«Qu'est-ce qui est le citoyen ? C'est le digne fils de sa patrie », écrivait le poète russe Nikolaï Nekrassov. C'est, par exemple, le cas de Kouzma Minine, un échevin de Nijni Novgorod, qui, à côté du prince Dmitri Pojarski, a soulevé Moscou contre les Polonais. Bien des années plus tard, après la révolution de février 1917, le mot «citoyen» s'est substitué à toutes les formules d'appel ce qui a constitué le premier signe de la suppression des classes sociales.
Cependant seulement neuf mois plus tard, après la révolution d’octobre de la même année, c'est «camarade» («tovarisch») qui est devenu la seule formule d'appel alors que « citoyen » a acquis une connotation vaguement négative pour les soixante-dix années suivantes. C'était désormais la formule utilisée par les prisonniers dans les maisons d'arrêt et camps de travail pour s’adresser aux enquêteurs et gardiens. En liberté, employer «citoyen» au lieu de «camarade» était chargé d'une certaine menace.
Aujourd'hui les deux formules ne sont quasiment plus utilisées dans la langue courante. Mais le terme «citoyen» a su conserver sa signification d'origine. Qu'est-ce qui est le citoyen ? C'est, avant tout, une personne qui s’intéresse aux problèmes du monde et du pays dans lequel il vit, explique le directeur du Centre russe de psychologie appliquée, Sergueï Klutchnikov.
«C'est celui qui est capable de réaliser ses droits électorales. Celui qui va protester, si, par exemple, un forêt près de chez lui est coupé. Bien sûr, la notion est très large. Mais le trait caractéristique, c'est l'intérêt porté à ce qui se passe dans son pays et dans le monde».
Selon le philosophe grec Aristote, avant d'analyser la notion d'Etat il faut préciser ce que revêt la notion de citoyen. L'Etat est un ensemble de citoyens, affirmait-il. Sa raison d'être est de donner à ces derniers une vie heureuse ce qui n'est possible que si le civisme est roi dans la société.