Les Russes sont réputés pour leur travail acharné payé souvent au prix des cacahuètes. L’armée ne présente pas une exception à la règle. Les officiers et soldats, conscrits aussi bien que professionnels, font leur service militaire en sachant pertinemment que leur travail ne sera pas récompensé à son juste prix et que , il s’agit en quelque sorte, d’une duperie à l’échelle nationale ou peut-être d’un travail ingrat et sous-payé pour ceux qui n’ont aucune promotion sociale en vue.
Cette armée prolétarienne est le résultat de dégénérescence des années gorbatchéviennes, car sous Staline et Kchroustchev l’élite de la société soviétique ne vivait pas le service militaire comme une tare mais plutôt comme un devoir à l’égard de la Mère-Patrie, bien rémunéré et jouissant de l’estime sociale. Mais petit à petit ce concept est tombé en désuétude et fut abandonné au profit d’une autre image – celle d’une armée appauvrie, démunie quoique professionnelle et patriotique, délaissée progressivement par les gens de la haute culture et déchirée par les problèmes ethniques entre les Asiatiques, les Caucasiens et les grands russes.
Deux maux majeurs ont causé cet état des choses: le premier problème c’était l’appel qui dans une société où les pots de vin sont monnaie courante, générait un marché clandestin d’exemptions au service. Le deuxième problème était celui de la solde militaire. Les officiers et troupes d’élite sous-payées se sentaient trahis comme, par exemple ; l’armée française aux temps de l’OAS et de la décolonisation. Poutine a voulu changer cet état des choses et a proposé ensemble avec le président Medvedev de renoncer à l’appel en réduisant le nombre des années sous les drapeaux et ensuite d’introduire les certificats de logement, c'est-à-dire l’accès au logement gratuit pour les officiers ayant rempli leurs obligations et même à partir de la cinquième année de leur service effectif. En même temps les dirigeants du pays ont proposé de multiplier par 10 la rémunération touchée par les sous-officiers et officiers. Ainsi, si un lieutenant d’infanterie touchait juste 170 euros, partir du Nouvel An il a maintenant droit à mille dollars à titre mensuels plus majoration pour le grade, service excentré c'est-à-dire à la frontière ou dans le grand Nord, connaissance de la langue étrangère, etc. De cette façon le lieutenant touche désormais jusqu’à 4 mille euros maximum et même plus s’il s’agit des troupes spéciales et un colonel ou lieutenant-colonel une moyenne de 6 mille euros. La solde est versée sur les cartes bancaires et la banque VTB 24 s’occupe des virements respectifs.
L’armée russe semble être en train de redorer son blason. Le secteur immobilier militaire est en pleine effervescence avec la construction des nouveaux logements à la chaîne, le programme d’un réarmement a été lancé l’année dernière et, enfin, la rémunération des militaires russes est à l’avenant et même supérieure à celle de leurs collègues occidentaux.