Une fois à Moscou, j’ai beaucoup parlé avec Zuganov, qui fait toujours partie de la délégation russe aux sessions de l'APCE, comme Jirinovsky, je le connais aussi d’après le travail aux sessions de l'APCE. J’ai rencontré beaucoup de fois monsieur Poutine, la première fois, la conversation portait sur les questions tchétchènes. Et je regrette maintenant de n’avoir pas réussi à rencontrer le premier-ministre de Russie. Je connais bien monsieur Mironov, le leader du parti « Russie Juste », il est, comme moi, un social-démocrate. Je l’avais aidé il y a 4 ans à devenir un observateur de l’Internationale Socialiste. Nous nous connaissons personnellement.
La rencontre avec monsieur Prokhorov était la première pour moi pendant cette visite. Il est une personne intéressante, modeste, avec de bons plans des transformations économiques et politiques, avec des projets audacieux. Il est jeune, 45 ans, très ouvert. Je lui ai demandé: « Quelle est la différence entre vous et Khodorkovski ?» Il a répondu : «Khodorkovski a fait de la politique il y a quelques années et c'est pour cela qu'il avait des problèmes, et maintenant, il y a une nouvelle Russie. Si j'avais fait de la politique à l'époque où Khodorkovski l’avait essayé, lui, j’aurais pu avoir aussi les mêmes problèmes». Ces paroles sont pour moi le paramètre d’un nouveau dynamisme dans la Fédération de Russie.
Je dirai ainsi : la Russie mûrit maintenant pour arriver à la vraie démocratie, je vois l'accélération de plusieurs processus par rapport à ce qui se passait ici il y a seulement deux mois, quand j’étais venu pour les élections législatives. Alors, j'ai visité Moscou et Iekatérinbourg. Maintenant, il y a des meetings monstres, un nouvel esprit se fait sentir dans la vie russe, je vois que les nouveaux processus ont commencé, nous souhaitons que cela se prolonge ainsi.
Comment trouvez-vous, monsieur le professeur, nos présidentielles se passeront-elles à un tour ou à deux ?
Je ne peux pas dire! Je me rappelle, en 1996, les présidentielles se sont passées à deux tours, au second tour, il y avait Zuganov et Eltsine. Et maintenant ? Je ne sais pas. Mais je dirai une chose paradoxale : probablement, pour l'image de la Russie en Europe et dans le monde, ainsi que personnellement pour le candidat principal, le premier-ministre actuel Poutine, peut-être, vaut- il mieux qu’il y ait deux tours. D'ailleurs, pour nous, le plus important est que les élections soient transparentes et honnêtes. Beaucoup de choses dépendront du temps qu’il fera le jour des élections, de l'activité des électeurs, elle est différente à Moscou, à Pétersbourg, à Iekatérinbourg, dans des centres industriels et dans de petites localités. Même le facteur géographique a une importance: nous savons que le parti « Russie Unie » aux élections législatives dans le Caucase du Nord a recueilli plus de 90 pour-cent des voix! C'est-à-dire, tout peut arriver. Mais la question clé - ce doivent être des élections honnêtes. Je suis très content que maintenant toutes les forces politiques en Russie exigent que les élections soient transparentes et honnêtes.
Le député du Parlement européen, le professeur polonais de politologie Tadeouch Ivinsky. Il a visité Moscou avec la délégation de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe pour prendre connaissance avec le déroulement de la préparation aux présidentielles en Russie.