Le voyage de travail de Lavrov à travers des pays de l’APEC a débuté au Japon. Tokyo est un des grands partenaires de la Russie dans la région avec qui elle le plus de dissensions. C’est pour cette raison que le volet japonais de la tournée attire la plus grande attention. Il est significatif qu’un tremblement de terre de magnitude 5 ait eu lieu à 40 minutes de l’atterrissage de l’avion du ministre à l’aéroport de Tokyo. La ville elle-même est ces jours-ci le théâtre des actions lancées par les forces de droite qui appellent la Russie à restituer les Kouriles du Sud revendiqués par le Japon. On sait que ces îles font partie intégrante de la Russie, le fait qui est fixé par les traités internationaux et la Charte de l’ONU. Pourtant, en dépit de ces actions, les deux diplomates paraissaient très enthousiastes. Monsieur Gemba s’est félicité de la visite de son collègue en notant que le beau temps s’est installé à cette occasion à Tokyo.
Les pourparlers ont abouti à la signature d’un accord intergouvernemental sur l’allègement du régime des visas. Ce document est appelé à « donner une nouvelle impulsion » aux contacts scientifiques, culturels et sociaux. Désormais on a plus besoin d’invitation pour obtenir un visa pour un voyage d’affaires. Les parties s’engagent également à introduire les visas multiples pour une durée de 3 ans.
Dans le même temps, la question du traité de paix entre la Russie et le Japon a été traditionnellement soulevée lors du point de presse. Le chef de la diplomatie russe a noté « que les parties interprétaient pour le moment différemment les principes d’un tel accord international mais avançaient progressivement dans ce sens », Selon le ministre, le dialogue doit être mené dans un esprit constructif et dans une ambiance de calme, sans succomber aux émotions et sans polémique publique. « Il faut créer une ambiance propice à ce genre de débats, ce qui est possible si on engage des partenariats étroits à la fois économiques, scientifiques et culturels », a ajouté Lavrov. « Le Japon peut se joindre à la Russie dans la mise en valeur économiques des Kouriles du Sud russes », a précisé Lavrov.
En ce qui concerne la coopération économique, je tiens à souligner que les dirigeants russes déploient en ce moment des efforts considérables pour assurer l’essor économique et social de cette région russe. Il va de soi que les projets communs avec nos partenaires étrangers et avant tout le Japon, seraient les bienvenus. Je pense qu’il s’agit principalement de pêche, d’agriculture et du tourisme. La législation russe favorise au maximum ce genre de projets.
A son tour, Koitiro Gemba a déclaré que la conclusion du traité de paix s’imposait pour développer les rapports d’amitié. « Les divergences restent considérables mais l’atmosphère tend à s’améliorer et les parties en sont conscientes », a dit en conclusion le chef de la diplomatie nippone.
Les deux ministres se sont également penchés sur le programme nucléaire nord-coréen. Le diplomate nippon a fait remarquer que la situation évoluait dans le bon sens mais que des rechutes pouvaient se produire à tout moment. Selon Sergueï Lavrov, la pause dans les négociations à six à la suite du décès du leader nord-coréen Kim Jong-Il devrait prochainement prendre fin. Pyongyang est prêt à revenir à la table des négociations, a souligné le diplomate russe après avoir noté que les pourparlers russo-japonais en cours devaient permettre de créer une ambiance positive et qualitativement nouvelle qui s’était créée entre les deux pays au cours de l’année dernière. Il convient de rappeler que les événements de mars 2011 et la rapidité de la réaction russe qui a répondu à l’appel du Japon de lui venir en aide pour effacer les conséquences de l’incident du Fukushima, a servi de prétexte pour amorcer un rapprochement entre Moscou et Tokyo. Les leaders des deux pays ont proposé en novembre dernier dans le cadre du sommet de l’APEC un train des mesures visant à raffermir les liens bilatéraux. La visite de Sergueï Lavrov a pour vocation d’établir une feuille de route entre la Russie et le Japon pour 2012.