Les peuples du Nord connaissent bien depuis les temps anciens les propriétés de la mousse de sphaigne, de la mousse d’Irlande et du lichen. Des preuves écrites sur l’utilisation des pansements à base de sphaigne sur des plaies des guerriers se sont conservées dans les annales. Selon l’un des auteurs antiques, les mères en Laponie mettaient la mousse dans le berceau des bébés, en la changeant le matin et le soir, pour que l'enfant reste toujours au sec et au chaud. Même à notre époque, les peuples nordiques, notamment les Nenets continuent à cuisiner des plats à base du lichen, en utilisant sa propriété principale – celle d’absorber le goût des ingrédients, avec lesquels on le cuisine. Par exemple, le dessert à base de gelée de lichen avec des canneberges, des baies ou d'autres fruits de la forêt est considéré l’un des plus grands délices du Nord de Russie.
Les mousses nordiques possèdent des propriétés plutôt inhabituelles, que d’autres plantes ne possèdent pas, explique dans l’interview à Voix de la Russie Andreï Lobanov, chercheur du Centre d’étude de l’Arctique et docteur en médecine.
« Il s’agit avant tout des propriétés d’absorbation uniques», raconte-t-il. «La mousse - c’est avant tout une éponge, capable d’absorber jusqu’à 22 fois plus de liquide que son poids. Le coton, par exemple n’absorbe qu’une quantité de liquide équivalente à neuf fois son poids ».
Les mousses ont également d’excellentes propriétés de sorption, qui permettent d’éliminer un grand nombre allergènes de l’organisme, poursuit Andreï Lobanov. Et leur effet positif est observé aussi bien lors de la prise de la poudre à base de ces végétaux, que lors de la préparation des plantes dans l’eau bouillante. Des études ont montré que lors de la prise de la sphaigne, le nombre de crises d'asthme diminue sensiblement, et il y a beaucoup moins de dépendance des médicaments qui doivent élargir les bronches afin d’améliorer la respiration.
La poursuite des études scientifiques sur cette substance permettra à l’avenir de résoudre la question de la conservation des aliments, car presque tout ce que nous mangeons est bourré de conservateurs, estime le scientifique.
« Si l’on remplace ces conservateurs par des produits naturels, qui possèdent des propriétés de conservation, par exemple le lichen, il serait alors possible, pour la même durée de conservation, d'enrichir le pain avec la mousse et lui donner un goût différent», poursuit Andreï Lobanov. « On sera alors capable de conserver les produits à base de viande avec de la sphaigne, et il n’y aura aucun besoin d’y ajouter du nitrate de sodium. Car lors de la fabrication du jambon ou des saucisses, des composants à base de lichen seront utilisés ».
Selon le scientifique, l'utilisation de la mousse permettra non seulement de ne plus faire appel à un certain nombre de conservateurs artificiels, mais évitera aussi le risque d’intoxication alimentaire, tout en réduisant le nombre de cas d’allergies alimentaires. L'utilisation de mousses offre des perspectives énormes non seulement à la médecine, mais aussi à d'autres domaines, est convaincu Andreï Lobanov. Ces végétaux pourront devenir irremplaçables autant pour absorber des fuites de pétrole, que dans la fabrication des chaussures. La fabrication des semelles antiseptiques jetables, qui empêchent la transpiration des pieds, c’est également un bon exemple d’utilisation de la mousse pour résoudre les problèmes du quotidien de l’homme.