C’est alors que les citadins l’ont surnommé Khatiko en hommage au fameux chien japonais qui n’a cessé d’attendre pendant 9 ans son maître foudroyé par un infarctus. Alla Komarenko, la directrice du Fonds municipal d’assistance aux animaux, a parlé à la Voix de la Russie de la suite de cette histoire.
«Le dévouement sans limites de ce chien a touché grâce aux médias le cœur des millions de gens en Russie et dans le monde. Fin décembre dernier les passagers de l’aéroport de Yakoutsk ont été les premiers à remarquer ce chien fidèle. Il restait jours et nuit par un froid inclément près du corps de son amie non loin de l’aérogare. Sa copine, une femelle husky, a été empoisonnée par les soi-disant «chasseurs de chiens» qui s’en prennent aux animaux errants. Les deux animaux avaient grandi ensemble et c’est ensemble qu’ils gardaient les garages. Sa copine enterrée, le chien refusait de quitter le lieu de sa mort».
A la veille du Nouvel an, après les menaces d’empoisonner Khatiko à son tour, la directrice du Fond de protection des animaux de Yakoutsk Alla Komarenko a placé le chien dans un enclos à côté de sa maison. Âgé de 3 ans, Khatiko semble sortir de la dépression provoquée par la mort de sa copine, constate l’écologiste.
«Les changements sont évidents. Il est redevenu tranquille et ne craint que la foule de gens et les objectifs de caméras. Nous avons à Yakoutsk un service d’urgence et nous venons souvent soigner les animaux blessés par armes à feu. Ils prennent peur quand les caméras et les appareils photos sont braqués sur eux après ce qui leur est arrivé. Par contre, les chiens fauchés par les voitures supportent bien d’être filmés et ne tentent pas de s’enfuir. J’en conclus que Khatiko avait soit vu des hommes tirer sur les chiens, soit avait lui-même évité ce sort de justesse».
«Ce chien est très bon, - poursuit Alla Komarenko, - il prend plaisir à jouer avec mon fils âgé de 8 ans, protège douze chiots que j’héberge et s’est lié d’amitié avec les autres chiens y compris les malades».
Comme c’est un chien bâtard, Khatiko a du mal à trouver un maître. Voyant un chien bâtard, les gens ont pour premier réflexe de l’attacher à une chaîne afin qu’il garde la maison et ne comprennent pas pourquoi je refuse de leur confier l’animal. Khatiko aime la liberté et mérite mieux, - estime Alla Komarenko.
«Il va languir dans un appartement. Son maître doit le promener le plus longtemps possible et l’amener en été à la campagne, exactement comme je fais avec mes animaux qui sont le plus souvent affligés de maladies. Pour que les soins se révèlent efficaces, il faut les traiter comme s’ils étaient à vous».
«Khatiko a tout pour devenir un compagnon fidèle pour son maître et toute sa famille y compris les enfants, - est convaincue Alla Komarenko. Si toutefois, on ne parvient pas à lui trouver un bon maître, il restera chez la protectrice des animaux qui ne doute pas qu’il trouvera absolument un nouvel amour et aura une vie heureuse».