Mario Draghi a reconnu en automne dernier que la zone euro se trouvait en effet dans une situation très difficile, et son système bancaire était au bord d'une nouvelle crise des liquidités. Mais actuellement, selon le chef de la Banque centrale européenne (BCE) ce danger est passé. Selon les analystes, la déclaration optimiste du chef de la BCE est liée avec le fait que la situation dans le secteur financier en Europe s’est beaucoup améliorée au cours de ces dernières années. C’est principalement grâce à ce fait que la Banque centrale européenne a fourni aux créditeurs de la région des prêts pour une somme totale de 530 milliards d’euros.
« Déjà en mars de cette année, après une nouvelle opération de placement de fonds à grande échelle, la demande du système bancaire sur les finances de la banque centrale européenne a commencé à baisser sensiblement », analyse Olga Boutorina, chef du Département de l’intégration européenne de l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO). « Il y a à peine quelques jours, la Banque centrale européenne a même mené une opération pour absorber les fonds excédentaires, qui circulent dans son système bancaire. Cela aurait donné une raison à Mario Draghi d’affirmer que le pire dans la zone euro est passé ».
Cependant, tous les experts sont loin de partager l'optimisme du chef de la BCE. Certains estiment qu’une nouvelle tranche d’aide financière n’a résolu le problème qu’à court terme. Selon Anatoli Bajan, chef du Centre des problèmes monétaires et financières de l'Institut de l'Europe, sous l’égide de l’Académie russe des Sciences, la situation en Europe est toujours assez grave.
« Nous voyons qu’il y a une période d’accalmie actuellement, car des crédits sont distribués et un grand incendie a été éteint. Mais sur le long terme, je suis toujours persuadé que le problème ne pourra pas être résolu, et il va persister, même d’une manière inactive ».
Mario Draghi reconnaît en partie que les risques persistent pour l'économie européenne. Il s'agit notamment de l’augmentation significative des prix du pétrole, ainsi que d'une augmentation relativement faible du PIB dans les pays européens. Selon Olga Boutorina, une faible croissance pourrait avoir des conséquences extrêmement négatives pour les citoyens de ces pays.
« Les risques demeurent évidemment, et l’un des risques principaux, c’est une croissance lente du PIB dans la zone euro. Au dernier trimestre de l'an dernier, cette croissance représentait à peine 0,7 %, alors que pendant les trimestres précédents, ce taux s’élevait à 1 %. Et sans la croissance économique, on ne peut pas réduire le taux de chômage ».
L'une des manières de résoudre les problèmes économiques dans la zone euro, c’est augmenter le fonds européen de stabilité financière, estiment les experts. Selon Financial Times, cette question sera discutée par les ministres des finances des pays européens la semaine prochaine à Copenhague. Nous supposons que grâce aux pays qui ne font pas partie de l’UE, le fonds de stabilité pourrait être augmenté de 500 à 940 milliards d'euros. Toutefois, selon Olga Boutorina, les fonctionnaires européens prendront une telle mesure uniquement pour calmer les marchés financiers.
« L’augmentation des fonds de stabilité est entreprise en premier lieu pour résoudre les problèmes qui se posent sur le marché pour des raisons psychologiques. C’est une vieille manœuvre, à laquelle font régulièrement appel les différents pays du monde. Je pense donc que ces fonds sont nécessaires non seulement pour aider les pays touchés par la crise, mais surtout pour montrer que le volume des stocks est très élevé, même pour la grande économie de la zone euro. Ce genre de mesures calment généralement la nervosité sur les marchés ».
Même si la situation va forcer les Européens à sortir des fonds des réserves financières, il est peu probable que le problème de la crise soit entièrement résolu. Car les pays qui recevront les aides, ne feront qu'augmenter le montant total de la dette, considère Anatoli Bajan.
« L'argent donné par la BCE, ce sont essentiellement des prêts, ou des crédits. Globalement, le problème n'est pas résolu. Car la dette ne se réduit pas de cette manière ».
Quoi qu'il en soit, les experts sont unanimes, dans un avenir proche, la situation en Europe va continuer à se stabiliser progressivement. Cependant, une fois que le moment de rembourser les prêts viendra pour l’un des pays à problèmes, tout pourra se dérouler selon le scénario grec. Et la zone de la monnaie européenne unique risque à nouveau de se retrouver sur le bord de l'effondrement.