Comment cette effervescence politique des Russes, est-elle perçue en Slovaquie?
La campagne électorale pour les présidentielles en Russie suscite beaucoup d’attention de la part des hommes politiques slovaques, mais aussi de la part de l’opinion publique et des médias. J'ai travaillé à Moscou au cours des 10-15 dernières années et je n’ai jamais vu quelque chose de semblable. La société commence à parler haut et fort en Russie. Les manifestations, qui étaient avant une manière de s’exprimer d’une poignée de groupements marginaux, sont devenues massives dans les rues et les places avec des rassemblements, défilés, qui réunissent des dizaines et des centaines de milliers de personnes. Et ce qui est d’autant plus étonnant, c’est que les protestations contre les résultats des élections à la Douma le 4 décembre dernier, ou des protestations contre les pratiques des élections présidentielles, portent un caractère tout à fait pacifique. Personne n’appelle à prendre le Kremlin, ou la Maison Blanche d’assaut. Oui, les gens critiquent le premier ministre Vladimir Poutine, le chef de la Commission électorale centrale (CEC), et d'autres personnalités politiques, mais ils le font dans le cadre des actions accordées avec les autorités, sans montrer l’extrémisme et sans violer la loi.
Diaporama: Action «Le grand cercle blanc» à Moscou vue par la Voix de la Russie
Et combien y a-t-il de rassemblements alternatifs qui se déroulent aujourd'hui en soutien du principal candidat aux présidentielles Vladimir Poutine! En Occident, la version qu’il a perdu le soutien des citoyens est très répandue. Mikhaïl Gorbatchev (très souvent cité par les médias européens et slovaques) a ouvertement déclaré: «Poutine, va-t’en!». Mais moi, je dirais que c'est une erreur! Cet appel est loin de refléter le sentiment dominant dans la société russe, il est très éloigné de la vraie politique. Vladimir Poutine bénéficie aujourd’hui d’un large soutien auprès des citoyens. Même s’il n’est pas aussi populaire qu’il l’était avant, ce soutien existe toujours.
Diaporama: Meeting pro-Poutine à Moscou
De nombreux analystes en Europe se posent la question dans quelle direction va continuer à évoluer la société russe après les présidentielles. Quelle est votre opinion?
Je pense que la Russie a pris le chemin de l'évolution du système politique dans le sens d’une grande ouverture. On ne pourra plus confiner la vie réelle, comme un génie dans sa bouteille. Mais l'opposition est encore faible, elle n'a pas de programme clairement défini, il n'y a pas de leader, et l'élite politique russe reste plutôt consolidée, en dépit des protestations. Et il y a des traditions qui sont vénérés par tous les Russes. Par exemple, lors de la Journée des défenseurs de la Patrie (par le passé, c’était la Journée de l'armée soviétique), tous les candidats aux présidentielles se sont rencontrés avec des anciens combattants et des vétérans de guerre, qu’il s’agisse de Poutine, ou du milliardaire Prokhorov. Ces réalités laissent à espérer que la Russie continuera son développement dans la voie démocratique et poursuivra l'amélioration de son système politique.
Le slogan de l'opposition «Pour des élections honnêtes» a été repris par le pouvoir actuel pendant la campagne présidentielle. Pourquoi, selon vous ?
Probablement, parce que tout le monde est intéressé par la transparence des élections. Et surtout, Vladimir Poutine, qui serait le possible vainqueur à ce scrutin. Il veut être considéré à juste titre comme un président élu légitimement. Et c’est le principal résultat des efforts d’une société civile, à savoir la classe moyenne émergente, qui veut vivre dans un pays prospère où le gouvernement respecte ses droits et intérêts.