Crise iranienne: la piste du pétrole

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L'aggravation de la situation autour de l'Iran, qui a été pour une grande part provoquée par les États-Unis, force les autorités de ce pays de puiser dans ses propres réserves stratégiques de pétrole dans le contexte du mécontentement populaire croissant à cause de la hausse des prix de l’essence.

Dans le même temps, le maintien des prix élevés sur le pétrole sur les marchés mondiaux bénéficie aux compagnies pétrolières, qui ont l'intention de commencer l’extraction du pétrole rentable pour eux aux États-Unis et au Canada.

L'administration du président américain Barack Obama est confrontée à une pression sans précédent pour obtenir un accord sur l'utilisation des réserves stratégiques du pétrole aux Etats-Unis. Sinon, comme l’affirment en chœur les producteurs de pétrole américains et les experts, l’économie des États-Unis sentira pleinement et vite les effets négatifs de la hausse des prix de l'or noir. A la fin de l'année dernière, le gouvernement américain a déjà permis le développement commercial des réserves nationales de pétrole en Alaska.

L'instabilité au Moyen-Orient, en particulier en Iran, est la principale raison de l'augmentation des prix de l'essence dans les stations-service américaines, a déclaré Barack Obama à Miami la semaine dernière. Cependant, il n’a rien dit sur le rôle des Etats-Unis dans cette instabilité. En outre, les Américains ordinaires perçoivent la hausse des prix du carburant comme une conséquence de la politique de l’actuel chef de la Maison Blanche, ce qui devient un facteur à risque supplémentaire dans la phase active de la campagne présidentielle qui se déroule actuellement dans le pays. Ce n'est pas un hasard si les rivaux d’Obama, dont la popularité est en déclin, exploitent activement ce thème dans leurs discours de campagne.

L'escalade du conflit en Iran n'est pas à l’avantage des autorités américaines actuelles, estime le directeur du Fonds de développement énergétique Sergueï Pikine. «Elle risque d’avoir un effet négatif sur les sondages de l’administration américaine. Et peut donc ouvrir la porte une autre administration», estime-t-il. «Mais à mon avis, cette nouvelle administration serait encore plus déterminée à résoudre la situation par des moyens militaires. Tout cela aura certainement un impact négatif sur le marché mondial».

De toute évidence, la hausse des prix du pétrole aux États-Unis n’est pas à l’avantage du président sortant. Car la politique de réduction de la dépendance du pétrole importé, annoncée par l’Etat, ne pourra pas être mise en œuvre très rapidement: il s'agit d'un processus long, et qui demande beaucoup d’investissements.

Toutefois, les sanctions contre l'Iran, après l'introduction desquelles la République islamique a promis de fermer le détroit d'Ormuz, pourraient être bénéfiques non seulement aux compagnies pétrolières américaines, mais aussi au monde de la finance et au complexe militaro-industriel. C’est le point de vue du Directeur de l’Institut national de l’énergie Sergueï Pravossoudov. Rappelons que près de 45% des livraisons mondiales de pétrole passent par ce détroit.

Dans le cas de blocage du détroit par Téhéran, les prix du pétrole vont bondir fortement. Et l’extraction des hydrocarbures, notamment du pétrole et du gaz, dont les ressources sont assez considérables sur le territoire des Etats-Unis et du Canada voisin, va devenir très rentable. Cela ouvre de grandes perspectives pour les compagnies pétrolières en Amérique du Nord, qui sont principalement intéressées par les affaires, et non pas par le programme nucléaire de l'Iran, devenu une raison formelle de l'insatisfaction des États-Unis et ses alliés.

Les prix élevés du pétrole seront bénéfiques non seulement au secteur pétrochimique, mais aussi à l’économie américaine dans son ensemble, est persuadé l'expert de la compagnie «Univer-Capital» Dmitri Alexandrov.

«Les prix élevés du pétrole stimulent le développement des sources d'énergie alternatives aux Etats-Unis», explique-t-il. «Mais le plus important, c’est que si les USA veulent effectuer une ré-industrialisation, pour eux, les prix élevés au Moyen-Orient et l'instabilité dans la région, c’est, tout d'abord, les prix élevés dans les pays de l’Asie de Sud-Est asiatique. Les États-Unis obtiennent un avantage significatif en termes de coût de l'énergie pour leurs propres producteurs».

En effet, la compétitivité des États-Unis pourrait augmenter de manière significative, car les principaux pays importateurs de pétrole - l'Union européenne, la Chine et le Japon, sont très dépendants des livraisons du pétrole du golfe Persique. Dans le même temps, la Russie n'a pas assez de puissance pour augmenter considérablement l'approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux dans le cas de blocage du détroit d'Ormuz.

Mais ce ne serait que l’un des scénarios possibles. Selon le deuxième scénario, le prix des hydrocarbures pourrait baisser. Cela se produira en cas d’aggravation de la crise dans la zone euro, ce qui réduira considérablement la consommation du pétrole en Europe, ou en cas de chute de la demande pour l'essence aux États-Unis. Quant aux compagnies pétrolières, qui sont intéressées par le développement et l’utilisation des réserves stratégiques en Amérique du Nord et soutiennent l'instabilité en Iran, elles n’auront alors plus qu’à calculer leur manque à gagner.

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