Les mangas japonais, provoquent-ils des suicides?

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Au cours des deux dernières semaines, 17 adolescents se sont suicidés en Russie. Ils étaient tous issus des familles aisées, et avaient un bon niveau de réussite à l’école. En même temps, un grand nombre d’entre eux étaient des fans des mangas japonais.
Est-ce que les mangas peuvent pousser les jeunes au suicide ? Qu’est-ce qui pousse cette génération « IPad » et « Twitter » à prendre cette mesure extrême? Olga Makhvskaïa, spécialiste en psychologie infantile parle de l’influence des mangas japonais sur l’état psychique des enfants et les adolescents.

« Les mangas en soi ne peuvent pas être la raison du suicide chez les adolescents. Il s'agit d'un art visuel qui passionne un grand nombre d’entre eux, aiguise leurs sens. Et la mort héroïque, très caractéristique pour la culture japonaise, est souvent la preuve d’une véritable amitié, de la loyauté. Sauter dans le vide main dans la main, est assez répandu, surtout pour les filles. Et les aventures héroïques de deux jeunes filles, des histoires d'amitié inséparable entre elles – ce sont des scènes classiques des dessins animés japonais. Nos enfants deviennent accros à l'animation japonaise depuis l’âge de six ans. Il s'agit d'une véritable subculture, dans laquelle la mort est esthétisée sous des thèmes divers. Et les effets indirects ne peuvent pas être exclus.

Par ailleurs, les dessins animés effacent les frontières entre la réalité et la culture virtuelle. Parfois, grâce à sa résolution graphique, la culture virtuelle semble être plus vive et plus intense que la vie réelle. Le suicide chez les adolescents a une particularité : ils ne se rendent pas compte qu’il s’agit d’une véritable fin et qu’il n’y aura plus rien après. Ils ne comprennent pas que la mort est irréversible. Dans leur esprit, c'est vraiment une transition vers un autre monde ».

En fait, il n’est pas rare de voir dans les mangas des personnages qui veulent la mort, mais la mort passe à coté d’eux, et ce sont des personnages qui ne s’attendaient pas à mourir, qui meurent. Et il y a aussi des héros, qui ont un point de vue philosophique sur la mort, affirmant que la vie n’est qu’un jeu.

On a remarqué que les suicides sont plus fréquents chez les enfants après de longues vacances, lorsque les conflits à l’école reprennent ou s’aggravent. Par ailleurs, des conflits entre les enfants et les parents s’aggravent également, ce qui reste l’une des causes de suicides chez les adolescents. Parfois, cette décision impulsive d’en finir avec sa vie est prise dans un mouvement de passion. Il ne s’agit pas tant d’une tentative d’en finir avec sa vie, mais d’une tentative d’attirer l'attention sur soi et ses propres problèmes. Mais il arrive aussi que le suicide soit un geste qui a été prémédité, dont le but – c’est d’en finir avec sa vie à tout prix. La vie devient tellement insupportable pour les adolescents, qu’ils cherchent n’importe quel moyen d'échapper à ce monde. Ils vont sur les sites où est cultivé le thème de la mort, où ils peuvent discuter du «dernier geste» avec des Internautes qui partagent la même vision qu’eux».

Chaque année, près de 4000 adolescents tentent de mettre fin à leurs jours en Russie et 1500 y parviennent. Cependant, ce phénomène social est également répandu dans d’autres pays. Le Japon reste l’un des leaders par le nombre de suicides chez les jeunes. En 2007, le gouvernement japonais a publié un « Livre blanc sur la lutte contre le suicide », qui a identifié 46 mesures pour lutter contre ce phénomène.

Il y a plusieurs années, un représentant du parlement du Japon en charge des questions de prévention du suicide chez les adolescents et président de la Fédération internationale de cheerleading (IFC) a visité Saint-Pétersbourg. On sait que les adolescents se sentent plus à l’aise s’ils ont un sentiment d’appartenance à un groupe. Et après une étude minutieuse de nombreux cas de suicide chez les jeunes, les psychologues japonais ont décidé d’utiliser cet instrument dans la psychologie des générations plus jeunes. Le cheerleading unit fortement les jeunes et leur apporte un sentiment de soutien amical, le leadership, l'optimisme et une sensation de succès. Pas étonnant que près de 3 millions de jeunes Japonais participent aux mouvements de cheerleading et il est intégré comme matière obligatoire dans le programme scolaire dans ce pays. Après la visite de la délégation japonaise à Saint-Pétersbourg, le mouvement de cheerleading y a également commencé à se développer. Et de nombreux parents affirmaient qu’avant ces activités, leurs enfants étaient plus violents et renfermés sur eux-mêmes et avaient de moins bonnes notes à l’école. Désormais, ils sont plus joyeux et amicaux.

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