Les partisans du pouvoir en place préparent, eux, un «coup préventif» – leur rassemblement se tiendra le 23 février. Cependant, les élections présidentielles sont déjà en cours: les habitants des régions éloignées de la Russie et les ressortissants russes à l’étranger élisent déjà le futur président.
Le mouvement Pour les Elections Justes a mis en place un site Internet consacré à une action Cercle Blanc dont les participants veulent former une chaîne humaine autour du Kremlin à Sadovoïe Koltco (une avenue circulaire entourant le centre de Moscou). La mairie n’exige pas d’autorisation pour ce genre de rassemblement.
Cette fois ce sont les pro-Poutine qui ont eu des problèmes d’autorisation. Faute d’avoir le feu vert pour un meeting à proximité du Kremlin, ils ont prévu une marche le quai Frounzenskaïa et un rassemblement au stade Loujniki.
La semaine était tellement mouvementée tant pour les pro que pour les anti-Poutine qu’on a failli oublier les élections anticipées du président russe. Le vendredi 17 février les habitants de la région russe de Sakhaline ont été appelés aux urnes. D’ici au 3 mars prochain c’est aux marins, soldats des garnisons éloignées, géologues et autres habitants des régions russes difficiles d’accès, de voter, soit plus d’un million de personnes dans 37 régions du pays. Les élections anticipées se tiennent dès aujourd’hui à l’étranger pour les ressortissants russes qui résident en dehors de la Russie ou sont en déplacement.
Les sociologues ne chôment pas non plus en surveillant tous les hauts et les bas de la côte de popularité des candidats. Celle de Mikhaïl Prokhorov et de Sergueï Mironov de la Russie Juste est en hausse alors que le leader du Parti libéral-démocrate (LDPR) Vladimir Jirinovski n’a pas bougé et le communiste Guennadi Zuganov est même en légère baisse. Quant à la popularité de Vladimir Poutine, elle ne cesse d’accroître et avoisine déjà 55% (contre 53% la semaine dernière). Et ce alors que chaque petit pas de l’opposition est ovationné sur Internet tandis que chaque petit pas du candidat du parti au pouvoir ou de ses représentants est, en revanche, farouchement critiqué. Il n’y a rien d’étonnant, assure Pavel Saline du Centre russe de la conjointure politique.
«A mon avis, il n’y a aucune contradiction. Les électeurs russes se divisent tous en deux catégories: la majorité regardent la télé, la minorité sont utilisateurs d’Internet. C’est pourquoi la hausse de la côte de popularité de Vladimir Poutine était tout à fait prévisible».
La minorité se rend parfaitement compte de ce qui a des chances de remporter les élections, estime le politologue russe Léonid Poliakov.
«La majorité absolue de la population russe comprend que le premier ministre est le garant du développement stable. Ils ont conscience de ce que la victoire de tout candidat à la présidentielle sauf Poutine, signe des changements qui ne seront pas forcément positifs. On a tous connu les réformes radicales des années 1990. L’opposition qui est, d’ailleurs, très présente sur la Toile, comprend très bien, elle aussi, que la victoire de Poutine est inévitable au premier tour. C’est pourquoi les gens essayent de manifester au maximum leur mécontentement ».
Cette confrontation ne pourra certes pas durer éternellement. Le président Dmitri Medvedev rencontre lundi les représentants des forces politiques russes qui ne remplissent pas les conditions nécessaires pour se faire enregistrer comme un parti politique. A l’ordre du jour – la question du nombre minimal de membres suffisant pour l’enregistrement et celle de la réforme générale du système politique russe.
