Dans le quartier général de la Ligue Arabe, on l’explique par la montée de la violence en Syrie - personne ne peut garantir la sécurité des observateurs. Mais, les représentants de la Ligue se trouvent justement dans le pays pour faire un tableau objectif des événements, et, en principe, ils savaient où ils allaient. Les pouvoirs de Syrie ont accueilli avec surprise la décision de suspendre le monitoring. Damas a considéré ces actions comme une tentative d'influencer la discussion dans le Conseil de Sécurité de l'ONU, où ces derniers jours il y a un débat actif autour de la question syrienne. Mardi, le secrétaire général de la Ligue Arabe Nabil el-Arabi a l'intention de présenter au CS de l'ONU les nouvelles initiatives sur le règlement de la crise syrienne.
À en juger par les faits, elles seront fondées sur le projet de résolution que la délégation du Maroc a présenté au Conseil de Sécurité. La Russie a rejeté cette variante qui prend en compte les initiatives de la Ligue Arabe puisqu’elle contient le point sur la transmission du pouvoir du président Bachar al-Assad au vice-président et sur l'introduction des sanctions économiques contre la Syrie. Moscou se prononce catégoriquement contre l'ingérence dans les affaires intérieures de Syrie et insiste qu’il ne faut absolument pas créer des prétextes artificiels pour l'intervention. D'autant plus que dans le Conseil de Sécurité, depuis longtemps déjà, se trouve le projet de résolution élaboré par la Russie avec le soutien de la Chine et des pays du BRICS. Il y est dit, en particulier, qu’il faut cesser toute violence, il contient un appel au dialogue intra-national, excluant toute pression extérieure. Voici comme le chef du Ministère des Affaires étrangères de Russie Sergei Lavrov a exposé l’attitude de l'Ouest envers le projet russe.
«Pour nos partenaires occidentaux, il est inacceptable. Ils ont dit ouvertement qu'il semblait attribuer la responsabilité à deux parties du conflit. Et eux, ils veulent responsabiliser, avant tout, le gouvernement. Soi-disant, dès que le gouvernement cessera de tirer, tout reviendra en ordre et le dialogue commencera. Mais on n’a pas besoin d’expliquer que c'est une approche trop simplifiée, c’est évident. Même en observant les images des événements en Syrie qui sont montrées à la télé, on peut voir que là, des forces sérieuses soutiennent l'opposition contre les troupes gouvernementales et contre la police. C'est pourquoi dans le projet russe, on a mis pour base la conception qui est valable dans une grande mesure, et peut-être même devient plus actuelle encore. C’est que les groupes armés deviennent de plus en plus nombreux, ils sont de mieux en mieux armés. Le trafic des armes a lieu. Il faut donc le prendre en compte».
Voilà pourquoi le chef du département russe de politique extérieure a exprimé cette opinion: il faut tirer au clair la situation avec la mission des observateurs de la Ligue Arabe à la veille du rapport du chef de l’organisation au Conseil de sécurité de l'ONU. Au lieu d'affermir le monitoring et d’augmenter la quantité d'observateurs, leur activité est suspendue. Le but principal de Moscou est de ne pas admettre la répétition du scénario libyen. Ne serait-ce que parce que l'intervention de l'Occident n'a pas amené à la consolidation. La Libye sombre de plus en plus dans le gouffre de la guerre civile et du désaccord intertribal. À Moscou, on espère qu'en Syrie, il reste encore une possibilité d'éviter un développement aussi tragique des événements.