révoqué officiellement. Barack Obama a déclaré mi-novembre 2011 à l'issue de pourparlers avec Dmitri Medvedev, que l'administration américaine commençait les consultations avec le Congrès sur l'abrogation de l'amendement Jackson-Vanik.
ABM, l'heure des questions techniques
Parmi d'autres questions sensibles de l'ordre du jour bilatéral, la situation du déploiement du bouclier antimissile (ABM) américain en Europe demeure au premier plan. La Russie exige des Etats-Unis des garanties claires basées sur des critères géographiques et techniques objectifs attestant que ce système ne sera pas dirigé contre la Russie. Il est également primordial pour la Russie que ces garanties soient juridiquement contraignantes et formulées sous forme écrite. Mais l'OTAN tente de persuader la Russie de croire sur parole que l'ABM ne sera pas utilisé contre les forces nucléaires de dissuasion russes.
La rencontre de Séoul n'a pas permis d'avancer sur ce problème. Comme l'a déclaré Dmitri Medvedev, la Russie et les Etats-Unis campent sur leurs positions antérieures. Cependant, il a souligné qu'il restait encore du temps pour trouver un terrain d'entente.
"Nous pensons qu'il reste encore du temps et que la coopération et la discussion de tous les aspects liés au déploiement du bouclier antimissile américain en Europe pourraient être plus intensives. Nous avons convenu qu'à l'heure actuelle les spécialistes techniques devaient s'atteler à la tâche. Quoi qu'il en soit, nous restons sur nos positions mais le dialogue sur ce thème n'est pas seulement possible, mais nécessaire", a déclaré Dmitri Medvedev.
De son côté, Barack Obama a fait remarquer que la Russie et les Etats-Unis avaient encore beaucoup de travail à accomplir sur de nombreuses questions.
"Actuellement, il est temps de commencer les discussions sur les questions techniques entre nos spécialistes techniques, nos équipes", a-t-il déclaré.
En désaccord sur la Syrie mais d'accord avec Annan
A la veille de la rencontre de Séoul, un conseiller du président russe disait que les positions de Moscou et de Washington divergeaient sur plusieurs thèmes internationaux, avant tout sur le règlement de la situation en Syrie.
L'entretien entre Medvedev et Obama n'a pas permis de rapprocher les positions des parties.
Le soutien de la mission de l'envoyé spécial de l'ONU Kofi Annan en Syrie est la seule chose sur laquelle se rejoignent les deux pays, qui sont prêts à l'appuyer par tous les moyens.
Le président russe a également souligné la nécessité d'agir de manière à ne pas créer de problèmes graves et de faire en sorte que la menace de guerre civile qui plane au-dessus de la Syrie ne devienne pas réalité, et que la mission d'Annan se conclue par l'établissement d'un dialogue à part entière.
Medvedev et Obama ont également discuté de la situation générale au Moyen-Orient, du problème de l'Iran et de la situation en Afghanistan. En abordant le problème nucléaire iranien, le président américain a noté que les parties avaient convenu qu'il fallait "saluer les négociations avec l'Iran dans le format 5+1."
"Cela sera prochainement annoncé. Il s'agit de parvenir à une solution diplomatique du problème, de faire en sorte que l'Iran respecte ses engagements internationaux, afin qu'il puisse revenir au sein de la Communauté de Nations (Commonwealth of Nations), et pour que l'Iran dispose de l'énergie nucléaire pacifique et pas de l'arme nucléaire", a déclaré Obama.