Je pense que nous n’avons pas du tout besoin de l’aide américaine. Nous avons en même temps besoin des bonnes relations avec les Etats-Unis que la question de l’aide ne fait que compliquer. En fait, cette question est ressortie à la moindre occasion pour faire des pressions sur l’Égypte. Cette aide ternit l’image de l’Égypte, ne profite qu’aux Etats-Unis et sert leurs intérêts stratégiques.
Washington a promis cette année à l’Égypte pour 1,55 milliard d’aide militaire. Il est fort à parier que les militaires ne voudront pas se priver de cette source de financement d’autant plus que c’est précisément grâce aux Américains que l’armée égyptienne reste la plus puissante au Proche-Orient. Entre-temps, la délégation militaire égyptiennes qui se trouvait récemment à Washington, a interrompu les consultations avec les collègues américains et a rejoint le Caire, en remettant ainsi en question l’octroi de l’aide militaire. Les diplomates militaires égyptiens ont rappelé à la partie américaine que le système judiciaire égyptiens était indépendant et n’avait pas d’ordre à recevoir des autorités militaires. Les relations entre les Etats-Unis et l’Égypte se sont retrouvées dans l’impasse. En même temps, les Américains sont intéressés à conserver le Caire comme vecteur de leurs intérêts dans le région et nous porte à croire que l’octroi ou le refus de l’aide relèveront jusqu’au bout d’un numéro de la corde raide. Voici l’opinion de l’analyste de l’Institut d’études orientales Vladimir Beliakov:
Il est difficile de dire comment va se résorber cette situation mais il est certain que les ONG en question ont commis des délits qui sont poursuivis pénalement en Égypte. Elles n’étaient pas enregistrées, leurs collaborateurs touchaient de bons salaires sans payer d’impôts. Il est tout à fait possible que leur personnel fera l’objet de sanctions diverses indépendamment de la position de l’administration américaine. L’affaire des ONG dont américaines, est considérée en Égypte comme une ingérence dans les affaires intérieures.
Il s’agit d’un délit passible de 5 ans de prison, La situation s’est envenimée au point que le ministre américains de la justice Eric Holder est personnellement venu au Caire à la veille du procès, relève l’expert de l’Institut égyptien d’étude des droits de l’homme Issam Hasan :
La crise est liée aux incertitudes, aux inconséquences et aux tâtonnements qui caractérisent l’étape de transition que traverse l’Égypte après la révolution du 25 janvier 2011. Par ailleurs, ces organisations n’étaient pas officiellement autorisés à ouvrir leurs bureaux mais travaillaient au vu et au su des autorités égyptiennes. Mieux encore, elles ont été invitées à assister en observateurs aux législatives.
De toute façon, les organisations américaines tombée en disgrâce étaient implantées en Égypte depuis de longues années mais au temps du président Moubarak personne ne s’aviserait de remettre en cause leur légalité. La situation a changé de tout en tout après la révolution de janvier. Les relations égypto-américaines sont en train d’être revues sur toute la ligne. L’époque du président Hosni Moubarak est bel et bine révolue mais on a l’impression que Washington ne sait pas trop sur quel pied danser face à la situation nouvelle. C’est cela qui explique la persistance du langage des ultimatums employé avec l’Égypte.