Il y a cinquante ans, le 18 mars 1962 des accords entre le gouvernement français et le gouvernement de transition algérie n ont été signés à Evian-les-Bains. Les accords ont instauré un cessez-le-feu et décidé l'organisation d'un référendum d'autodétermination en Algérie. Les accords d'Evian ont mis fin à huit ans de guerre. C'est le président de Gaulle élu pourtant pour son slogan « L'Algérie restera française », qui était le premier, dès septembre 1959, à avoir soulevé la question du droit de l'autodétermination du peuple algérien. A l'époque, soit cinq ans après le début de la guerre en 1954, l'armée française avait le contrôle quasi-total de la situation en Algérie et la France semblait donc être assez forte pour garder ce territoire, cette « perle » coloniale française sur le continent africain. Et pourtant le général de Gaulle a décidé de laisser l'Algérie partir en comprenant, de toute évidence, mieux que les autres la situation. Voici ce qu'a dit Charles de Gaulle à l'occasion de la signature des accords d'Evian :
En acceptant l'indépendance de l'Algérie de Gaulle espérait une amitié et une coopération avec celle-ci. Mais la réalité était tout autre. Cinquante ans après les relations entre ces deux Etats restent toujours difficiles. La commémoration de la conclusion des accords d'Evian en Algérie et en France n'a pas été facile non plus. Peu avant le 19 mars, la date du cessez-le-feu, le ministère français de la Défense a déclaré qu'il n'y aurait pas de cérémonie consacrée à cette date. Les Français n'ont pas voulu évoquer de mauvais souvenirs douloureux. Des associations des vétérans et certaines municipalités se sont quand-même organisées pour déposer de couronnes sur des tombes des soldats tués pendant la « guerre d'Algérie ». Les membres de l’Organisation de l'armée secrète qui prônait une Algérie française, ont été également commémorés. Les vétérans de la « guerre d'Algérie » ont défilé le 18 mars à Paris. Disons au passage qu'à la vieille du cinquantenaire une stèle commémorant la fin des combats en Algérie à Grigny (Essonne) a été profanée.
Il n'y a pas eu de cérémonies officielles en Algérie non plus. Le quotidien algérien El-Watan a même publié un article intitulé « Cinquante ans de l'indépendance : un silence de la part de l’Algérie ». Dans une interview à ce même quotidien, le candidat socialiste à la présidentielle française, François Hollande, a appelé lundi à en finir avec « la guerre des mémoires » entre la France et l'Algérie « afin d'affronter les défis communs en Méditerranée ». Monsieur Hollande visait, de toute évidence, son concurrent Nicolas Sarkozy. Mais ce n'est pas tout – El-Watan et le site français d'informations internet Owni ont annoncé le lancement le 18 mars d'un site numérique Mémoires d'Algérie, premier musée numérique sur la guerre d'indépendance du pays.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a choisi lui aussi à garder le silence, se contentant d'adresser à ses compatriotes un message dans lequel il met surtout l'accent sur les législatives du 10 mai. « J'ai tout espoir que les prochaines élections verront une participation massive des enfants de la nation avec autant d'engouement et d'enthousiasme (que ceux) qui avaient poussé ces derniers, un certain jour de 1962, à exprimer leurs voix lors du référendum d'autodétermination », déclare-t-il. P ar ailleurs, le 18 mars le président de l’organisation des anciens combattants de la Guerre d'Algérie (des moudjahidines), Saïd Abadou a appelé le futur parlement à « adopter » la loi criminalisant le colonialisme français.
De toute façon, le cinquantenaire des accords d'Evian seront certainement évoqués le 5 juillet, le jour de l'indépendance de l'Algérie.