Nabokov vs Tchekhov

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Le théatre d’art de Moscou Tchékhov présente sa première

Le théatre d’art de Moscou Tchékhov présente sa première: à partir du 4 février on y joue «Evénement» mise en scène du jeune Konstantine Bogomolov d’après la pièce de théatre de l’écrivain russe qui a vécu à l’étranger Vladimir Nabokov.

De dix pièces de théatre de Nabokov il n’y a que celle-ci qui a attiré l’attention en Russie. Pour Konstantine Bogomolov c’est sa troisième mise en scène depuis les années 80, l’année dernière cette pièce a été portée à l’écran.

«Evénement» a été écrite en 1937 quand Nabokov vivait en émigration, en Europe quelque 20 ans. L’intérêt porté à cette pièce peut paraître étrange. Il n’y a rien d’actualité, il n’y a pas d’événements. Les protagonistes disent que quelque chose de terrible doit se produire : un meurtrier fera son irruption dans la maison pour tuer un couple. Mais Konstantine Bogomolov n’est pas déçu par la pièce.

«Selon moi, la pièce est magnifique, les rôles sont excellents, le langage raffiné, l’ironie subtile. Cette oeuvre est intéressante et harmonique, il faut lui faire confiance, ne pas la casser».

Mettre en scène  «Evénement» signifie comprendre Nabokov, découvrir le sens latent, estime Konstantine Bogomolov.

«Selon moi, Nabokov ne pardonne pas le mauvais goût et la bêtise. Il est dangereux de se plonger dans les sens superficiels. Le motif pour écrire cette pièce était le départ de Nabokov de Berlin à Paris après la mise en liberté de deux Russes qui ont tué son père, un homme politique de renom. Après ces deux hommes ont rejoint la Gestapo».

Ce sens sinistre est présenté par Konstantine Bogomolov clairement, on joue des marches nazis, sur l’écran on voit les chroniques de l’Allemagne des années 30. D’aucuns critiquent le metteur en scène pour cela, car la pièce ne contient pas un contexte politique.

Pourtant, elle est faite d’allusions qui se basent sur les relations de Nabokov avec la littérature classique russe, un dialogue permanent ironique avec ses grands collègues. Il y a partout des citations, plutôt des quasi-citations de Tourguénev ou de Gogol, mais surtout d’Anton Tchékov ce qui fera rire un connaisseur. Par exemple, sa loi de la dramaturgie qui dit: si au début on voit sur la scène un fusil, vers la fin il doit tirer. Et une héroïne de la pièce de Nabokov dit: «Si au début on voit sur la scène un fusil, vers la fin il doit faire faux feu».

Dès le début, la pièce fait penser à l’opposition moqueuse à Tchékhov qui se termine par un raté, certes, organisé par Nabokov.

Pour comprendre les oeuvres de Nabokov il faut lire la littérature classique russe. Mais ça vaut la peine, estime le réalisateur russe connu Andréï Echpaï qui vient de réaliser un film d’après la pièce de théatre «Evénement». Il n’a pas de doutes quant à l’actualité de celle-ci.

«La pièce pose le problème de l’égoïsme, dit-il. Pour ses protagonistes le monde qui les entoure n’a aucune importance et ils sont incapables de s’en sortir. C’est affreux, c’est une bombe à retardement. Cela me paraît important car aujourd’hui l’égoïsme devient universel, c’est le fondement du monde qui ne pense même pas que cela peut engendrer des chocs externes avec de grandes souffrances».

Il se trouve que le fusil de Tchékov tirera tôt ou tard malgré toute l’ironie du maître des ratés impressionnants...

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