La crise ne fait que commencer aux Maldives

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Des milliers de partisans de l'ancien président des Maldives Mohamed Nasheed sont sortis mercredi sur la place principale de la capitale avec des protestations. Selon les agences de l’information, Nasheed lui-même était présent dans la foule.

Les protestations se sont terminées par des affrontements avec les forces de la police qui ont utilisé les gaz lacrymogènes pour disperser la foule. En attendant, les points de vue sur ce qui se passe aux Maldives divergent. Certains experts estiment que la démission de Nasheed a permis d’éviter des conflits sanglants. D'autres disent que les islamistes risquent d’arriver au pouvoir sur l’île et les conséquences sont imprévisibles.

Il n’y a pas si longtemps, la plupart des politologues estimaient de manière positive ce qui se produit aux Maldives. Il a été souligné que le président a démissionné de manière volontaire et sans violence. Les représentants des forces armées du pays ont assuré qu’il ne s’agit pas d’un coup d’Etat militaire. Mais déjà ce mercredi, Mohamed Nasheed a affirmé qu'il a été forcé de quitter son poste presque sous la menace des armes. Plus tard, ses partisans sont descendus dans les rues principales de la ville de Malé, et lors des affrontements, des pierres ont été lancées entre les groupes des manifestants. Toutefois, même en tenant compte des récents développements, un analyste politique  indien Nandan Unnikrishnan donne une évaluation positive de ce qui se produit aux îles Maldives.

« Nasheed se trouvait dans une situation très difficile. Et dans ces circonstances, l'usage de la force militaire pour réprimer toutes les manifestations de l'opposition, c’était le seul moyen de conserver le pouvoir. Cela aurait conduit à une déstabilisation politique. Compte tenu de ces circonstances, le fait que Nasheed ait démissionné et ait autorisé un transfert constitutionnel du pouvoir – cela ne peut qu’être salué. La crise a été résolue de manière pacifique ».

Il faut rappeler que le départ de Nasheed a été provoqué par des manifestations massives de l'opposition. Il était accusé d'avoir violé la constitution en arrêtant un haut magistrat, qui aurait été associé avec l'opposition. Selon une autre version, la cause des troubles serait l’ordre de l'ancien président de fermer les stations thermales et les hôtels appartenant aux forces de l’opposition. Il s’agit d’un fait qui n’est pas négligeable, étant donné que le tourisme représente le principal secteur de l'économie et la seule source de revenus pour la population locale. Actuellement, le pouvoir aux Maldives est passé en vertu de la Constitution au vice-président Mohamed Manik. La situation aux Maldives démontre que « le scénario arabe » n'est pas applicable à l’Asie du Sud.

« Les pays voisins sont heureux que la situation a été résolue de manière pacifique », explique Nandan Unnikrishnan. « Dans notre région, si l'on prend en considération les voisins proches des Maldives, le Sri Lanka – est une démocratie, tout comme l'Inde, et le Bangladesh, avec certaines particularités. La façon, dont s’est passé le transfert du pouvoir est un indicateur de l'évolution de la démocratie aux Maldives ».

Cependant d'autres experts soulignent que le vice-président est associé à des cercles très réactionnaires. Et cela pourrait avoir des conséquences négatives pour le pays, a déclaré dans une interview à Voix de la Russie un autre politologue indien et professeur à l'Université de Jawaharlal Nehru, Arun Mohanty.

« Nasheed est devenu en 2008 le premier président élu démocratiquement », a-t-il expliqué. « Cependant, les partisans de l'ancien président ont fait de sa démission l’objectif principal. Il a agi de manière judicieuse. Il comprenait que s’il ne partait pas, le pays serait plongé dans un bain de sang. Mais du point de vue de la démocratie aux Maldives – c’est un pas en arrière. L'opposition subit une influence du coté des extrémistes religieux. Ils ont accusé Nasheed d’avoir violé les principes de l'Islam. Et même si les Maldives sont un Etat islamique, Nasheed a essayé de poursuivre une politique islamiste modérée. C’est ce dont a profité l’opposition. Elle l'a même accusé d'abuser de l’alcool, montrant des bouteilles, qu’elle aurait trouvé à son domicile ».

En évaluant la démission de Nasheed, les politologues soulignent la position particulière de l'Inde dans cette question. New Delhi est l’un des principaux acteurs dans la région et possède la capacité d'influer sur la situation dans un pays donné. Par exemple, lorsque l’armée des Maldives a tenté en 1988 de renverser le prédécesseur de Nasheed, Gayoom, l'Inde a envoyé à son aide des troupes et ses Forces aériennes. Dans la situation actuelle, Nasheed a demandé la même aide, mais New Delhi a choisi d'ignorer son appel. Les autorités indiennes ont affirmé que le changement de pouvoir aux Maldives est une question de politique intérieure. Et elle doit être résolue sans une ingérence extérieure.

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