Ici notre nouvelle émission du cycle «Gros plan sur l’Afrique». Notre observateur Alexeï Grigoriev, son présentateur permanent, vous propose aujourd’hui l’article «Les Africaines en lutte pour une place digne dans la société» et notre résumé «Afrique, échos de la semaine» viendra comme toujours à la fin. Envoyez vos réactions à l’animateur du programme à son adresse e-mail yazon@ruvr.ru
«Investir dans l'avenir des femmes» – tel est le slogan lance par l’ONU à l’occasion de la Journée internationale de la femme-2012 célébrée pour la 101e fois dans le monde le jeudi 8 mars. «Investir dans l'avenir des femmes n'est pas seulement souhaitable du point de vue de la justice, c'est la chose intelligente à faire», a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon dans son message au Symposium de l’ONU consacré à cette date. «Les femmes ont des potentialités énormes à la fois en politique et économie mais elles sont mal utilisées de nos jours», a déclaré à son tour Navi Pillay, Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme. Les femmes Africaines ont également fait valoir lee 8 mars leurs droits à la participation à la politique, à l’économie et à la vie sociale. La population du continent a dépassé un milliard de personnes. Les femmes qui en constituent près de la moitié, restent toujours la partie la plus opprimée et asservie de la population africaine. L’organisation internationale Social Watch établit tous les ans l’Indice de l’égalité des sexes qui renferme 90 indicateurs. Les pays scandinaves viennnent en tête talonnés par la Russie avec 75 points et qui surpassse les États-Unis (50 points), la France et d’autres pays industrialisés. Les pays africains restent comme toujours à la fin du classement en ce qui concerne l’égalité des sexes. Mais il y a aussi des exceptions comme le Rwanda qui est déjà en avance sur le reste du monde dont les pays de la «veille» démocratie pour le nombre des femmes parlementaires. Elles sont près de la moitié parmi les députés de la chambre basse contre la moyenne de 17% dans le monde. Pourtant, le Rwanda a un autre indicateur, tragique cette fois : pendant la génocide ethnique de 1994 opposant les Hutus et les Tutsis, ont été violées entre 250 et 500 000 femmes, soit environ 20% de sa population féminine.Les historiens témoignent qu’en période pré-coloniale les femmes occupaient une place très élevée dans la société africaine traditionnelle. La colonisation de l’Afrique par les Européens et la christianistion souvent forcée, d’une part, et l’islamisation agresssive d’une partie considérable de la population, d’autre part, ont précipité les femmes en périphérie de la société en les privant d’un grand nombre de privilèges d’autrefois. Devenue marginale, la femme africaine a subi et continue à subir de plein fouet tous les revers du retard économique, politique et social des pays du continent. L’indépendance n’a presque rien changé dans le destin des femmes qui restaient la partie la plus pauvre et la plus exploitée des pays nouvellements indépendants. La sociologue sénégalaise Marie-Angélique Savane parle ouvertement de l’épouventable féminisation de la pauvreté en Afrique. Dans le contexe d’un chômage de masse et des revenus peu élevés des hommes, ce sont pricisément les femmes qui ont supporté et supportent tous les frais liés à l’entretien des famillles et à l’éducation de la génération montante. Un autre fait est consituté par la violence généralisée dont font l’objet les femmes pendant les conflits armés qui, hélas, émaillent toute l’histoire africaine contemporaine. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda. Il est vrai cependant que 5 ans plus tard les autorités de ce pays ont mis le cap sur l’égalité des sexes en adoptant la loi qui confère aux femmes les mêmes droits en matière d’héritage qu’aux hommes, allant ainsi à l’encontre des normes traditionnelles qui garantissaient l’héritage seulement aux enfants de sexe masculin. Les veuves et orphelines du génocide de 1994 ont ainsi pu obtenir des terres. D’autres pays africains procèdent également à une révision sérieuse des normes traditionnelles de propriété dans l’intérêt des femmes. Ainsi, plusieurs pays d’Afrique Occidentale ont adopté les programmes des micro-crédits bonifiés destinés à soutenir les femmes qui fondent les petites entreprises, surtout dans le secteur agraire. Du reste, dans la majorité des pays du contient, les femmes produisent jusqu’à 60% des produits alimentaires en n’utilisant que le travail manuel. "Comme une longue expérience nous l’a démontré de façon indiscutable, investir en faveur des femmes et des filles a un effet multiplicateur sur la productivité, l’efficacité et la croissance économique durable", a relevé le Secrétaire général de l’ONU en appelant les autorités des pays africains à soutenir par tous les moyens l’activité entrepreuniale des femmes.
Les problèmes d’accroissement du rôle des femmes dans la vie des pays africains et de leur intégration à la politique finissent peu à peu par être résolus. En 2004, la militante du mouvement pour la protection de l’environnement Wangari Maathai, une Kikuyu du Kenya, est devenue la première Africaine titulaire du prix Nobel. L’unique femme docteur es sciences, Wangari Maathai a organisé le premier Conseil national des femmes au Kenya et mis en place l’organisation écologique « La ceinture verte ». A son initiative a été fondée l’unique pépinière dont les plants ne sont distribués qu’aux femmes et à titre gratuit. Les mêmes pépinières ont fait leur apparition dans d’autres paysce ce qui a permis de planter plus de 30 millions d’arbres. En 2011, le prix Nobel a été attribué à deux Africaines à la fois - la présidente du Liberia, Ellen Johnson et sa compatriote militante des droits de l’homme, Leymah Gbowee. Elles ont été récompensées « pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et de leurs droits à participer au processus de paix », a déclaré Thorbjoern Jagland, le président du comité Nobel norvégien. Ellen Johnson, « la dame de fer », première femme à être élue démocratiquement en 2005 à la tête d’un pays africain, a brigue un second mandat à la présidentielle. Elle a œuvré pour la reconstruction de son pays ravagé durant quatorze ans par la guerre civile qui a causé la mort de 25 000 personnes et miné l’économie. A son tour, Leymah Gbowee a lance « la grève du sexe » contre la guerre en imitant en ceci Lysistrata de l’antiquité grecque. On se demande si la Libérienne Leymah Gbowee était au courant de ce moyen exotique de lutte pour la paix mais elle s’en est servie en 2003 en apportant une grande contribution à la cessation de la guerre civile dans son pays. Elle a fondé en 2002 le mouvement pour la paix connu comme « la grève du sexe » qui incite toutes les femmes de toutes confessions religieuses confondues à se refuser aux hommes tant que les hostilités se poursuivent. Elle a fini par obtenur gain de cause en obligeant les parties en conflit à se mettre à la table des négociations. « Leymah Gbowee a mobilisé les femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes aux élections », selon Thorbjoern Jagland. Il y a désormais des sportives remarquables parmi les Africaines, comme la Mozambicaine Maria Mutola, championne des Jeux Olympiques et triple championne du monde du 800 m. Ayant gagné beaucoup d’argent, Maria Mutola a investi une grande partie de ses gains dans des oeuvres sportives et humanitaire au Mozambique. Il y a aujourd’hui des femmes ministres dans la quasi totalité des pays d’Afrique. Des centaines d’Africaines travaillent dans les organisations internationales où elles occupent parfois des postes de responsabilité. Des dizaines d’Africaines sont devenus ambassadrices de leur pays dans le monde, y compris en Russie. En un mot, l’émancipation des femmes prend de l’ampleur en Afrique, le fait qu’il faut absolument mentionner en félicitant toutes les Africaines à l’occasion de la fête internationale des femmes qui tombe le 8 mars.