En commentant les négociations des six pays (cinq pays membres de Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Allemagne) avec l’Iran après les entretiens avec le premier ministre britannique David Cameron, le président américain Barack Obama a déclaré: « Je pense que les Iraniens doivent comprendre que la marge de manœuvre pour une solution diplomatique à cette question se rétrécit ». Dans le même temps, Obama a souligné: « Nous ferons tout notre possible pour résoudre le problème par des moyens diplomatiques ».
Il y a quelques jours, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne Saïd Jalili, a soutenu l'initiative des six médiateurs internationaux sur la reprise des négociations avec Téhéran concernant le programme nucléaire. Les négociations devraient se tenir le mois prochain à Istanbul.
Même si le ton de la rhétorique anti-iranienne monte de mois en mois, accompagnant le mouvement constant des groupes aéronavals américains dans la région du golfe Persique, les résultats des élections au parlement iranien (Majlis), qui ont eu lieu en Iran le 2 mars dernier, seraient devenus la condition préalable pour la reprise des pourparlers. Le groupe politique du président Mahmoud Ahmadinejad a subi la défaite lors de ce scrutin, ce qui aura certainement une influence sur les élections présidentielles en été 2013, en augmentant les chances du candidat protégé de l'ayatollah Khamenei. Dans tous les cas, les résultats des élections vont affaiblir les conflits entre les partis dans le pays où chaque fraction utilise le conflit avec les pays occidentaux à des fins de propagande. Désormais, le dialogue des Iraniens avec les six pays médiateurs ne sera pas alourdi par la rhétorique électorale. Et la remarque d’Obama, qui a dit : « nous aimerions avoir de l'autre côté de la table des négociations quelqu’un qui prendrait les choses au sérieux », n’est pas du tout une figure de rhétorique.
Dans ce cas, malgré la pression d’Israël, Obama insiste fermement sur le fait qu’il ne traversera pas la ligne rouge, son franchissement pourrait menacer l'Iran d’une attaque militaire. Ce fait a été confirmé par le Département d’Etat des Etats-Unis, qui a nié les informations parues dans certains médias russes, à savoir que les pourparlers avec les six pays seraient selon les Etats-Unis la dernière chance pour l’Iran.
Comme le rapporte l’agence Interfax, en réponse à la question, si la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, aurait déclaré lors de la rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov que ces pourparlers sont « une dernière chance » pour Téhéran, Victoria Nuland, porte-parole du Département d'Etat a précisé que « la secrétaire d’Etat n'a pas envoyé aucun avertissement à l’Iran par le biais du ministre Lavrov ». D’ailleurs, a ajouté Nuland, le thème de l’Iran lors des discussions des chefs de la diplomatie des deux pays, était abordé dans la mesure où les deux pays souhaitent que « ces négociations apportent des résultats significatifs, de sorte qu'ils ne soient pas utilisés (par l'Iran) pour poursuivre son programme nucléaire en attendant ».
En résumé, l'adjectif « dernier » n’a pas été prononcé dans le contexte de la prochaine réunion. Comme l'a noté le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, « la dernière chance n’existe pas en diplomatie ». C’est pourquoi d’autres sujets pourraient également être abordés à Istanbul.
Il s’agit avant tout de l'admission des inspecteurs de l'AIEA aux installations, qui suscitent la préoccupation de l’agence. Malgré le fait que de nombreuses inspections de l'AIEA ont déjà été menées dans le pays, Téhéran n'a pas signé avec l'AIEA, le protocole additionnel, qui permet un accès illimité des inspecteurs à toutes les installations nucléaires, comme c’est le cas dans d’autres pays. En même temps l’Israël, l'Inde et le Pakistan n'ont jamais signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et ces contrôles ne s'appliquent pas à ces pays.
C’est pourquoi Téhéran a une possibilité officielle de refuser ces contrôles. Mais les pays occidentaux, tout comme la Russie, peuvent s’attendre que l’Iran permette aux inspecteurs de vérifier qu’aucun programme nucléaire n’est appliqué dans le pays. Ils pourront donc de faire des tests, inspecter les installations de fabrication, et évaluer le travail des centrifugeuses d’enrichissement de l'uranium. Ce n’est qu’ensuite, qu’ils pourront évaluer l'ampleur réelle des travaux et les menaces potentielles, tirer des conclusions, et faire des prévisions. « Si l'Iran répond à toutes les questions de l'AIEA, il aura tous les droits que possèdent les participants non-nucléaires, adhérents au traité sur la non-prolifération (TNP). Il s’agit notamment du droit d'enrichir l'uranium pour en faire du combustible », souligne Lavrov. « Je pense que c’est actuellement notre tâche principale ».
Cependant, le problème, réside dans les exigences de la part des six pays médiateurs concernant l’inspection qui pourraient être trop excessives. « Les Iraniens pourraient être d’accord sur les inspections, mais tout dépend de ce qu’on leur demandera de montrer », explique le Général-lieutenant à la retraite des services de renseignement étrangers russes Guennadi Evstafiev. « Chaque État possède ses propres secrets du financement de la politique scientifique et technologique. La chose principale, c’est de ne pas provoquer les Iraniens à une réaction violente », croit l'expert.