« D’ici à dix ans l’armée recevra plus de 400 missiles balistiques intercontinentaux récents, basés au sol et embarqués, 8 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins… », - écrit M. Poutine.
Le chiffre de 400 missiles sur dix ans semble réel. En 2011 les Forces armées de Russie ont reçu une trentaine de missiles balistiques intercontinentaux: basés au sol Iars et Topol-M et embarqués Boulava et Sineva. Il paraît de même possible d’accroître leur production d’un tiers, en combinant des mesures financières et administratives. C’est la configuration des forces nucléaires stratégiques de Russie en 2020 qui va sensiblement changer.
La Marine sera dotée de 8 sous-marins du projet 955. Les trois premiers submersibles Iouri Dolgorouki, Alexandre Nevski et Vladimir Monomaque embarquent chacun 16 missiles Boulava, tandis que chacun des cinq autres, construits d’après le projet 955 U, va embarquer 20 missiles de ce type. Cela donne au total 148 missiles. Avec des engins nécessaires aux tests et exercices, le programme de fabrication va dénombrer 160-170 missiles Boulava.
La Marine gardera aussi 6 sous-marins 667 BDRM, dont cinq sont déjà rééquipés pour embarquer des missiles Sineva modernisés R-29RMU2. Pour armer le sixième submersible il faudra construire 16 missiles de ce type. Compte tenu des tirs d’essai et de la livraison de la nouvelle modification du missile Sineva - Liner, on obtient 40 missiles à fournir en espace de cette décennie.
La composante maritime des forces nucléaires totalisera 200-210 missiles, soit près de la moitié du potentiel nucléaire de dissuasion de Russie. Cela signifie un changement radical de la stratégie nucléaire de notre pays, dont la plupart des ogives nucléaires étaient, depuis les années 50 du siècle dernier, basées au sol.
Il y aura donc 190-200 missiles stratégiques basés au sol. Il est presque garanti que ce seront des missiles de type RS-24 Iars. Cette quantité devra suffire pour remplacer 170 missiles RS-12M Topol, fabriqués dans les années 80 et au début des années 90, et assurer les tirs aux exercices. De plus, environ 20 missiles R-36M2 de dernières séries seront encore en service en 2020. Ils vont être remplacés par des missiles de nouveaux types entre 2020 et 2025. On gardera de même 70 missiles Topol-M, fabriqués de 1997 à 2011, dont une partie servira à des tirs en vue de prolonger leur ressource nominale.
Quel sera donc le potentiel nucléaire stratégique de Russie vers la fin de 2020 ? La Marine de guerre va dénombrer 14 submersibles avec 244 lanceurs d’engins. 250 missiles, dont des mobiles, seront basés au sol. L’aviation comptera quelque 80 bombardiers stratégiques, dont chacun aura à son bord une ogive nucléaire aux termes de START-3. En tout, plus de 570 vecteurs et environ 2000 ogives. De cette façon, la Russie n’atteindra pas les limites établies par START-3 pour le nombre des vecteurs (700 opérationnels, 800 au total opérationnels et non), mais dépassera ces limites pour le nombre des ogives (1550 unités).
De cette manière, devient réelle la mesure, formulée déjà en 2011 par le commandant en chef des Forces stratégiques, de déployer de nouveaux missiles avec un nombre réduit d’ogives nucléaires, afin de satisfaire aux termes du traité russo-américain. Les ogives pour ainsi dire « de trop » seront entreposées pour munir les vecteurs lorsque cela sera nécessaire, par exemple, en cas d’aggravation de la situation dans le monde.
