La vie politique française cette année a commencé par un duel verbal entre les deux adversaires principaux – François Holland et le camp de Nicolas Sarkozy. C’est le candidat de gauche qui a jeté le gant et a fait passer la bataille à l’offensive. Cent dix jours avant le premier tour de la présidentielle il s’est adressé aux Français. La couverture du quotidien Libération a été choisie comme une tribune pour son discours intitulé «Les changement, c’est maintenant». «Les Français souffrent» - presqu’au début déclame le candidat, en décrivant l’image désolante de la vie en France. Selon lui, un pays puissant est devenu «abaissé, affaibli, abîmé et dégradé» sous la pression du chômage, de la hausse des prix et des taxes tandis que la dépression économique est toujours là. Il met en lumière directement la responsabilité sur son rival, Nicolas Sarkozy: «Il y a donc la responsabilité personnelle de celui qui est au sommet de l’Etat depuis cinq ans», en ajoutant plus bas que cette période «été la présidence de la parole » et que Sarkozy, c’est «le président des privilégiées». François Hollande se présente, en revanche, comme celui qui sait comment agir pour «redonner à la France l’espoir». En même temps dans sa lettre il ne propose que des paroles générales telles que la vérité, la volonté, la justice et l’espérance devant se placer à la base de grands changements. Vers la fin de son discours monsieur Hollande souligne encore une fois son ambition à déloger une droite accrochée à son pouvoir et liée aux puissances de l’argent et se dit prêt à devenir le Président de la République.
La réaction de la droite ne s’est pas fait attendre. D’ailleurs Nicolas Sarkozy, qui n’est toujours pas officiellement candidat, fait semblant de ne pas remarquer les quelconques piqûres: en s’occupant avec ses obligations présidentielles, il avait bien délégué le sale boulot à son entourage. Le secrétaire générale de l’UMP, Jean-François Copé a exposé la vision de son parti sur le texte de François Hollande qu’il juge vide de propositions.
Je veux vous donner brièvement mes sentiments sur ce texte. D’abord deux plaines pages de Libération avec une couverture massive à la Une, qui n’a rien à envier aux tracts que nous pourrions écrire les uns et les autres, pour les distribuer aux français. Au moins on peut dire qu’en terme de forme les moyens ont été mis. Et je me réjouis parce que ça permet de voir d’autant plus clairement la réalité des choses. Et la réalité des choses en ce qui concerne la démarche de François Hollande c’est : l’imposture continue. François Hollande a décidé de construire jour après jour le piège dans lequel il veut enfermer les français. Et ce piège en clair consiste à essayer pendant tous ces mois de campagne, il nous en reste cinq, à ne rien dire d’important ni de concret aux français sur ce qu’il souhaite pour la France.
Mais la discussion s’est vite transposée dans une autre dimension, celle de la familiarité. François Hollande, attablé avec quelques journalistes pour un repas, dans ses révélation en peut trop ouverte a nommé le chef d’Etat «un président en échec» et «un sale mec». Cette petite phrase est sortie immédiatement de la table pour devenir un véritable régal pour la droite. Les ministres et les hommes politiques de l’UMP de tous les échelons ont riposté à l’unisson pour dénoncer la supposée "injure" faite au président et même pour demander des «excuses publique». François Hollande a appelé ses adversaires aux débats à un autre niveau.
Ça suffit. Je n’accepte pas des polémiques incessantes venant de l’UMP. Aujourd’hui, à partir d’une manipulation de mes propos ; hier, à partir de la déclaration que j’ai pu faire ; avant-hier, à partir de la proposition. Il y a une exigence de la responsabilité et de la dignité. Ce que j’ai à dire à Nicolas Sarkozy je le dis publiquement, directement, avec mes mots, et sans intermédiaire. Et je le dis devant les français. Donc ce climat là, cette ambiance là, je ne veux pas qu’ils se poursuivent. Et en tous cas, pour ce qui me concerne, je placerai le débat public au bon niveau.