Mais il semble, cependant, que ce coup de vent froid n'a pas éteint la possibilité de la coopération entre les deux Corées dans le cadre du projet gazier russe. Pyongyang comprend très bien que la réussite de ce projet permettra au pays de sortir de l'isolement international et renforcer la position de son nouveau leader dans le monde.
Un jour avant les discussions des diplomates russes et nord-coréens à Moscou sur les perspectives de la pose de ce gazoduc, le président sud-coréen Lee Myung-bak a déclaré qu'il espère parvenir à un accord positif des trois pays sur cette question. L'annonce a été faite lors d'une conversation téléphonique avec le premier ministre russe Vladimir Poutine. Lee Myung-bak a félicité le dirigeant russe avec la victoire aux élections présidentielles. En réponse, Poutine a promis de faire des efforts pour améliorer les relations intercoréennes. Il est évident qu’un tel facteur puissant comme l'intérêt des deux Corées dans le gaz russe, devrait jouer un rôle décisif. Et Alexandre Vorontsov, le chef du Centre d'études coréennes, de l’Institut des études orientales de l’Académie russe des sciences n’a aucun doute sur ce point.
«Le projet est évidemment intéressant et bénéfique pour tous trois les participants», analyse-t-il. «La Corée du Sud est le deuxième importateur du gaz dans le monde après le Japon, et il a besoin de diversifier ses ressources énergétiques. La charge politique de ce projet commercial est également évidente. Le début de sa mise en œuvre contribuera directement à la normalisation des relations entre le Nord et le Sud de la péninsule coréenne. Et cela, à son tour, leur permettra de passer à une coopération constructive économique en général».
La confirmation par les deux pays sous de nouvelles conditions de leur intérêt dans le projet de gazier leur donnera un signal pour intensifier les négociations au niveau des entreprises énergétiques. Moscou s'attend à ce que les livraisons du gaz russe par gazoduc en Corée du Sud pourront commencer en 2017. Pour ce faire, il faut poser un tuyau de 1100 kilomètres de long, dont 700 passeront par le territoire de la RPDC. Il est peu probable que la Corée du Nord puisse construire et entretenir un gazoduc de transit. Il va falloir que le groupe Gazprom le fasse, surtout si la Russie veut que le projet aboutisse. La Corée du Sud ne veut pas résoudre le problème des risques politiques avec le pays qui fournira le transit du gaz. Elle voudrait que ces négociations se produisent par l’intermédiaire de Moscou. Tout cela alourdit clairement ce projet pour la Russie. Mais ces complications ne le rendent pas moins attrayant commercialement et politiquement.