La ville de Kassimov au croisement de cultures

La ville de Kassimov au croisement de cultures
La ville de Kassimov au croisement de cultures - Sputnik Afrique
S'abonner
La Voix de la Russie poursuit son cycle d’émissions consacré aux cités russes anciennes, centres du tourisme international. Nous vous ferons visiter aujourd’hui la bourgade de Kassimov de la région de Riazan, située à 260 km au sud-est de Moscou sur la rivière Oka.
Fondée en 1152 par le célèbre prince Iouri Dolgorouki, la cité portait initialement le nom de Gorodets-sur-Metchora. Il faut certainement plus d’une journée pour visiter Kassimov parce que les touristes y découvrent un détail qui détonne sur le fond typiquement russe. C’est que … une mosquée surmontée de son minaret se tient au beau milieu de la ville. Elle fut érigée au XVIIIe siècle sur l’emplacement d’une mosquée du XVe siècle. Le minaret date de cette époque. Sa silhouette cylindrique massive en pierre blanche surmontée d’un dôme est très expressive. Un escalier en colimaçon conduit à son sommet d’où s’ouvre une vue magnifique sur Kassimov et ses environs.

La période qui se situe entre le milieu du XVe et la fin du XVIIe siècle forme une époque à part dans l’histoire de la ville. En 1452 le Grand Prince Vassili II offrit Kassimov au tsarévitch Kassim qui avait fui Kazan pour servir avec dévouement sa nouvelle patrie. Vassili II fait habilement joue la carte politique en proclamant la ville capitale d’un khanat tatare allié de Moscou. La bourgade change même de nom en l’honneur du nouveau khan Kassim et se voir accorder tous les droits d’une principauté apanagée, le khanat en l’occurrence. C’est comme ça que la mosquée avec son minaret, a surgi sur la rive de l’Oka en milieu d’églises orthodoxes. En plus de deux siècles de son histoire, les deux cultures (russe et tatare) avaient eu le temps de former une véritable synthèse. Le minaret abrite de nos jours une exposition du musée ethnographique de Kassimov qui retrace l’histoire des Tatares de Kassimov, raconte la directrice du musée Elena Balakina:

On peut y voir des objets de la vie de tous les jours, des vêtements et certaines décorations intérieures. La deuxième salle est consacrée au rite de namas et reproduit les décors d’une mosquée. On peut y voir le mihrab (la renflement dans le mur qui donne la direction du cibla et de la ville de Mecque) avec la place du mollah, si bien que les visiteurs peuvent voir tous les détails de la cérémonie religieuse.

Le musée propose également une collection de cuirasses, de vêtements, de couvre-chefs et de bottes de cavalier en peau de couleur ainsi qu’un grand nombre d’articles de bijouterie sertis de malachite, de turquoise et de jaspe et de pendentifs faits de pièces de monnaie en or et en argent. Deux mausolées : celui de Chah Ali Khan du XVIe siècle et d’Afghan Mohammed Sultan du XVIIe siècle se sont préservés à Kassimov. Le mausolée du 16 e siècle tout en pierre blanche est fait dans un style musulman national. Par contre, celui d’Afghan Mohammed Sultan, la forme non russe est traitée dans le style architectural russe, surtout quand on voit l’entrée, les embrasures de fenêtres, les pilastres et les corniches qui sont autant de détails propres à l’architecture russe du XVIIe siècle. Ce sont par ailleurs, les seules constructions en pierre datant de cette époque à Kassimov et la plus anciennes des églises toujours debout, celle de la Présentation du Christ remonte à l’an 1700. L’histoire tartare de Kassimov s’arrête à la fin du XVIIe siècle avec la mort de sa dernière souveraine au nom de Fatima Sultan.

Sous Pierre le Grand la ville perd son indépendance pour devenir partie intégrante de la province de Pereslavl Riazanski. Ivan Balakirev, homme de confiance du tsar et originaire d’une vieille famille de noblesse, est devenu le dernier souverain de Kassimov. Sous la plume de l’écrivain Polevoï, il est entré dans l’histoire comme le bouffon de la cour du tsar. Un jour le tsar a fait un séjour à Kassimov en compagnie de Balakirev. Ayant appris que la place du gouverneur de la ville était vacante, il a demandé au tsar l’autorisation de se faire appeler Khan de Kassimov. Ce titre n’avait d’abord rien d’officiel mais à la mort de Pierre le Grand Catherine I a accordé à Balakirev le droit de propriété des ex-domaines des souverains de Kassimov et le titre on ne peut plus officiel de « tsar de Kassimov ». C’est ici que Balakirev s’éteignit et fut inhumé derrière l’autel de l’église de la Présentation du Christ.

Kassimov a à juste titre l’aspect d’une ville des domaines des marchands du début du 19 e siècle. C’est un style architectural particulier combinant des éléments du classicisme, du style empire et de manoir rural, explique Elena Balakina:

Il est difficile d’en dégager un style unique plus ou moins homogène. On peut, par exemple, relever l’ensemble de la place de la cathédrale de l’Exaltation avec ses bâtiments du XIXe siècle, bâtiments administratifs et quelques hôtels particuliers. Cette place est unique parce qu’elle a été bâtie sur les plans de l’architecte autodidacte Ivan Gaguine et demeure inchangée depuis le XIXe siècle.

On peut passer la nuit à Kassimov dans le sympathique petit hôtel sous le nom de « Forge ». La chambre double vous reviendra à $50 en moyenne.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала