L'issue du référendum était connue d'avance. Pour faire passer la langue russe, qui est maternelle pour 40 % des habitants de Lettonie, de la catégorie de langue étrangère dans celle d'État, plus de la moitié des citoyens du pays ( qui compte deux millions d’habitants) auraient dû voter pour cela. Les chances étaient petites initialement, trouve Mikhaïl Aleksandrov, chef de la section des pays Baltes de l'Institut des pays de la CEI.
Quand, en automne, la décision sur la tenue du référendum était prise, les pouvoirs de la Lettonie ne s'inquiétaient pas particulièrement. Mais ensuite, ils ont commencé à se rendre compte que si la décision n’était pas acceptée, mais la plupart votait pour le référendum, cela aurait un immense effet politique. Alors, ils ont lancé une campagne puissante, exigeant de voter pour la langue lettonne. Bien sûr, cela a amené à la mobilisation de l'électorat letton.
Au référendum, l’activité était énorme. Deux tiers de population de la république sont venus samedi aux bureaux de vote. Au total, par la majorité des voix, la proposition était rejetée. Mais cela est valable pour le pays en gros. Dans nombre de grandes villes, la langue russe a reçu un puissant soutien. Dans la capitale, Riga, 40 % d’habitants se sont exprimés pour le rehaussement de son statut, à Daugavpils – plus de 85 %. Ces résultats donnent à la langue russe la possibilité de prétendre au statut de langue régionale : quand, dans certaines régions du pays, non le fonctionnaire, mais le citoyen décidera, dans quelle langue communiquer avec l’administration, dit Mikhaïl Aleksandrov.
Si dans quelques régions beaucoup de gens ont voté pour la langue russe, cela doit devenir la raison pour les négociations avec les pouvoirs sur l'octroi à la langue russe du statut de langue régionale conformément à la Convention Européenne sur les langues des minorités nationales. La Lettonie a signé cette Convention.
Il y a cependant une question - est-ce que les pouvoirs de Lettonie accepteront le dialogue avec la partie russophone de la société ? Jusqu'à présent, ils n'aspiraient pas à prendre en considération les intérêts des minorités nationales, bien qu’ils aient consenti à tenir le référendum. Cela illustre bien par la situation avec « les non-citoyens », souligne le politologue Vladimir Simindej.
Une partie considérable d’habitants de Lettonie - plus de 300 mille personnes - ont les passeports avec le statut étrange « non-citoyen ». Ils sont privés de droits politiques, de droits de vote aux élections, d’exprimer l'opinion aux référendums. Certes, de ce point de vue, le référendum de samedi dernier ne peut pas être appelé national. Si on prend en considération les voix éventuelles des « non-citoyens », la situation avec le statut de la langue russe se présente autrement.
Cependant les habitants russophones de Lettonie sont contents de l'issue du référendum. Un quart de voix « pour » - c’est déjà un résultat avec lequel on peut s’adresser non seulement aux autorités locales, mais aussi, en cas de nécessité, au Parlement européen.
La CEC de Lettonie promet de diffuser les bilans finaux du vote lundi, le 20 février.