Le bouclier US en Europe vise la Russie (experts ukrainiens)

Le système de défense antimissile en cours d'implantation en Europe est dirigé contre la Russie, estime le directeur de l'Agence spatiale ukrainienne Iouri Alexeïev.

"Le bouclier européen n'existe pas. C'est un système entièrement américain. Il est actuellement déployé contre la Russie", a déclaré mardi M. Alexeïev lors d'une conférence de presse consacrée au 20e anniversaire de l'Agence.

Selon l'expert, il suffit d'examiner l'emplacement des radars et surtout des bâtiments de guerre en Méditerranée pour voir qu'une "ceinture militaire se forme aux frontières occidentales de la Russie".

Le directeur de l'Agence souligne également que les radars américains installés dans les régions arctiques permettent à Washington de contrôler les activités militaires russes dans le Grand Nord.

"Le polygone arctique de Plessetsk est un site nucléaire relevant du ministère russe de la Défense. Chaque sous-marin appareillant pour une mission de patrouille ou pour subir un essai passe au large de Mourmansk. Cela signifie que toutes ces activités se retrouvent sous la surveillance américaine", a déclaré M. Alexeïev.

Le fondateur et ex-directeur de l'Agence spatiale ukrainienne, Vladimir Gorbouline, a pour sa part indiqué lors de la conférence de presse que la mise en place d'une capacité de défense antimissile balistique (BMD) constituait une menace pour le potentiel stratégique russe. Il a toutefois précisé que cette menace n'était pas très grave.

"C'est une question davantage politique que technique ou technologique", a-t-il fait remarquer, ajoutant que la plupart des missiles balistiques russes étaient invulnérables pour les intercepteurs américains.

La décision de créer un système de défense antimissile européen a été prise en novembre 2010, lors du sommet de l'Otan à Lisbonne. L'Alliance envisage d'unifier les éléments existants des systèmes de défense antimissile des pays membres, ainsi que d'utiliser les éléments du bouclier antimissile américain déployés en Europe. Il s'agit notamment d'un radar en Turquie, des bases de missiles intercepteurs SM-3 en Roumanie et en Pologne, des navires anti-missiles de la Marine américaine mouillant dans le port espagnol de Rota et de radars installés sur des navires de guerre néerlandais.