Les millions de trésors du musée de la musique

Les millions de trésors du musée de la musique
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«Garder et collectionner». Ces deux mots résument le siècle de travail du plus grand musée musical de Russie. Le Musée de la musique de Moscou, qui porte le nom du compositeur russe Mikhaïl Glinka, vient de fêter son siècle d’existence ce dimanche.

La carte de visite du musée de Glinka – ce sont deux énormes collections. La première, c’est une collection d'instruments de musique des peuples du monde, allant des plus anciens et élémentaires aux plus modernes, créés au 20e  siècle. La deuxième, c’est la collection la plus importante des instruments à archet, qui regroupe de véritables joyaux des plus grands luthiers : Amati, Stradivari, Guarneri.

Mais tout ceci n’est que 3000 objets d’exposition, alors que le fonds du musée comptent près d’un million de pièces», raconte dans un entretien à Voix de la Russie la directrice adjointe du musée Karina Balassanian. «Nous possédons aussi des archives de manuscrits, une collection d'enregistrements – des disques vinyles aux fichiers audio et vidéo plus modernes, ainsi que des livres et des cahiers de musique, et un fonds de bibliothèque. Nous avons également une collection de négatifs, avec des daguerréotypes anciens et même des films, qu’on peut visionner avec un stéréoscope, qui permet de voir les images en volume. Il y a aussi des photos de musiciens, des scènes, et des spectacles musicaux. Nous possédons une très grande collection d’objets de l'art théâtral: des esquisses de décors, des costumes, et des portraits d'artistes célèbres, comme Constantine Korovine, Alexandre Benois, Alexandre Golovine, Mikhaïl Nesterov, Valentin Serov…

A la base de cette énorme collection, un petit musée, qui a ouvert ses portes le 11 mars 1912 et était consacré au fondateur du Conservatoire de Moscou, le pianiste et chef d’orchestre Nicolaï Rubinstein. Mais maintenant, le musée de Glinka, outre son grand bâtiment à trois étages, construit spécialement en 1980 pour la conservation des fonds du musée et les expositions permanentes et temporaires, ainsi que des concerts et des conférences scientifiques, possède cinq autres filiales dans le centre historique de Moscou. Il s’agit des appartements-musées, liés avec la vie ou l’activité des célèbres musiciens russes, notamment les compositeurs Tchaïkovski, Prokofiev, et le chanteur Chaliapine.

Le recueil de toutes ces collections n’était pas une tâche facile. Ce processus a nécessité le fanatisme et le courage des employés de ce musée. Car à l’époque soviétique, il était presque interdit de mentionner le nom  de certains musiciens, notamment ceux qui ont quitté la Russie après la Révolution de 1917.  Les célébrités, comme Sergueï Rachmaninov, et Fédor Chaliapine faisaient partie de cette catégorie.

Et nous arrivions à recevoir les archives de ces musiciens, grâce à Ekaterina Alekseeva, qui occupait le poste de directrice de ce musée à la fin des années 1930, poursuit Karina Balassanian. Le gouvernement soviétique a lancé un véritable anathème contre Sergei Rachmaninov, et pourtant, Ekaterina Alekseeva n'avait pas peur de contacter sa famille à l'étranger. C’est ainsi que le musée a reçu une énorme archive et de nombreux objets personnels de Rachmaninov, notamment des objets sur son bureau. Ekaterina Alekseeva était en bons termes avec la fille de Chaliapine Irina, qui a réussi à conserver une grande partie d’objets de leur maison moscovite, et a légué tous ces objets à notre musée. D’autres enfants de Chaliapine nous ont apporté d’autres effets personnels du chanteur. Il s’agit, par exemple des médailles de l’artiste, dont trois médailles françaises de la Légion d’Honneur, qui nous ont été envoyées par son fils Fédor de Rome. D’ailleurs, avant la mort de Chaliapine, sa femme et sa fille ont envoyé de France en Russie des malles avec ses costumes de scène, et une partie de ces costumes décore notre filiale – la maison moscovite du chanteur.

Le Musée de Glinka n’avait jamais pour but de se concentrer uniquement sur la musique et les musiciens russes. «Notre tâche – c’est de réunir tout ce qui est lié à la culture musicale en général», estime Karina Balassanian.

Nous avons beaucoup d’objets qui sont liés avec la musique étrangère. Par exemple, les autographes Brahms, de Beethoven et deux cahiers de notes, dans lesquels ce dernier écrivait. Un cahier date de 1802 - 1803, et l’autre - de 1825. Il s’agit des cahiers qu’on appelle «moscovites». Nous avons en notre possession le manuscrit allemand de l'opéra de Weber «Der Freischütz». Il s’agit d’un vieux manuscrit de début du 19e  siècle, avec lequel travaillait le maître en personne, et on peut le voir ! Il y a aussi une véritable merveille - le concerto pour piano de Mozart. Il s’agit du manuscrit d'un copiste, mais dans la cadence, on voit des remarques, faites par le main de Mozart – il y corrigeait certains détails. Un spécialiste du musée de Mozart à Salzbourg nous a confirmé qu’il s’agit bien de l’écriture de Wolfgang Amadeus!

Les collections du Musée de Glinka suscitaient toujours un grand intérêt, notamment parmi les visiteurs étrangers. En fait, ce musée est l'un des plus populaires à Moscou. Toutefois, il n’a pas été épargné par des scandales: il suffit de rappeler du vol qui s’est produit il y a cinq ans. Deux violons rares ont alors disparu de la collection permanente. «Lorsque j’ai vu les vitrines vides, je me suis assise par terre et j’ai pleuré», se rappelle Karina Balassanian. «J’avais tellement de peine, comme si on avait cambriolé mon propre appartement. Mais le malheur nous est venu en aide. Après ce vol, le ministère de la Culture nous a alloué des fonds supplémentaires, et maintenant, il est peu probable que quelqu’un soit en mesure de passer à l’acte à nouveau». Quant aux violons de Stradivari et Steiner, ils ont été retrouvés un an après, et nous les avons à nouveau dans notre collection». 

Au cours de cette année anniversaire, le Musée de la culture musicale de Glinka va participer au moins à deux expositions temporaires à l'étranger – en Chine, et en Allemagne.

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