Au fil des années se constitue un fossé croissant entre le pouvoir (qui est de nature oligarchique) et les Français. Cette coupure se voit par les analyses d’opinion. Selon Bréchon et Tchernia dans leur livre sur les valeurs des Français, 38 % de Français ont confiance dans le pouvoir politique. Il en est de même pour les medias et les syndicats. Par contre plus de 80 % ont confiance dans notre système de santé, dans notre armée ou notre police. Or, les politiciens et les syndicalistes sont élus : il y a donc bien un problème de représentation !
Pour comprendre l’impasse du monde occidental en général et celle dans laquelle se trouve la France en particulier, il faut prendre en compte deux données fondamentales :
1/ « L’épée est l’axe du monde » a écrit De Gaulle. Depuis toujours, le pouvoir appartient à celui qui a gagné la guerre. En l’occurrence, le pouvoir mondial, partagé entre les USA et l’URSS après la défaite du 3ème Reich et du Japon, appartient aujourd’hui en totalité ou presque (il reste quelques ilots qui résistent comme la Russie ou la Chine) à la super puissance américaine. Ce pouvoir est si grand que beaucoup ont peur de le nommer préférant parler, par exemple, de « super classe mondiale » en réalité totalement à la dévotion des USA. L’ancien ministre Hubert Védrine a justement appelé les USA l’hyper-puissance. Le pouvoir américain influence profondément notre vie politique. Les grands thèmes politiques développés par les medias comme l’éloge de la diversité, la renonciation au patriotisme dénoncé comme nationalisme, l’ouverture à l’immigration, la religion des droits de l’homme qui se substitue à l’éthique et à la religion traditionnelle viennent des Etats-Unis. Beaucoup de mouvements subversifs de gauche, contraints de quitter l’Europe à cause des nazis et des communistes, ont prospéré aux USA. C’est le cas du freudisme né à Vienne ou de l’Ecole de Francfort avec Habermas et Horkheimer et Marcuse. Ces mouvements sont revenus en Europe vers 1968.
Les modes administratives comme la démilitarisation et la privatisation systématiques, ou la confiance excessive en la technologie viennent aussi du monde anglo-saxon.
C’est pourquoi attendre le salut de l’Etat, comme le font certains leaders de droite, lorsque nous voyons à quel point l’Etat est gangrené par les modes idéologiques de la gauche américaine est une politique de gribouille. Il faut au contraire combattre l’Etat actuel au nom du peuple et le réformer profondément par une volonté idéologique extérieure.
2/ Le pouvoir technocratique domine les mécanismes de décision de l’Etat, législatifs, exécutifs et judiciaires. La technocratie d’Etat et la technocratie des très grandes entreprises sont souvent profondément mêlées mais la technocratie est aussi réceptive aux pressions des syndicats, patronaux comme ouvriers, aux pressions des medias de gauche (c’est une tautologie) et des associations qui se prennent pour des autorités morales.
Prenons l’exemple de la police. Il existe des conflits entre la fin (la sécurité de tous) et la norme : en effet, depuis de nombreuses années, la norme qui émane du pouvoir politique et médiatique, est fondée sur la méfiance, non envers les voyous mais envers les policiers. Un appareil juridique et judiciaire, qui a maintenant une importante composante internationale (la Cour européenne des Droits de l’Homme par exemple) empêche les policiers de faire leur métier de façon efficace. Le nombre des policiers ne permet pas à lui seul de rétablir la sécurité. Le policier lui-même est ligoté par un ensemble de procédures qui le paralysent. Ce fait fut parfaitement analysé dans le blog de Maxime Tandonnet à propos de l’immigration clandestine. Cela a valu à son auteur d’être chassé de son poste de Conseiller du Président de la République pour l’immigration.
Il y a conflit entre la fin et les moyens. Double conflit : l’un oppose la direction du budget à la police. L’autre oppose les tenants du fétichisme de la technique à l’action humaine. Il y a aussi conflit entre la fin et la cause motrice (les personnels) : ce sont les syndicats qui terrorisent le pouvoir politique et qui imposent des conditions de fonctionnement qui nuisent à l’efficacité policière. Syndicat et pouvoir d’associations diverses interfèrent avec le pouvoir du ministre et l’autorité de ce dernier en sort très affaiblie.
Le policier est ainsi victime des normes à la mode, des limites budgétaires, des excès de confiance dans la technologie et des pressions syndicales, toutes causes qui l’empêchent d’être efficace. Le résultat est là : 1,5 million de crimes et de délits de 1945 à 1968 ; puis une montée à partir de cette date jusqu’à 4,5 millions de crimes et délits aujourd’hui. Certes, cet échec n’est pas dû qu’à l’inefficacité relative de la police et de la justice. C’est aussi l’état des mœurs qui est en cause avec un individualisme matérialiste sans frein.
Nous pourrions prendre d’autres exemples, la politique fiscale ou la politique de l’éducation, par exemple.
La réforme de l’Etat a peu de chances de se faire par l’Etat. Il faut un agent extérieur, c’est le peuple. C’est pourquoi la démocratie directe est l’arme idéale pour combattre la technocratie. Les exemples étrangers que nous avons (la Suisse est le plus connu) le montrent. Il faut que l’Etat se soumette à la Nation car c’est elle la cause finale de l’action politique. L’Etat doit être au service du peuple et non l’inverse.
Qui est l’Etat dans notre pays ? Un groupe d’hommes qui se finance par la force (l’impôt) et qui édicte des normes en liaison avec les oligarchies dominantes qui puisent leur idéologie principalement dans les milieux de la gauche américaine.
Le cœur du dispositif de recrutement français est l’ENA. Aux USA, ce sont plutôt les milieux d’affaires qui dominent (les ambassadeurs américains notamment viennent souvent de là). En Russie, l’école majeure du pouvoir est celle du FSB ; Il est de bon ton de critiquer cette dernière organisation mais force est de constater que les « siloviki » (personnels de forces militaires au sens large) ont plus de sens moral et patriotique que les oligarques d’Eltsine qui étaient des bandits de grands chemins. Ce sont des militaires et le militaire est par définition plus patriote et plus capable d’abnégation que le civil.
L’identité nationale se définit par quatre pôles : le pôle territorial ou géographique, le pôle politique, le pôle national ethnique ou culturel et le pôle religieux. De Gaulle qui s’y connaissait disait que la France est un pays européen de race blanche, de religion chrétienne, de langue latine et de culture gréco romaine. Aujourd’hui avec le politiquement correct, ce genre de vérités n’est pas à dire !
On constate souvent que les Etats rendus décadents par le pouvoir des technocrates ou des marchands, sont parfois sauvés par des militaires. De Gaulle en fut un des meilleurs exemples et Poutine en Russie semble d’une étoffe analogue, celle de l’officier patriote.
Le bureaucrate ne connaît guère le risque, cela n’incite pas au courage qui est la vertu la plus rare aujourd’hui en politique. Il cherche moins la gloire que le pouvoir, plus accessible et qui satisfait son ego de bon élève. Il fait avant tout une carrière quitte à négliger sans en être toujours conscient l’intérêt national. Ses concitoyens sont des « assujettis ». On attend d’eux non la participation mais la soumission passive. On me dira que je décris ici l’Union soviétique de Brejnev, celle de la stagnation. A vrai dire, la France actuelle a quelques analogies dans une variante « soft power » bien sûr ! On respecte les Droits de l’Homme c'est-à-dire les libertés formelles, encore qu’avec quelques accrocs notamment quant à la liberté d’expression.
Les Droits de l’Homme en effet sont instrumentalisés contre l’éthique traditionnelle et contre l’identité nationale comme l’a bien montré Cyrille Premier, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, dans son livre « l’Evangile de la Liberté ; les valeurs de la Tradition dans la société laïque ». Ce pouvoir dictatorial des Droits de l’Homme, traduit en lois contraignantes et exécuté par des tribunaux, est finalement profondément antidémocratique. Nous le voyons bien avec quelques exemples de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg.
Il n'y a qu’en Russie où le pouvoir des oligarques coupés du peuple a été renversé par Vladimir Poutine et son parti des patriotes Russie Unie. Cela vaut à ce dernier une diabolisation permanente dans les medias occidentaux.
La fin du pouvoir oligarchique sera liée sans doute à l’amplification des crises : économiques, de sécurité, d’identité face aux défis que sont la dette publique, le chômage, la criminalité et l’immigration de masse. Mais il faut pour cela aussi un renouvellement du personnel politique : les oligarques doivent céder la place à des hommes soucieux du bien commun, prêtres, militaires ou d’autres professions. Il faut pour cela une évolution (qui est en cours surtout chez les jeunes) des mentalités.
Il fait aussi changer les institutions et mettre en place des éléments de démocratie directe pour que le peuple, et pas seulement les oligarques, puisse influer sur la politique nationale ou locale.