Le pouvoir des mots japonais

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Moscou promet d'examiner attentivement les changements de la position du Japon sur les îles Kouriles du Sud, a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukaсhevitch.

Depuis récemment, Tokyo affirme les Kouriles du Sud sont «occupés sans raisons juridiques». Auparavant, le ministère japonais des Affaires étrangères parlait de leur «occupation illégale». Les experts estiment que pour le Japon, un pays très conservateur, même l’introduction d'un nouveau terme pour le statut de ces îles, qui se trouvent aux confins orientaux de la Russie - c’est un progrès diplomatique.

Il faut rappeler que la Russie et le Japon n'ont toujours pas signé de traité de paix après la Seconde Guerre mondiale. Et ils n’y arriveront pas, si les deux pays ne font pas de compromis mutuels, au moins au niveau de la formulation, affirment les experts. C'est pourquoi il a été décidé de changer la formulation pour décrire le point de vue japonais sur la situation concernant les Kouriles du Sud. Pour un européen, et même pour un représentant du corps diplomatique, ce changement peut paraître futile et vide de sens. Mais pour les cultures orientales, les détails et les nuances décident de tout, analyse le chef du Centre d'études japonaises de l'Académie des Sciences de Russie Valeri Kistanov.

«Les relations entre nos pays se sont détériorées de façon significative au cours des 18 derniers mois, précisément parce que le Japon a dû recourir à un langage très fort, en qualifiant cette situation de différend territorial. Il suffit de revenir sur les déclarations de l'ancien premier ministre du parti libéral démocrate japonais, Taro Aso, qui a affirmé devant le parlement, que la Russie occupe illégalement ces îles. Puis il y a eu une série de déclarations provocatrices. Par exemple, le parlement japonais a déclaré que les îles Kouriles du Sud font partie intégrante du Japon. Le pic de cet échange de rhétorique, c’était la déclaration d’un autre ex-premier-ministre japonais, Naoto Kan, qui disait que la visite du président russe Dmitri Medvedev sur l'île de Kunashir – c’est une grossièreté inadmissible. C'est à ce moment là, que les relations entre la Russie et le Japon se sont subitement refroidies».

Malgré le fait que le Japon ait fait ce petit pas significatif en avant, il est encore trop tôt de parler du début des négociations et de faire des pronostics sur leurs résultats. La Russie estime que le traité de paix devrait être tout simplement conclu, sans aucune condition. Mais le Japon insiste sur la résolution de la question des Kouriles en sa faveur. Les deux pays restent fermement sur leurs positions et ne sont pas prêts à les abandonner, a déclaré le directeur général du Fonds de la politique efficace Kirill Tanaïev.

«La question territoriale est absolument fondamentale pour n'importe quel pays. C'est pourquoi Poutine, en parlant du résultat des pourparlers russo-japonais, a déclaré qu’ils devraient se terminer par un ex æquo . Quant au Japon, qui insiste sur le transfert inconditionnel des quatre îles, pour pouvoir s’asseoir à la table des négociations sur un traité de paix, il se concentre uniquement sur ses propres intérêts sans penser aux intérêts des autres côtés. Evidemment, il ne s’agit même pas de discuter d’un éventuel transfert des îles sous la souveraineté du Japon, parce que c'est un processus très dangereux. Car dans le droit international on utilise très souvent le concept de jurisprudence. Et la Russie ne désire pas d’en créer un».

Un des compromis possibles concernant la question des Kouriles du Sud, c’était la proposition de créer une zone économique spéciale, contrôlée à la fois par et la Russie et le Japon. Mais ce projet est soumis à la condition que les îles fassent toujours partie intégrante de la Russie.

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