Nous avons parlé dans notre émission précédente, écrit Alexei Grigoriev, de la réunion du Comité de coordination pour la coopération économique de la Russie avec les pays subsahariens tenue à Moscou. Le nouveau portail Afrocom.ru a été présenté à la réunion. Il doit aider les businessmen russes à trouver les partenaires potentiels pour promouvoir la coopération d’investissements en Afrique et présenter aux Africains les potentialités du business russe. Le président de Russie Dmitri Medvedev a adressé récemment un télégramme de félicitation à son homologue béninois Boni Yayi à l’occasion de son élection au poste de président de l’UA. Ayant hautement apprécié le rôle et les activités de l’UA dans la politique de la communauté africaine, le président de Russie a mentionné d’autres possibilités de cette institution panafricaine. «La Russie entend entretenir les liens d’amitié traditionnels avec les pays de la région, participer activement aux efforts de la communauté mondiale en vue de prêter concours à l’Afrique. Dans ce contexte nous comptons sur Votre soutien dans le développement des projets d’investissements russes sur le continent …»
L’accent mis par le président Medvedev sur les projets d’investissements traduit l’aspiration à intensifier la coopération russo-africaine. Cela correspond aux objectifs formulés par l’UA. Il serait sans doute infondé de constater l’absence du business russe dans l’économie africaine. Plus de mille compagnies russes déploient leurs activités sur le continent. Néanmoins, l’ampleur de leur présence est moins importante que celle des compagnies américaines, de l’UE, chinoises, brésiliennes, etc. Le chiffre d’affaires du commerce avec la Chine a atteint pendant dix ans 100 milliards de dollars. A comparer avec 5 milliards de dollars du business russe, indice plus que modeste. La Russie n’a pas atteint le niveau de présence économique sur le continent établi des décennies durant grâce à la coopération de l’URSS avec l’Afrique. L’URSS a fait un grand apport au développement de plusieurs pays africains ayant posé le fondement du capital politique, humain, intellectuel, émotionnel et enfin – économique dont la Russie doit profiter aujourd’hui pour faire renaître et développer la coopération d’affaires. Au micro le directeur du Centre d’études africaines de l’Institut d’Afrique de l’Académie des sciences de Russie Evgueni Korendiassov, ancien ambassadeur de Russie au Mali et au Burkina Faso:
«Un homme en vue a dit un jour: au moment de la fin du monde je voudrais être en Afrique où tout se produit en retard d’un ou de deux siècles. Or, aujourd’hui cette sentence tombe mal à propos. L’Afrique est un continent en développement dynamique qui s’est précipité à la charnière des XX et XXIes siècles. Le PIB des pays africains est multiplié par quarante, le chiffre d’affaires du commerce – par 4 depuis les années 1990, l’afflux annuel d’investissements étrangers constitue 50-70 milliards de dollars. La rentabilité de l’extraction des ressources minérales sur le continent atteint 30% ce qui est de trois fois supérieur à l’indice enregistré sur d’autres continents. L’Afrique est largement demandée et s’inscrit vite dans l’économie mondiale. Elle a besoin de machines et d’équipement de pointe. L’Afrique est l’immense marché d’écoulement à un milliard de consommateurs. L’Afrique est proclamée l’un des principaux points de développement de l’économie globale. Elle est dotée de ressources énergétique immenses: depuis les hydrocarbures jusqu’à l’énergie solaire. L’Afrique a d’immenses ressources de matières premières minérales, notamment de métaux rares dont ont besoin pratiquement tous les pays évolués et sans doute la Russie. Malheureusement, poursuit Evgueni Korendiassov, les gisements de ces métaux sont soit épuisés soit se trouvent dans les endroits où leur extraction est très onéreuse. Les compagnies d’extraction de matières premières minérales, d’uranium, de pétrole ou de gaz: Gazprom, Renova, Evraz, Roussal, Alrosa, Nornickel sont le pionniers de la coopération économique russo-africaine. Severstal qui extrait l’or au Burkina Faso et entend prospecter les gisements de minerai de fer libériens a engagé ses activités en Afrique. La compagnie «Les chemins de fer russes» s’intéresse au continent en envisageant la construction des voies transafricaines Nord-Sud et Est-Ouest. La Russie est en retard sur ses principaux concurrents qui ont raffermi depuis longtemps leurs positions en Afrique. Or, la Russie a des avantages. Elle n’a jamais été soupçonnée en Afrique d’ambitions nécolonialistes. La Russie s’entretient sur un pied d’égalité avec les pays africains. L’UA l’a constaté à plusieurs reprises. Qui plus est, elle a toujours défendu les intérêts vitaux des pays et des peuples africains dans la géopolitique mondiale. C’est là le fondement des rapports d’amitié et de la sympathie sans lesquels une coopération économique mutuellement avantageuse est inconcevable. Le président Medvedev l’a rappelé en demandant le concours à l’UA dans la mise en œuvre des projets d’investissements sur le continent».