Le Premier ministre de Turquie Tayip Erdogan a, pour sa part, accusé la France de génocide des Algériens. Son homologue algérien Ahmed Ouyahia a demandé à Ankara de ne pas s’inquiéter à ce sujet.
Paris observe cependant une pause et n’a même pas réagi au changement du nom de la rue de Paris à Ankara, où se trouve l’ambassade française, devenue d’Algérie. Est restée de même sans réaction de Paris l’information d’Ankara qu’un monument aux victimes du peuple algérien sera édifié à côté de l’ambassade française, que la rue Charles de Gaulle sera rebaptisée dès qu’on aura choisi une figure marquante de la résistance algérienne à la colonisation française.
Les autorités de Turquie commettent une grossière erreur, estime le professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg Alexandre Sotnitchenko.
«C’est une erreur politique des autorités turques. L’Algérie et la France se sont depuis longtemps entendues au sujet des accusations mutuelles. La France a mené longtemps la guerre en Algérie. L’Algérie a conquis son indépendance au terme de longues années d’une guerre de libération. Les parties ont établi des liens politiques, économiques et culturels solides et n’entendent pas les soumettre à une quelconque révision. Pour ce qui est du génocide des Arméniens, c’est l’une des questions prioritaires en Turquie. Elle est devenue presque l’un des principaux obstacles à son adhésion à l’UE. L’Europe a déjà en somme pris position contre l’entrée de la Turquie. Nicolas Sarkozy a voulu jouer une fois de plus sur l’euroscepticisme en prévision des présidentielles en France».
Le projet de loi en question a été déjà voté par l’Assemblée Nationale. Les hommes politiques français ont besoin des voix de la diaspora arménienne, influente dans le pays et la plus nombreuse en Europe. En France il y a de même beaucoup de ressortissants algériens. Et c’est encore une raison pourquoi Paris a laissé sans réaction la « réponse symétrique » d’Ankara. Voici ce qu’a noté le politologue Stanislav Tarassov.
«La Turquie a décidé de jouer la carte algérienne. Et cela a mal tombé, puisque l’Algérie a su donner une réponse compétente. La France ne va pas y intervenir. Si demain la Turquie va donner des leçons de démocratie à l’Egypte, elle obtiendra une réponse de l’Egypte. Et d’ailleurs dans le cas de Tunisie c’est pareil. Ces pays donneront à comprendre qu’il ne faut pas jouer des cartes des autres. Surtout que la vague de reconnaissance du génocide des Arméniens s’étend en Europe».
Au cours de la Première guerre mondiale l’Empire Ottoman, auquel la Turquie contemporaine a succédé, combattait du côté de l’Allemagne contre l’Angleterre, la France et la Russie. Les autorités impériales n’ont pas alors réussi à attirer de leur côté les Arméniens, qui ont soutenu la Russie. Après cela une extermination méthodique de la population arménienne a commencé. Près d’un million et demi d’Arméniens ont été massacrés – la moitié du peuple arménien à l’époque. La Turquie qualifie ce chiffre d’exagéré et assure qu’il ne s’agissait pas d’un génocide. D’après elle, les deux parties subissaient des pertes qui étaient liées à l’insurrection armée des Arméniens. A ce jour 20 pays, dont la Russie, et plusieurs organisations internationales reconnaissent le génocide des Arméniens.