La troisième manifestation «Pour des élections honnêtes» s’est terminée cette fois par une marche. La raison de cette décision est compréhensible: le mouvement, ce n'est pas uniquement la force, mais aussi la chaleur. Les froids, qui se sont installés ces jours-ci à Moscou ne contribuent pas généralement à des actions statiques en plein air. Néanmoins, malgré des froids forts de 20 degrés en-dessous de zéro, plus de 35.000 personnes sont venues soutenir le mouvement «Pour des élections honnêtes». Ce sont des données, fournies par la police, tandis que les organisateurs ont compté environ une centaine de milliers de participants.
Les participants au meeting se sont rassemblés près de la station de métro Oktiabrskaïa, qui se trouve à près de 1,5 km de la place Bolotnaïa, où devait se terminer la marche. Ayant renfermé les rangs, et diffusé les slogans et banderoles, le cortège s’est dirigé vers la place Bolotnaïa. Les manifestants défilaient en plusieurs groupes, chacun représentant des forces politiques et organisations sociales différentes. Les communistes étaient représentés par la couleur rouge, les drapeaux oranges représentaient le mouvement «Solidarité», et la couleur verte – le parti Iabloko. Il y avait également des drapeaux impériaux, des drapeaux de couleur noir-jaune-blanc, et des bannières de la «Ligue des électeurs», créée, il n'y a pas si longtemps. Et évidemment, des drapeaux russes tricolores complétaient le défilé.
Vers 13 heures (heure de Moscou), l’heure du début officiel de la marche vers la place Bolotnaïa, la rue Bolshaïa Iakimanka était remplie de monde, avec à la tête de la colonne – le candidat aux élections présidentielles Mikhaïl Prokhorov. Le froid ne lui a pas fait peur. «Quand je vivais à Norilsk, il y avait un par moments des froids encore plus sévères», se souvient le milliardaire. «Je préfère être avec mes citoyens et mes électeurs aujourd’hui».
Le meeting sur la place Bolotnaïa a commencé vers 14 heures (heure de Moscou). Sur la tribune sont apparus des orateurs connus pour leur vision libérale: le journaliste Leonid Parfenov, le leader de l'opposition Sergueï Oudaltsov, le député Guennadi Goudkov, la militante pour la défense de la forêt de Khimki Evguenia Tchirikova et le candidat à la présidence qui n’a pas réussi à enregistrer sa candidature Grigori Iavlinski. Les participants à la manifestation ont demandé la démission du premier ministre Vladimir Poutine, la libération des prisonniers politiques, une nouvelle élection à la Douma d’Etat, et l’enregistrement de Iavlinski en tant que candidat aux élections présidentielles du 4 mars prochain. Les participants ont adopté une résolution qui appelle à ne pas voter pour Poutine et exiger la démission du chef de la Commission électorale centrale (CEC) Vladimir Tchourov. Leurs discours étaient mélangés avec des performances de musiciens, notamment le groupe DDT et l'ensemble d’une division de parachutistes devenus connus sur Internet grâce à la chanson «Personne d'autre que nous».
En contrepartie à cette manifestation de l'opposition, les militants du pouvoir actuel ont organisé leur propre manifestation sur le mont Poklonnaïa. Les défenseurs du mouvement «anti-orange » étaient beaucoup plus nombreux qu’on ne l’attendait. Au lieu de 15.000 manifestants attendus, 138.000 personnes se sont réunies pour participer à cette manifestation. Cela a valu une amende aux organisateurs de l’événement. Selon les informations de la Direction générale de l’Intérieur, un protocole pour avoir dépassé le nombre de personnes participant à la manifestation, les condamnant à une amende, leur a été remis.
Auparavant, des informations concernant le recrutement des manifestants pour le rassemblement sur le mont Poklonnaïa auprès des organisations budgétaires ont circulé dans les médias. En effet, on pouvait apercevoir dans la foule de personnes habillées avec des uniformes des différents organismes gouvernementaux. Mais ils ont tous déclaré qu’ils sont descendus dans les rues de leur propre initiative. «Nous nous soucions du sort de notre pays», ont-ils souligné.
«Nous avons de quoi perdre», «Non à l’effondrement de la Russie», «La peste orange ne passera pas», «Le Président par accident – une Russie par accident» - scandaient les participants. Les personnes qui parlaient en appelaient à ceux, qui se sont réunis en même temps sur la place Bolotnaïa. Malgré le fait que l'opposition ait choisi le blanc comme couleur principale du mouvement, ils étaient appelés d’ «oranges » pour leur idéologie. «Les oranges veulent dicter leur volonté à 150 millions de personnes, en tentant de faire sortir la foule dans les rues. Qu’ils voient combien de personnes sont sorties manifester contre eux. S’il le faut, nous en feront sortir encore plus», a déclaré lors du rassemblement le chef du mouvement, politologue et activiste social Sergueï Kourginian.
«Les oranges disent qu’ils vont battre Vladimir Poutine, mais ils sont en train de battre l'Etat russe», a déclaré, à son tour l’écrivain Alexandre Prokhanov.
Un autre participant du rassemblement sur le mont Poklonnaïa Maxime Shevtchenko a exprimé sa confiance que le mouvement «orange» «n’est qu’une falsification américaine». «Nous allons décider nous-mêmes qui sera notre président» - a-t-il dit.
Les discours des participants de la manifestation ont eu une certaine résonnance auprès du public. Les gens réunis devant la tribune applaudissaient activement, scandant des slogans et exprimant leur approbation concernant le pouvoir en place. Mais la situation générale, en dépit de cet afflux de personnes, était calme.
Les deux rassemblements se sont terminés vers 15 heures. La police a noté une très bonne organisation des deux événements, et les manifestants ont déclaré une attitude correcte des officiers de police. Quant aux ambulanciers, ils ont fait état de plusieurs disaient de citoyens hospitalisés, victimes de gelures légères et de l'hypothermie.
Diaporama: Les manifestations du 4 février