55 ans après la doctrine d’Eisenhower

55 ans après la doctrine d’Eisenhower
55 ans après la doctrine d’Eisenhower - Sputnik Afrique
S'abonner
Le 9 mars 1957, le Parlement des Etats-Unis a approuvé la doctrine de la politique étrangère, qui vise à renforcer la position de Washington au Proche et Moyen-Orient. Ce document a été rédigé par le président des Etats-Unis Dwight Eisenhower et le secrétaire d'Etat John Foster Dulles. Selon cette doctrine, tout pays de la région pourrait demander une aide économique ou militaire aux États-Unis, s’il est menacé par l’agression de la part d’un autre Etat. En substance, le président obtenait le pouvoir discrétionnaire de recourir à la force militaire dans cette région. Les autorités américaines se sont fixés un autre objectif - affaiblir l'influence de l'URSS dans la zone.

L'adoption de la nouvelle doctrine américaine était une réaction à l'échec de l'agression anglo-franco-israélienne contre l'Egypte en 1956, liée au destin du canal de Suez – une importante artère fluviale mondiale. Ce conflit est devenu célèbre grâce au nom de la crise de Suez, dans lequel le rôle principal était joué par l'Union soviétique. Le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev menaçait le Royaume-Uni, la France et l’Israël par des mesures décisives, allant jusqu’au tir des missiles. Un tel scénario aurait pu provoquer une guerre nucléaire entre l'Union soviétique et les États-Unis, qui, inévitablement, auraient défendu leurs alliés. En conséquence, Washington a exigé des agresseurs de cesser les actions militaires.

La doctrine avait pour tâche non seulement de renforcer l'influence de Washington au Moyen-Orient, mais également d’y créer une base militaire, dirigée contre le camp socialiste, notamment l'Union soviétique. Eisenhower a explicitement exprimé la volonté des troupes américaines de protéger l'intégrité territoriale et l'indépendance politique des pays qui ont besoin d’aide contre l'agression militaire d’une nation contrôlée par le «communisme international».

C'est à partir de cette «menace» que les Etats-Unis ont voulu sauver les pays arabes en établissant leur propre hégémonie avec l’ingérence dans les affaires intérieures et le contrôle de la politique étrangère de ces pays. En 1957, la doctrine d’Eisenhower a été utilisée sous le prétexte de la protection de la Jordanie de «l'agression» syrienne. En 1958, les États-Unis ont mené une intervention armée au Liban, et neuf ans après, ils ont soutenu l’agression armée d'Israël contre les pays arabes.

Après l'effondrement de l'Union soviétique, qui jouait le rôle de contrepoids aux Etats-Unis dans la région, Washington a intensifié ses efforts décrits dans la doctrine. Cependant, les réalités actuelles vont forcer les Américains à corriger leur attitude envers la politique dans le monde arabe, estime le chef du Centre d'études orientales de l’Académie diplomatique du ministère des Affaires étrangères de Russie Andreï Volodine.

Il semblait alors que les Etats-Unis n’ont pas d'obstacles à la construction d'un monde unipolaire, pour qu’ils puissent jouer le rôle principal au Moyen-Orient. Mais beaucoup de choses ont changé. Tout d'abord, le monde lui-même a changé. Et les États-Unis y restent toujours le pays le plus fort. Mais ce monde ne peut plus se développer selon des lois qui sont définies par les États-Unis. Dans ce nouveau monde, il faut peser ses intérêts et les actions avec les intérêts des autres Etats. Et ce changement majeur dans la prochaine décennie déterminera la politique américaine au Moyen-Orient. Il s’agit d’un processus douloureux d'ajustement de la politique des États-Unis aux réalités qui sont formées indépendamment de la volonté des États-Unis dans la région.

Aujourd'hui, les slogans des Américains et d'autres pays occidentaux au sujet de la nécessité des réformes démocratiques sont souvent une façade pour le renversement des régimes considérés comme indésirables par l’Occident. C’est ce qui se passe en Afrique du Nord.

L’ingérence dans les affaires intérieures des autres États, est non seulement en contradiction avec la Charte des Nations Unies. Il est contraire au sens commun», estime Andreï Volodine. «Les Etats-Unis et leurs alliés les plus proches - la France et la Grande-Bretagne, tentent d'imposer une structure politique dans certains pays du Moyen-Orient, qui leur convient. Mais cette pratique est clairement vouée à l'échec. Parce qu’en se prononçant en faveur de la défense de la démocratie à l'américaine en Syrie et en Libye, nous voyons tous quelle démocratie nous avons aujourd’hui en Libye. Espérons qu’on n’arrivera pas à installer une démocratie semblable en Syrie.

Il est évident qu’au Proche et Moyen-Orient, les intérêts géopolitiques et économiques des grands pays mondiaux vont continuer à s'entrelacer. La Russie a énoncé clairement les principes qui doivent guider les membres responsables de la communauté internationale sur cette question difficile: la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, leur unité et intégrité territoriale sont les buts qui doivent être poursuivis. Mais les actions des États-Unis et de leurs alliés en Irak et en Libye ont mené au chaos et à l'effondrement réel de ces pays.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала