«Faust»: un film où l’Homme tente le Diable

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Après avoir voyagé en Europe, le film d'Alexandre Sokourov « Faust », le triomphateur du festival de Venise, est apparu sur les écrans russes. Après les premières officielles à Saint-Pétersbourg et à Moscou, le film est sorti sur les écrans des cinémas.

Rien que dans la capitale russe, aujourd'hui, on peut voir « Faust » dans 40 cinémas, mais encore tout à fait récemment, les auteurs du film doutaient que cette histoire philosophique puisse sortir sur les écrans russes et retrouver les spectateurs. Dans une interview, Alexandre Sokourov a même exprimé le doute, ses films, sont-ils nécessaires en général en Russie ?

Nous rappellerons que « Faust » termine la tétralogie d'Alexandre Sokourov sur la nature du pouvoir, dont les protagonistes sont Lénine, Hitler, l'empereur japonais Hirohito. Le seul personnage non historique dans cette série – c’est Faust, un savant obsédé par les recherches de l'équivalent matériel de l’âme. À la base du mythe international sur le docteur Faust et la tragédie de Goethe se trouvent les relations avec le diable qui le tente. Dans le film de Sokourov, au lieu du diable, on voit un personnage tout à fait humain, un usurier. Or, cela donne un dénouement du sujet historique, religieux et culturel plutôt réaliste que métaphorique.

Le film est projeté sur l'écran russe dans la langue de l'original, c'est-à-dire en allemand, le texte russe est lu par le réalisateur. «Pour les spectateurs, non seulement la philosophie du film est compliquée, mais aussi sa stylistique», croit le scénariste Youri Arabov. – D'ailleurs, c'est caractéristique pour l'œuvre de Sokourov ».

Je trouve que ce film ne change rien en principe. En Russie il y a toujours eu, il y a en ce moment quelques milliers ou peut-être des dizaines de milliers de gens, qui suivent de près les films de Sokourov. Et je sens la responsabilité devant ces gens, qui apprécient ce que nous tentons de faire et ce que nous tentons de dire. Pour le travail avec de tels films, il faut des cinémas artistiques spéciaux, un auditoire spécial. D’ailleurs, un tel public avancé existe dans tout le pays.

Pendant les premières, les salles étaient combles. Comment ses premiers spectateurs, non les cinéastes, non les filmographes, non les critiques, mais bien les spectateurs ordinaires ont-ils perçu le film ?

C’est la finale du film qui suscite le plus de questions chez les spectateurs. Au dire de Youri Arabov, c’était le moment le plus compliqué pendant le travail sur le film. «La variante, où l’homme bat le diable, c'est-à-dire vainc d'une manière allégorique le mal, le réalisateur l’a rejetée catégoriquement», – dit le scénariste.

Finalement, Sokourov a fait cette scène : un tout petit diable est lapidé avec de grosses pierres. En comparaison avec le mal, personnifié dans Faust, il est devenu quelque brin d'herbe sur la scène culturelle et mythologique! Et soudain j'ai compris que nous avons fait un film sur la rupture de l'homme moderne avec la métaphysique en général. Donc j’ai fait un scénario comment l’homme tente le diable et comment se perd la représentation sur le devoir, sur le bien. En acceptant le marché, l’homme trahit ces notions.

« Et tant que dans le monde il y a la division sur le bien et le mal, l'humanité ne se libérera pas du syndrome de Faust », ajoute Youri Arabov.

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