L’empire perse avec un accent russe

L’empire perse avec un accent russe
L’empire perse avec un accent russe - Sputnik Afrique
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La communauté russe en Iran, assez nombreuse il n’y a pas si longtemps, est en train de se dépeupler rapidement. A Téhéran, une ville de plusieurs millions d’habitants, le nombre de citoyens russes ne dépasse pas une centaine aujourd’hui. Il s’agit principalement des descendants d’immigrés russes, qui ont la citoyenneté iranienne, ainsi que des employés du consulat de Russie, de leurs familles, et des représentants des missions commerciales et de diverses organisations de la Fédération de Russie, qui ont une accréditation permanente dans le pays.

Voix de la Russie a commencé la recherche des Russes en Iran par l'église Saint-Nicolas à Téhéran. Cette église orthodoxe est située à la périphérie nord de la ville. Le 3 mars 2012, lors de sa mission à Téhéran, la correspondante de Voix de la Russie a eu l’impression que cette église est fermée depuis longtemps. Les gens disent qu’elle ouvre traditionnellement tous les dimanches, mais les prêtres sont souvent obligés de faire les services tous seuls, le nombre de russophones orthodoxes diminuant d’année en années en Iran. Les services consulaires de Russie a Téhéran ont confirmé que la communauté orthodoxe et russophone est en en train de disparaître progressivement en Iran. Le consulat n’organise plus des cours de russe, il n’y a pas de centre culturel de la Russie à Téhéran. Et parmi tous les citoyens russes, qui sont venus vivre dans la capitale iranienne, la seule personne, que Voix de la Russie a réussi à joindre par téléphone, c’est Faïna Noniïaz.

DiaporamaTéhéran avec les yeux d'un européen

«Mon mari iranien a vécu en Russie pendant de nombreuses années sous le statut de refugié politique», raconte-t-elle. «Mais en 1994, il a décidé de revenir dans son pays, et nous sommes partis nous installer à Téhéran. J’avais beaucoup de mal à m’adapter à la vie ici. C’est difficile de s’habituer au climat et les traditions locales. Mais malgré cela, j’ai réussi à apprendre la langue. Je parle avec des Russes uniquement à l’église, lors des grandes fêtes, par exemple à Noël. Ce jour là, une belle chorale féminine vient chanter à l’église, et le service est très joli».

Pour Faïna, discuter avec ses compatriotes à l’église – c’est presque la seule opportunité de parler russe dans l’année. Il n’y a pas d’associations russes à Téhéran. En termes de discussion en langue maternelle, les Ukrainiens ont eu beaucoup plus de chance. Et les épouses ukrainiennes des Iraniens qui vivent à Téhéran, n’ont pas attendu que leur consulat ouvre un centre culturel officiel. Elles l’ont organisé elles mêmes. Olga Sosnova est arrivée dans cette ville il y a 16 ans. Elle a rencontré son mari iranien en Ukraine par hasard. «Je suis tombée si follement amoureuse de lui, que je n’ai pas hésité une seconde à me marier avec lui», rit la jeune femme. «Je n’ai aucun regret de m’être mariée avec un Iranien et je me sens très bien ici. Bien sûr, c’est difficile de s’adapter à la vie d’ici. La culture et la mentalité sont totalement différentes de la notre.  Et malgré le fait que mon mari m’y a préparé, en arrivant ici, j’ai retrouvé un pays complétement différent de celui que je m’imaginais. J'ai été frappée par le fait que la population locale est très chaleureuse envers les étrangers. Peu importe qu’on soit un homme ou une femme, ils font un maximum d’efforts pour que le pays laisse une très bonne impression sur les visiteurs étrangers.

Avec les vêtements qu’elle porte et sa manière de se comporter, Olga est aujourd’hui peu différente des femmes iraniennes. Elle porte obligatoirement un foulard sur la tête et met des vêtements qui cachent toutes les parties de son corps. C’est ce que prescrit la loi iranienne pour les représentantes de la belle partie de l’humanité. Mais l’obligation de se conformer à ces règles n’irrite pas du tout Olga. Dans son cœur, elle reste fidèle à elle-même – une jeune femme, née en URSS, arrivée d’Ukraine et parlant couramment russe. Elle fait connaissance avec des femmes, qui, comme elle, habitent en Iran, grâce au réseau social «Odnoklassniki». Elles se fixent des rendez-vous sur Internet, et participent à des rencontres et des fêtes qu’elles organisent ensemble.

«Nous essayons de célébrer toutes les fêtes de nos pays d’origine», raconte Olga Sosnova. «Nous fêtons le Nouvel An, le 8 mars, et même la journée de la Victoire du 9 mai! Nous ne manquons pas non plus les fêtes orthodoxes. En Iran, personne ne s’y oppose et nous ne nous sommes jamais confrontées à des problèmes pour célébrer telle ou telle fête. On n’interdit pas les autres religions ici. Et d’ailleurs, pendant les fêtes orthodoxes, les musulmans viennent également voir le service. Pour eux l’église – c’est le temple de Dieu, qui est ouvert à tous».

A la différence de leur mère, les enfants d’Olga se considèrent déjà comme des Iraniens. Mais ils sont fiers du fait que leur mère vient d’Ukraine, et se vantent de la connaissance de la langue russe à l’école. Car le russe est obligatoire à la maison chez les familles russo-iraniennes. Olga est persuadée que ses enfants doivent connaître la culture et la langue russe, peu importe combien d’efforts seront nécessaires pour le faire. Mais c’est difficile d'expliquer pourquoi, par exemple, les femmes en Ukraine et en Russie relâchent leurs cheveux longs et portent des décolletés. «Maman, c'est pas bon», dit le fils d'Olga âgé de cinq ans. «Je ris, et je change de sujet de conversation», sourit la jeune femme. «Lorsqu’il sera grand, il comprendra tout cela par lui-même».

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