Il y a-t-il quelque chose en commun entre l’Etat hébreu et un cousin germain de l’Empire ottoman, l’état souverain d’Azerbaïdjan. Le jeu des militaristes dans la région proche-orientale devient de plus en plus serré et voici venir l’époque des alliances de revers et des unions peu conventionnelles qui nous remettent dans les frasques des croisades.
En effet, représenté par une entreprise publique Israël Aerospace Industries (IAI) à prononcer comme Aï-aï-aï, Israël considère une éventuelle livraison des drones, ces appareils inanimés, c'est-à-dire sans pilotes et des armes de précision. La pacotille se chiffre approximativement à 1,6 milliard de dollars américains en sonnant et trébuchant. Et Tel-Aviv officielle n’y va pas de main morte. L’Etat hébreu considère notamment la transmission des systèmes de missiles anti-aériens et des systèmes de défense antimissile. Officiellement cette tactique belliqueuse a trait à la conjoncture politique régionale en plein dérapage. La tension dans les relations entre l'Iran et l'Azerbaïdjan a grimpé d’un cran. L’Iran a accusé Bakou de porter soutien en équipements et logistique aux terroristes qui ont commis des attentats meurtriers contre des scientifiques iraniens qui participent au programme nucléaire national. Le torchon brûle et voici arriver une tierce puissance régionale en passe de casser tous les pots dans la cuisine des deux états musulmans.
Le principe Dividi et impero ! c'est-à-dire Diviser pour régner est aussi vieux que le monde mais ça ressemble drôlement au loto – comme quoi c’est facile, c’est pas cher et ça tue gros ! D’autant plus que la politique du fameux Aï-aï-Aï serait à double tranchant. C’est qu’il ne s’agit pas seulement de semer la zizanie chez les très bileux Iraniens mais également réussir une infiltration en plein cœur du sanctuaire protégé de la zone d’influence russe. Israël est tout sauf naïf et il est parfaitement évident que livrer les robots volants dans la région peut également servir les intérêts azéris contre les Arméniens et cette bande de terre qu’ils appellent Nagorny Karabakh. Les Azéris peuvent très bien être happés par la logique d’un conflit naissant aux abords de la zone russe. Si c’est le cas la détérioration ne se ferait pas attendre. Même si les Iraniens disparaissent de la carte, gommés par les efforts à répétition de la machine de l’OTAN, nous sommes quasiment sûrs que le conflit ne s’achèvera pas en une partie de golf sur la pelouse.
Les compagnons d’armes d’hier peuvent décider d’en découdre une fois pour toutes et se précipiter dans un conflit sans fin. Il va sans dire que si l’Azerbaïdjan attaquait l’Arménie, le premier à en souffrir serait… la Russie. Tout d’abord Vladimir Poutine, re-promis à la Présidence russe, s’est clairement exprimé aujourd’hui sur les pages de l’un des périodiques russes en déclarant que la Russie avait son mot à dire dans la région du Proche et Moyen Orient. Le candidat Poutine a proposé d’arrêter la démocratisation forcée qui, selon lui, rimerait à un viol de la conscience publique internationale avec un rejet des plus éhontés des principes de la souveraineté du territoire et de l’intangibilité des frontières. Or, livrait des armes de pointe à un état qui a un contentieux à régler avec l’un de ses voisins les plus proches, l’Arménie en l’occurrence, est cynique et inadmissible. On sent presque physiquement la tension monter. Et nous sommes au regret de constater que les alliés des Etats-Unis dynamitent la région en cherchant à faire sauter la poudrière.
En effet, tout d’abord Israël commença à échafauder les plans du bombardement des centrales nucléaires iraniennes. La Turquie et l’Egypte ont réagi par le blâme et la condamnation des faucons. Maintenant Tel-Aviv entend équiper les Azéris et contribuer au développement des conflits armés sur la terre sacrifiée du Caucase. On se demande quelles autres bottes secrètes sortiraient de la boîte de Pandore ? Le monde se retrouve en état d’un équilibre précaire au bord de la folie. Le provoquer serait irresponsable et insensé.
La Russie et la Chine essaient de faire sortir la diplomatie mondiale de ce bourbier proposant la création d’un monde multipolaire qui serait moins rigide que la pax americana de nos jours. Mais, en grand obstiné, l’OTAN continue en autiste de pilonner les murs de la forteresse.
Cependant, nous sommes presque sûrs que le feu n’éclatera pas dans l’Orient russe, qu’il y sera étouffé et que les parties se reverront à la table des négociations. Tel est également l’avis des Chinois. Et il ne faut jamais oublier que territorialement parlant, la Russie, la Chine et l’Inde représentent à eux trois les trois-quarts du territoire et du potentiel eurasien.